Aborted – Global Flatline

Aborted – Global Flatline

Sortie prévue ce lundi 23 janvier 2012 chez Century Media

  

    Amateurs de bon Death et de Grind qui tâche, ceux de chants gutturaux de qualité Label Rouge, ceux qui aiment mouliner leur viande eux-mêmes et les passionnés de films gore, arrêtez vous là où vous êtes, oui, sur le trottoir, dans le métro parce que les belges d'Aborted débarquent vous annoncer la fin de la race humaine avec leur nouveau bébé à gestation lente, The Global Flatline.

   Largement inspiré des films de zombies infectés et malades annonçant une fin du monde assez dégueulasse (et non pas du navet "2012", hein ?), The Global Flatline veut vous en mettre plein la vue avec un Death efficace sauce Grind. Un très, très beau bébé dont je voudrais vous parler ici, parce qu'il a été conçu pour être un incontournable de cette nouvelle année qui commence déjà...
 


  Pourtant, la gestation a connu quelques complications. Du line-up originel il ne reste que le fondateur du groupe, Sven De Caluwe, qui s'époumone depuis 1995. Entre 2007 et 2009, c'est les années noires d'Aborted. Ils sortent Slaughter & Apparatus : A Methodical Overture, qui n'est plus aussi infecte que les précédents et qui divise littéralement les fans. Certains ont carrément tourné le dos au combo pour de bon... Malgré la sortie de la jolie pépite Strychnine.213 en 2008, les choses ne se sont pas arrangées. D'une part, les plus ténus prônaient un retour aux origines de la brutalité qui a fait Aborted et qui conservent l'excellent Goremageddon : The Saw And The Done comme une relique chez eux, et les autres, pour qui un peu de mélodie ne fait pas de mal. Ainsi, Strychnine.213 ralentit d'un cran, et intègre une musicalité à laquelle les fans de brutal ne sont guère habitués. Aussi, ça hurlait dans les chaumières lorsque les musiciens ont giclé les uns après les autres... les gratteux appréciés comme Seb (Balrog, Genital Grinder...), la basse et surtout l'excellent Dirk Verbeuren (Scarve, Soilwork, Mortuary) qui a toujours rendu de grands services à Aborted derrière les fûts, notamment sur Goremageddon.

     Alors fort de ces critiques, Aborted remonte la pente en 2010 en sortant un EP intitulé Coronary Reconstruction, qui fera plaisir aux fans. Retour de certains musiciens comme le déchaîné Dirk, retour du chirurgien psychopathe sur la pochette et surtout un retour aux sources du brutal ! Avec des titres à nous retourner les boyaux comme « Coronary Reconstruction », ou « From a Tepid Whiff », ça blaste du début à la fin. Et que c'est bon !
 

    
Puis....plus rien.

    Alors le filet de bave au coin de nos lèvres n'a que trop logtemps coulé et on attendait ce nouveau Aborted avec grande impatience ! Une fois n'est pas coutume, Aborted n'a rien fait dans la précipitation, préférant donner vie à une galette de qualité, accompagnée d'un trailer vidéo et d'une promotion béton assurée par Century Media. Mais The Global Flatline saura-t-il satisfaire nos papilles ou celles des fans puristes ? Continue-t-on sur la lignée du surpuissant Coronary Reconstruction ?

    Fort de douze titres et d'une intro, la version Digipack comportera en plus deux nouvelles versions des titres « Nailed Through Her Cunt » et « Eructations Of Carnal Artistry ». Ca va donc faire très mal.

     A noter, le line-up définitif sur cet opus, avec donc toujours Sven, mais aussi Eran Segal (The Swarm, Whorecore) et Michael Wilson aux grattes, à la basse J.B. Van De Wal et le jeune Ken Bedene (Abigail Williams, session pour Abysmal Dawn) à la batterie. 

