Thee Verduns se sont déjà signalés plusieurs fois du coté des colonnes de La Grosse Radio. On a commencé avec Nos Epaules en 2013. L’affaire s’est poursuivie avec le magnifique Le catéchisme de la Joie, la Vie entière. Au vu de la qualité des dernières livraisons des protégés du label Kizmiaz, c’est avec impatience que nous nous sommes jetés sur la dernière production en date de Thee Verduns intitulée Le Râtelier à Fusils, une coproduction entre les labels Les Disques de la Face Cachée (Metz) et Kizmiaz Rds (Nantes).
Thee Verduns évoluent toujours dans un registre décalé garage lo-fi, punk minimaliste. "Les briseurs de grève" ne déroge pas à la règle. La voix est complètement barrée et rappelle les digressions d’un Higelin sur Champagne. C’est pas le même style, ok, mais la folie est bien là pour les deux. Niveau gratte, quelques notes qui tournent en boucle nous accaparent le cerveau.
"Sepuku" est plus facile d’accès avec un coté plus pop mais tout en restant dans l’univers des Verduns. Niveau corde, on a affaire semble-t-il a un banjo ou un ukulélé distordu. Thee Verduns ne reculent devant aucune innovation ou originalité technique. Ils sont barrés, on vous le dit depuis le début…
Ils ont pris le parti d’utiliser la langue de Molière ce qui se fait de plus en plus rare dans le petit monde du rock ‘n’ roll. C’est un pari gagné. La voix douce et calme contraste avec le jeu de guitares plus travaillées utilisant tantôt des arpèges alambiqués, tantôt des la grosse disto disto fuzzy. Un savant mélange distillé de main de maitre par le duo.
Dans un registre plus calme, "Pawn Shop" surfe sur des guitares slide à tendance country avec des parties solo intéressantes pour nous embarquer dans un univers que seuls Thee Verduns savent créer. On est un peu dans le monde de l’expérimentation sonore, ce qui donne un petit coté psyché au morceau.
"Further On", toujours dans un tempo très calme n’aurait pas déplu aux productions de Lou Reed avec le Velvet Underground. Très épuré, le titre nous embarque dans un univers particulier qu’est celui de Thee Verduns. Quelques relents de musique country peuvent se ressentir certainement à cause des instruments à cordes.
"La Grande Fenêtre" est un petit instrumental qui lorgne sévèrement du coté de la B.O. de film. On verrait bien ça dans un western spaghetti de Sergio Leone ou sponsorisé par le grand Ennio Morricone. Faut dire que les Verduns, ça les connait les B.O. de films… Nicolas Moog, le chanteur a co-signé celle de Sur Les Toits, sortie aussi chez Kizmiaz.
"Les accidents d‘avions" explore un territoire nouveau. Une minute quarante de banjo, mandoline ou ukulélé pour nous livrer un morceau pop sixties façon Gainsbourg revisité par les Liminanas ou La Position Du Tireur Couché. Un ovni sixties dans l‘album…
Avec "La Corvée de Bois", on accélère, on dynamise même on dynamite tout ce qui bouge. Des textes on ne peut plus explicites et directs et une musique diablement entrainante avec quelques bons gros power chords placés quand il faut pour poser les bases et assoir une rythmique de feu.
"L’Eau Ecarlate" alterne les plaisirs. Petite guitares et instruments divers acoustiques et tranquille puis un refrain gavé de fuzz ou on lâche les chevaux. Savamment barré. Ca me rappelle d’autres gars barrés que j’écoutais il y a une vingtaine d’année les Dog Faced Hermans. SI vous aimez les Verduns, allez donc chercher du coté de ceux-là. Ca devrait vous plaire.
Les Verduns sont aussi à l’aise dans la langue de Molière que dans celle de Shakespeare. Ils nous le prouvent avec "They Shoot Horses, Don’t They", un morceau tout tranquille qui présente des parties de slide super bien foutues qui soutiennent et mettent en valeur une jolie voix féminines qui chante en anglais avec un petit accent frenchie adorable.
Pour conclure, on vous dira que Thee Verduns, c’est un groupe atypique, qui a su se créer un univers propre en puisant dans le rock garage, dans le punk, dans la country et encore plein d’autres choses. Le râtelier à fusils nous conforte dans cette idée. L’album est une réussite et il ne faut pas hésiter à l’écouter d’un traite pour le savourer pleinement.