Formé sur les cendres de FORCEPS, THE PREGNANT DANCERS s’éloigne de la sphère métallique pour laisser libre cours à d’autres influences. C’est d’avantage du côté du Noise Rock et du Shoegazing que lorgne la formation, qui sort son premier EP en autoproduction, disponible sur leur Bandcamp (où vous pourrez écouter le dit EP en intégralité). 5 titres et un remix, de quoi se faire une idée du potentiel du quatuor. Aura-t on droit à un ersatz de plus mélangeant maladroitement des influences mal digérées déjà vues et entendues des milliards de fois (et un clone de RADIOHEAD avec 3 louches de SIGUR ROS de plus, un !) ou à une idée originale et un projet qui, sans chercher à révolutionner le monde, a des choses à apporter ? Malgré quelques défauts, c’est bien du second côté que penche la balance.
« New York City » penche clairement vers SONIC YOUTH, avec ses riffs noisy répétés, sa rythmique volontairement simpliste et sa voix de junkie délabrée. La mélopée se poursuit le long de chemins de traverse, en l’occurrence de petits effets ajoutés ici et là, de légères variations, des chœurs fantomatiques entêtants, qui font qu’on se laisse agréablement porter par la mélodie, sans qu’on puisse toutefois crier au génie. Mais crier au génie, d’une part c’est rare, d’autre part c’est se montrer bien trop exigeant avec la première production d’un projet qui se cherche encore.
Finalement, c’est bien là que le bât blesse un peu en fin de compte, on a le sentiment que THE PREGNANT DANCERS se cherche encore, ne sachant pas encore bien à quel saint se vouer. Ainsi, « Disappear » se rapproche plus du shoegazing, terme barbare inventé par les journalistes pour décrire la musique de SLOWDIVE et ses confrères. Plus mélodique, toujours minimaliste, la transition est bonne et bien qu’on sente les influences, les musiciens ont suffisamment de ressources pour éviter de tomber dans le plagiat.
« Falling Stars » a beau être magnifique, on sent largement poindre l’influence de SIGUR ROS, notamment avec ces voix venues d’ailleurs qui ouvrent le morceau, et de nombreuses formations de post-rock. Post-rock, autre terme barbare qui désigne une mouvance très intéressante au sein de laquelle beaucoup d’artistes en viennent malheureusement à faire plus ou moins la même chose. L’exécution est impeccable : ouverture onirique, un accord de guitare tout en délicatesse démarre sur un rythme épuré, avant que l’intensité ne monte peu à peu alors que les guitares électriques viennent se mêler à la mélopée et que la voix ne vienne se poser sur l’ensemble. Magnifique, mais une fois de plus, rien de bien original.
De par sa courte durée, « Happiness » fait davantage office de transition que demorceau à part entière, transition vers le morceau de bravoure de cet EP, « Rebirth », qui l’air de rien tape dans les 13 minutes quand même. Vous me direz, si c’est nul, ils auraient pu faire plus court. Certes, mais si c’est bien ? Pour l’occasion, les PREGNANT DANCERS se tournent de nouveau vers leurs influences noisy. C’est donc dans un tourbillon hypnotique qu’entraîne ce dernier morceau, les riffs répétés sur fond de boucle électro tournent et retournent alors que les guitares se superposent, s’entrecroisent, reviennent puis repartent… Il y a de l’idée, même si le tout est quand même un peu longuet.
Assez ironiquement, le remix de « New York City », qui clôt cet EP, est peut-être le plus intéressant du lot. Tranchant clairement avec l’original, celui-ci est bien plus électronique et réussit ce qu’aucun titre n’était véritablement parvenu à faire auparavant, à savoir réunir de façon harmonieuse les différentes influences du projet en un seul morceau. Tourbillon hypnotique de près de 10 minutes cette fois-ci suffisamment varié pour que l’on ne s’ennuie pas une seconde, piochant aussi bien du côté de l’électronique que de SIGUR ROS, NEW ORDER ou du shoegazing, on a là une véritable réussite.
THE PREGNANT DANCERS possède un savoir-faire indéniable, mais ne parvient donc qu’épisodiquement à retranscrire ses intentions en musique. Encore une fois, il est particulièrement ironique de constater que le seul morceau sur lequel les influences sont parfaitement digérées est un remix. En l’état, chaque titre paraît trop éloigné des autres (et encore trop proche de ses influences) pour que l’on ressente une unité. Parvenir à définir leur identité de façon plus nette, c’est tout le mal qu’on souhaite au projet.