Brûlante nostalgie
Le power metal français existerait-il encore ? C'est ce que les Normands de Hopes of Freedom semblent vouloir nous faire passer comme message avec ce second brûlot Burning Skyfall paru en janvier chez Brennus Music. Fort d'une touche folk et épique des plus attrayante, le quatuor semble prêt à imposer son style avec un nouvel opus mêlant fraîcheur et nostalgie d'un genre tombé pour beaucoup dans un oubli certain.
Ce n'est sans aucune surprise d'ailleurs que l'ombre d'un certain Rhapsody old school semble planer sur les compositions d'un Hopes of Freedom plutôt concerné et appliqué que ce soit sur les compositions ou sur l'exécution technique. Mais pourtant nous ne pouvons absolument pas réduire le combo à cela, ni même aux autres influences prenant leur base chez les rois Iron Maiden. Le but est ici de faire une musique efficace mais qui raconte également une histoire, à base de héros et de dragon crachant du feu, bref vous l'aurez compris dans le domaine heroic fantasy. Point intéressant même si peu original, le côté storyline étant déroulé de façon intelligente avec des tonalités bien marquées sur chaque morceau faisant peu à peu basculer le disque vers une nostalgie voire mélancolie prenante.
Pourtant, tout commence normalement disons, avec une introduction à mis chemin entre Lord of the Rings et Braveheart accompagnée d'une cornemuse qui nous lance sur les traces des deux tubes de l'opus : "Hearts in Unison" et le single "Oft Go Astray". Beaucoup d'entrain et de plaisir à l'écoute de ces premiers morceaux, rappelant tantôt Power Quest tantôt Mägo de Oz, entraînants à souhaits dans leurs mélodies et refrains, et aux guitares bien harmonisées de Thibault Mennart et Lucas Lambert. Ce dernier, officiant aussi au chant, nous propose une voix assez rare dans le genre qui a le mérite d'imposer la vraie signature du groupe à défaut d'être spectaculaire ou haut perchée.
A partir de là, on se dit que l'album aura du mal à tenir sur la durée, à moins que les jeunes gens ne soient des génies de la création du tube power qui reste bien en tête. L'impression de tourner en rond sera cependant amoindrie car très vite Hopes of Freedom fait défiler son savoir faire en variant un peu ses structures, comme cet "In Agony" doté d'un break que Maiden n'aurait pas renié. Peu à peu, l'aventure s'emballe, "Human Era" se fait plus nerveux dans ses riffs et s'axe plus autour de son instrumentalisation que sur ses passages chantés, quant à "Blood Addiction" elle touche plus au heavy mid tempo en assombrissant le propos.
Ainsi, la fin du disque s'avère moins accrocheuse mais non moins intéressante. Si "New Dawn" a du mal à convaincre dans l'absolu, habillée qui plus est d'une narration au ton très kitsch (mais compréhensible vu le concept), "My Shattering Burden" se révèle comme l'une des pièces maîtresses de l'ensemble de part son refrain épique rappelant les belles heures Fairyland (autre groupe français du genre) et sa cohérence globale avec une histoire qui semble tout sauf joyeuse. Reste la grande conclusion "Mother Firedrake" avec ses hauts et ses bas, plutôt réussie au final mais un poil répétitive sur son refrain et qui ne justifie peut-être pas complètement ses 11 minutes. Pourtant, son entame est parfaitement grandiose, même si très inspirée par les travaux d'Howard Shore sur la saga que vous savez.
Si on excepte un ultime morceau quelque peu décalé avec ce qui aurait musicalement dû être le grand final, mais certainement présent ici en tant que "twist ultime", Hopes of Freedom réussit son pari de nous conter une histoire musicale plutôt riche. Il est vrai qu'on aurait aimé une production parfois plus équilibrée ou puissante afin d'enfoncer le clou, mais les moyens étant ce qu'ils sont on se contentera volontier d'un résultat final prometteur qui place Hopes of Freedom dans les groupes nationaux à suivre dans le giron du power/folk/épique.
