Petit rappel pour ceux qui auraient raté le début de l‘histoire. Freakwater est un combo dans le style country rock dans la mouvance de la famille Carter. Leur premier album éponyme est sorti en 1989. Le groupe est emmené par deux chanteuses, Catherine Irwin and Janet Bean. Leur album de 1993, Feels Like The Third Time sur le label américain Thrill Jockey a connu le succès dans le monde de la country alternative.
Scheherazade, 8ème album de Freakwater est le premier depuis 10 ans de silence radio. Après quelques velléités de reformation pour célébrer en 2014 les 20 ans de Feels Like The Third Time, les deux songwriters ont retrouvé l’envie et l’inspiration. Avec l’aide de Kevin Ratterman (ingé son pour My Morning Jacket) les voila repartis en studio à Louisville. Coté invités, y à pléthore : Ellkington (Tweedy, Horse’s Ha, Eleventh Dream Day), à la pedal steel et mandoline, Evan Patterson (Young Widows, Jaye Jayle), à la guitare électrique, Warren Ellis (Dirty Three, Nick Cave) à la flute alto, Sarah Balliet (Murder By Death) au violoncelle et Morgan Geer (Drunken Prayer) aussi à la guitare électrique.
Freakwater en 2015 - Photo : Tim Furnish
C’est les gars du label Bloodshot Records qui sont allés les sortir de leur retraite. Et force est de constater qu’avec cet album, le combo est toujours animé par la même foi qu’il y a 25 ans.
"What The People Want" nous invite dans un trip planant dans l’Amérique profonde. De très belles harmonies vocales posées sur un fond country psychédélique. Les violons s’invitent accompagnés de banjos. C’est planant à souhait.
Encore très country, à tendance hippie, "Bolshevik and Bollweevil". Les deux voix féminines qui se répondent livrent une country apaisante. C’est beau, les mélodies sont soignées et magnifiquement interprétées.
"Velveteen Matador" est encore un titre cool où les vocalistes font mouche. Une guitare slide assure un arrière plan intéressant pour les mettre en orbite.
"Falls Of Sleep" revient dans un style country beaucoup plus soft avec des arrangements de cordes avec violons. C’est joli mais on s’éloigne du rock 'n' roll auquel nous sommes habitués chez Bloodshot Records. Avec "The Asp And The Albatross", on est clairement dans le registre country. C’est beau à écouter mais attention question joie de vivre, on peut trouver mieux. Idéal pour pleurer des larmes dans sa bière surtout sur les parties de slide.
De jolis arpèges doublés par de gros accords distordus nous attendent dans "Down Will Come Baby". Un peu de violence dans le monde tranquille de Freakwater. Sans vouloir parodier les travaux de Pierre Henry et Michel Colombier, c'est un bon mélange psyché rock. La guitare reprend ses droits avec des solos bien rock 'n' roll sur une rythmique incisive.
'Memory Vendor' lui se permet des guitares résolument distordues avec de la fuzz, toujours au service des belles parties vocales toujours très soignées. "Mission Field" joue sur même tableau. Toujours dans le même registre de chanteuse à jolies voix, "Skinny Knee Bone". De la bien belle country root. La sincérité des chanteuses se ressent à travers leur interprétation. C’est à mon avis ce qu’il manque à beaucoup de chanteuses et chanteurs, pré-formatés par les requins de l’industrie musicale, qui inondent les charts.
Un peu monotone, "Number One With A Bullet" respire la sincérité. Les harmonies vocales sont très soignées tout comme les orchestrations. La guitare se permet une petite distorsion mais reste totalement dans l’esprit.
"Take Me With You" est une petite ballade country rappelant un peu les gospels de l’église. Une autre facette du talent des Freakwater. Mais on retrouve toujours comme constante l'envie de représenter la musique "root" de l’Amérique profonde.
La dernière chanson "Ghost Song" est aussi dans le registre soft et désabusé mais respirant la sincérité. C’est beau et on en redemande.
Freakwater, avec ce huitième effort Scheherazade, représente une once de sincérité musicale dans un monde qui en connait de moins en moins et c’est une vraie bouffée d’oxygène d’entendre des trucs authentiques comme celui là. On en redemande.
