En deux albums, Tonight Alive a réussi à se faire une place de choix sur l’échiquier du pop-rock dominé outrageusement par Paramore grâce à des riffs incisifs, des mélodies entraînantes, des ballades mielleuses mais pas trop et par l’aura de Jenna McDougall. Avec son troisième opus, les Australiens auraient pu enfoncer le clou. Malheureusement, c’est un désastre. Un désastre qui fait mal.
Lorsqu’en 2013 avait débarqué The Other Side, second album de Tonight Alive, la presse spécialisée, les fans du genre et même leurs collègues musiciens avaient salué un album qui à défaut de prendre des risques savaient manier à la perfection tous les éléments du pop-rock. Aujourd’hui en 2016, Limitless débarque et c’est effectivement une prise de risque mais une prise de risque qui tourne vite au vinaigre. Les défauts sont bien plus nombreux que les bons points et on se demande ce qui a bien pu se passer dans la tête du quintet qui avait pourtant enregistré un titre rock à souhait – "The Edge" – pour la bande son de Spiderman 2.
Les premiers doutes sont apparus dès la mise en ligne du premier extrait de l’album en octobre dernier, "Human Interaction", qui pourrait passer pour une chanson non gardée lors de l’enregistrement de The Other Side tant la production et la construction du morceau sont quasiment égales à ce qu’on pouvait retrouver sur cet album. Le morceau est sympathique, sans plus, la peur commence à nous guetter. Quelques jours plus tard sort "To Be Free" qui comme "Human Interaction" attire l’oreille mais sonne relativement creux tant on a l’impression d’avoir à faire au Jenna Mcdougall Show et pas à des titres de Tonight Alive. Où sont les guitares ? Où est la basse ? Où est la batterie ? En somme, où sont les instruments ? Que s’est-il passé entre les deux enregistrements pour que le groupe accouche de titres aussi indigne que ceci ? Le pompon est définitivement secoué à la mise en ligne de "Drive" sur Spotify. Un titre que n’aurait pas renié Katy Perry, sauf que celui-ci aurait été bon avec cette dernière. Avec Tonight Alive, c’est un désastre.
Très généralement, les premiers titres dévoilés sont – surtout dans ce style – les plus radiophoniques et donc les plus facile à retenir. De quoi avoir doublement peur en écoutant l’album. Effectivement c’est le cas. Quand on insère Limitless dans notre tourne-disque (ça c’est pour l’image, en vrai, nous l’avons écouté sur Spotify comme tout le monde), ce troisième opus s’ouvre sur "To Be Free" et on est en terrain conquis avant que ne débarque "Oxygen" et là c’est l’air qui nous manque - sans mauvais jeux de mots, quoi que, mais qu’est-ce que c’est que ce titre, c’est un disque qui sort en fait le 1er avril, non ? Ce morceau est embarrassant. Le retour du Jenna McDougall Show, sauf que ce show est raté comme le Photoshop sur la pochette du nouvel album de Britney Spears.
Sur les cinq premiers titres, nous en connaissons donc quatre. C’est à partir du sixième morceau, "Waves", que nous plongeons dans le véritable inconnu. "Waves" est le premier titre à offrir quelque chose d’intéressant parce que c’est une ballade qui reste en tête et qui après quelques écoutes est imprégnée dans notre esprit. Ensuite les morceaux se suivent, sans provoquer la moindre vague sur notre encéphalogramme. Le calme est plat, la limite est atteinte mais sans doute pas celle que Tonight Alive voulait nous faire découvrir. Pas vraiment la peine de parler des derniers morceaux puisqu’il n’y a rien à dire.
Limitless est un désastre et Tonight Alive vient de se tirer une balle dans le pied avec cet album. Si vous avez envie d’écouter du pop-rock sympathique, allez donc écouter Against The Current qui va sortir son premier album, vous économiserez votre temps.