   N'oublions pas qu'Aborted n'a pas fait dans l'allégé ici : quelques sommités comme Trevor Strnad (The Black Dahlia Murder), Julien Truchan (Benighted), Jason Netherton (Misery Index) et Keiijo Niinima (Rotten Sound) sont venues prêter main forte aux prestations vocales sur quelques titres. C'est sûr, ça fait pâlir.

       Evoquons ensuite la très belle et un poil kitch couverture d'album (il ne m'a pas encore été donné de découvrir le reste de l'artwork) pleine de Zombis éventrés, au milieu d'une ville dévastée, où le médecin préféré d'Aborted a disparu (à moins qu'il ne soit plus que ce squelette au dessus duquel une infirmière éborgnée vient pleurer?)
 

      Le « concept album » débute avec une intro, parce qu'Aborted a toujours intégré dans sa musique des samples chirurgicaux enregistrées dans la boucherie du quartier. Ici, on démarre avec une atmosphère glauque de fin du monde qui nous place direct dans un état de malaise. On va décortiquer le premier titre, le presque sublime « Global Flatline » qui a été révélé avant même la sortie du disque. Une amorce tranquille, comme un pas hésitant de Zombi, pour mieux nous blaster la gueule ensuite. Une avalanche de coups de tambours, entrecoupés de passages à la double pédale...la batterie habille ce morceau du début à la fin. Mais cette fois encore ce n'est plus Dirk mais la dernière recrue, Ken Bedene qui s'y colle... Des guitares rythmiques bien énervées mais toujours disciplinées, elles osent de temps à autre s'élever au ciel dans des harmoniques timides, sauf le temps d'un solo ultra précis. Un titre millimétré, que la production impeccable sert bien. On distingue à la perfection tous les instruments et la voix profonde de Sven reste en avant. A regretter simplement certains « travers » que l'on avait reproché aux précédents opus, comme ce brutal changement de rythme vers la fin du morceau, qui tombe un peu comme un cheveu sur la soupe et n'apporte pas grand chose. Un titre qui surprend en tout cas par sa production impeccable qui donne à ce titre une texture proprette...

    Alors justement en tant que vieille grabataire, je rumine un peu et je râle. Le dernier Vomitory ou même Cannibal Corpse sont d'excellente facture. Mais il y a une chose qui m'énerve profondément dans toutes les nouvelles sorties du genre Brutal. Il s'agit de la production, trop soignée qui enlève parfois le côté crade qui doit demeurer présent dans les sorties Death/Grind. Du coup, sortie après sortie, on achète un package tellement lissé et uniformisé, que parfois l'on se demande où réside encore l'identité des groupes. Loin de moi l'idée de critiquer la Prod qui mérite ici amplement un 10/10. Mais enfin, quoi ! J'attends des solutions pour que le genre Brutal reste Brutal et franchement impropre ! A titre d'exemple concret, l'essaim de mouches que l'on entend à la fin du morceau « The Origin of Disease » est tellement bien produit que l'on se met machinalement à les chasser autour de soi. Mais ces mouches, elles font propre ! L'on sent que les ingénieurs son se sont concentrés plus sur le rendu de ce sample d'avantage que sur l'impact qu'il doit avoir sur l'auditeur. Je ne suis en possession que d'une version mp3 de l'album avant son achat définitif (j'achète presque toujours ce que je chronique) et je ne veux préjudicier de rien, mais je trouve que le son du titre « From a Tepid Whiff » que j'avais adoré sur l'EP de 2010 n'a plus la même saveur sur cet album ! J'ai failli ne pas reconnaître le morceau. Et enfin le pompon, toujours en fin du même « Tepid Whiff », les bruits de flatulences et d'indigestion qui me faisaient tant rire...disparaissent ! Je ne rêve pas, la musique d'Aborted a été essuyée au P.Q. ?

    Reste à savoir si le plaisir d'écoute du reste de l'album sera gâché par cette première impression.

