Amon Amarth sort son dixième album studio, Jomsviking, via Metal Blade Records pour les Etats-Unis et Sony Music pour le reste du monde. Il a été produit et mixé une fois de plus par Andy Sneap (Megadeth, Testament, Accept). Suite au départ de Fredrik Andersson, on retrouve en invité spécial le batteur Tobias « Tobben » Gustafsson (ex-Vomitory).
C’est donc le premier album concept des Suédois. L’histoire racontée ici se déroule durant la période des Jomsvikings, l’ordre légendaire des vikings mercenaires rencontré dans les sagas nordiques, et combattant dans toute l’Europe et le Moyen Orient.
L’univers des Jomsviking sert de décor à l’histoire d’un jeune homme qui tombe amoureux d’une femme déjà promise au mariage. Entre temps, il tue accidentellement le bras droit du comte (« The first man I killed was the earl's right-hand man ») et doit s’enfuir, mais promet de se venger et de reconquérir la femme qu’il aime.
C’est ainsi que commence tout en douceur l’album avec « First Kill ». Par conséquent, et comme le chante Johan Hegg d’une voix surpuissante lors des refrains, il devient paria et hors la loi « I am an outcast - All alone - I'm a nomad without home ; I am an outlaw - I'm disowned - And I am no man's son ». L’accroche musicale se fait naturellement par ses accélérations, ses moments de retenue, de respiration, qui nous laissent en apesanteur et qui nous permettent de rempiler juste après, la corne remplie à nouveau à la main.
La touche Amon Amarth, où la horde des guitaristes nous tranche à coup de riffs, se retrouve sur « On A Sea Of Blood » : c’est limpide comme l’eau des icebergs. La batterie aérienne pulse et donne le rythme à l’ouvrage.
La devise des fameux Vikings de Jómsborg est à l’image de « One Against All » ou du mid-tempo « One Thousand Burning Arrows » : « Ne montrez aucun signe de peur, ne battez jamais en retraite, défendez vos frères ou le cas échéant, vengez-leur mort ». C’est en gros ce qu’on ressent sur chaque note de guitare, qu’on se plait déjà à fredonner, dressé à la proue de notre drakkar tout en découpant les têtes des ennemis à la chaîne.
Mais Amon Amarth rend aussi hommage aux groupes qu’il a aimé, n’hésitant pas à s’en inspirer comme avec « Raise Your Horns » (« Patron une autre tournée ! ») où les riffs bien gras des premières secondes auraient pu sortir des Marshall de Paul Quinn de Saxon, avant le retour du bon esprit viking, quand la voix grave doublée ainsi que les chœurs majestueux font la différence. Quand à « At Dawn’s First Light » c’est un clin d’œil à la NWOBHM (New Wave of British Heavy Metal) : on a vite envie de fredonner les solos à la Maiden jusqu’à la lie. Et chose encore plus étonnante, les plans de guitare de Johan Söderberg rendent un vibrant hommage à Eddie Van Halen sur « Back On Northern Shores »… Il y a encore le prenant « Vengeance Is My Name », digne d’un bon gros death de Göteborg.
Les Suèdois ont égalerment invité la mythique Doro Pesch sur « A Dream That Cannot Be », qui n’est malheureusement pas le meilleur titre de l’album. Mais rassurez vous avec « The Way Of Vikings » vous ressentirez les frissons d’un guerrier aux côtés du personnage que joue Johan Hegg dans Northmen - A Viking Saga : intro orchestrale, titre cinématographique avec une mélodie très folk pagan, tout y est !
L’exercice d’un concept album n’est pas chose facile, mais Amon Amarth s’en sort très bien sans trop en faire pour relier obligatoirement les titres entre eux. Au contraire, ils sont très différents les uns des autres, et s’écoutent plutôt comme des chapitres variés d’une saga bannissant une linéarité parfois monnaie courante dans ce genre d’album.
Lionel / Born 666