    Je suis rassurée dès que j'appuie sur « The Origin of Disease ». Ce titre est tout simplement une boucherie surblastée qui démarre avec des voix criées, hyper bien exécuté, avec ses breaks notamment une basse très remarquée, ses passages mid-temp et des riffs énervés qui hérissent le poil. Ce que Aborted sait faire de meilleur est là. Je me prends une claque monumentale et j'oublie mes préoccupations de tout à l'heure. Je ne suis visiblement pas une femme difficile à combler puisque j'ai l'impression d'enchaîner sur deux chef d'oeuvres, « Coronary Reconstruction » et « Fecal Forgery ». Ces deux morceaux enchaînés de la sorte ne vous lâchent pas d'une semelle. Alors que le solo du morceau « Coronary Reconstruction » vient se poser comme une fleur au milieu des roulements de tambour et des growls de Sven, « Fecal Forgery » vous achèvera en revanche par ses riffs mélodieux sur fond de double pédale. Mon titre préféré, sans conteste. Ici, les changements de rythme sont utilisés plus intelligemment qu'en début de disque et ça passe comme une lame de rasoir sur la peau, tout seul... Quant ça accélère de nouveau, on ne tient plus en place !

   La peau n'a pas le temps de cicatriser, puisqu'entre temps « Of Scabs and Boils » vient vous percuter de plein fouet de manière plus rythmique. Mais ce titre marque une rupture avec le Death à l'état brut que l'on entend depuis le début. Ici, une modernité se fait sentir, mélodies très présentes, bridges, et ces changements de voix incessants, entre le cri, le growl, le Pig Squeal qui commencent à me gaver un peu. Bref, ce titre me paraît beaucoup plus facile d'accès que les précédents. Volonté de compromis ou une évolution de style bien assumée ? De la même manière, la structure simple et répétitive de « Our Father, Who Art of Feces » en fait un hymne assez simple à retenir. Mais j'ai le sentiment que ses riffs n'apportent rien de nouveau et que les changements de rythme sont servis avec plus d'automatisme, moins de spontanéité.

     «Vermicular, Obscene, Obese» vient combler d'autres attentes des auditeurs, servir sur un plateau d'argent un titre bien Grind hyper rythmique pour agiter ses cheveux en mid-temp sur fond de riffs volontairement dissonants et foufous.

    De cet amas de titres hyper bien réalisés, mais il faut l'avouer un peu prémachés, je sors complètement du lot le surpuissant « From A Tepid Whiff » qui vous décollera le scalp sans problème ! Aussi, le sublime et le très lent « Expurgation Euphoria » sorti de nulle part, dicté par son piano glauque et sa lourdeur extrême, j'en suis fan. Il contraste totalement avec le reste de la musique surblastée sur cet album et fait d'autant plus ressortir la violence de cet opus jusqu'à la note de fin, le dernier « bip » qui nous relie à la vie...

    Malsanité, Brutalité, Tristesse... chaque titre a quelque chose d'autre à proposer. Aborted nous sert là un opus de grande qualité, une recette menée à la perfection, avec une grande dose d'agressivité qui saura, je l'espère, satisfaire enfin les fans de la première heure.

 

Katarz

PS: Allez, je vous laisse regarder un mini-film qui a été présenté pour le lancement de cet album et dont je vous parlais un peu plus haut.  L'on peut y entendre  le titre "The Global Flatline". Ames sensibles s'abstenir...

  

  

Tracklist : 

ABORTED “Global Flatline” (43:40)
01 Omega Mortis (0:59) 
02 Global Flatline (3:12) 
03 ИÑточник Болезни (The Origin Of Disease) (3:04) 
04 Coronary Reconstruction (4:28) 
05 Fecal Forgery (2:45) 
06 Of Scabs And Boils (2:53) 
07 Vermicular, Obscene, Obese (2:51) 
08 Expurgation Euphoria (3:43) 
09 From A Tepid Whiff (3:03) 
10 The Kallinger Theory (3:43) 
11 Our Father, Who Art Of Feces (2:43) 
12 Grime (3:48)
13 Endstille (6:27)

+ en version Digipack :

   Nailed Through Her Cunt 
   Eructations Of Carnal Artstry
 

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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