Printemps de Bourges – 14/04/2016

Printemps pluvieux, printemps heureux disent les Berruyers ! En fait, en tant que natif du cru, je me dois de vous faire un aveu ; bon nombre d'entre eux se réjouissent pour une fois de cette pluie qui sauce copieusement les festivaliers venus en masse pour fêter les 40 printemps du festival.
Certains sont frappés par la limite d'âge au-delà de laquelle, après Claude François ou Tino Roussi, point de salut… D'autres affirment à qui veut l'entendre "qu'on y mettra pas les pieds au Printemps, avec tous ces ivrognes !". Heureusement tous les autres berrichons, jeunes comme moins jeunes, que l'évenement fait accourir de toute la région, se réjouissent de ces quelques jours qui tirent de sa torpeur habituelle leur vieille ville souvent bien endormie le reste de l'année !

Arrivé seulement le troisième jour de ce 40ème Printemps, qu'ai-je raté au final, côté concerts rock s'entend… Louise Attaque, jamais vraiment accroché… Ah si, la soirée rock des Inouïs ! Des groupes en "sélection officielle" cette année y ont fait leurs premières armes, de Radio Elvis à Last Train en passant par Feu Chatterton. J'y aurais bien vu en format groupe le jeune Theo Lawrence, p'tit jeune qui monte, aperçu en solo et en première partie de Gaspard Royant à la Maroquinerie… Les valeurs montantes, y a que ça d'vrai ! Encore frais, ni formaté par sa prod', c'est souvent la période pour faire connaissance avec un artiste. Et à propos de connaissances, c'est tout naturellement que je retrouve le duo total glamour Jo Wedin& Jean Felzine, vus en première partie eux aussi, mais de Feu ! Chatterton au Trianon. Jouant dans la cour du bar Au nez de vin, ils ont su convaincre avec brio le parterre constitué en majeure partie de pros.

Rover

Il était temps ensuite de mettre à profit une accred' presse obtenue de haute lutte, et de se frotter aux salles officiellement dédiées au Printemps. Direction le Palais d'Auron pour Rover ! Dire de ce dernier qu'il "fait du Bowie" comme je l'ai entendu dire autour de moi ce soir-là, serait particulièrement réducteur... Timothée Régnier alias Rover, est certes sous nette influence seventies ; on songe également à Marc Bolan de T-Rex ou un autre mordu des années mythiques du rock n'roll, Neil Hannon de Divine Comedy. Mais que faire d'autre avec une voix d'une telle puissance et qui tape avec tant d'aisance dans les aigüs, je vous le demande ! Il maîtrise de la même façon sa Rickenbacker, sans pour autant nous infuser des soli interminables. A l'image de sa stature de géant, qui lui permet de dégager une aura naturelle mais dont il n'abuse pas pour écraser ses musiciens, multi instrumentistes tout comme lui, passant des claviers à la six-corde ou à la basse. Je parviens à me rapprocher pour le voir évoluer de plus près… Non sans difficultés ; une jeune blonde à couettes devant moi vivait intensément ce moment, balançant ses appendices capillaires comme une Sheila sous ecsta ! Je ne sais si c'est pour elle qu'il quitta les ray-ban derrière lesquels il cache un regard bleu azur, mais elle se déhancha avec plus de vigueur encore ! Elle n'était pas la seule à vibrer sur les morceaux de Rover ; le Palais d'Auron a fait une ovation à ses remerciements humbles et sincères !

Changement de style et de décor, Dionysos dans le "théâtre de poche" Jacques Coeur, comme le qualifie Matthias Malzieu. En fait, je comptais bien assister également à la fin du set de Radio Elvis qui les précédait. Mais quand c'est complet, c'est complet, même pour les gens de la presse… Une jeune consoeur qui trompait dans la bière son désespoir d'avoir été éconduite, me dit tout net : "Dionysos, tu sais… y font du Dionysos, mais maintenant !" Je lui souhaite d'être plus inspirée pour son papier lorsqu'elle évoquera le retour de Mathias Malzieu et de ses complices après plus de trois ans d'absence. Un retour attendu, puisque leurs trois dates au Printemps affichaient complet chaque soir et ceux qui comme moi étaient présents au Palais Jacques Coeur, ont été récompensé de leur attente. Les autres membres du groupe étant apparus sur scène, tous cherchent du regard, un peu interloqués, le chanteur. Celui-ci déboule du fond du théâtre, chapeau vissé sur le crâne et porte-voix enluminé à la main, chauffant d'entrée la salle au fer rouge avec son harmonica ! Pierre Guénard de Radio Elvis, installé incognito sur les marches dut, comme d'autres, lui céder le passage et en prendre son parti… en prenant la sortie ! Et c'était parti pour une heure de voyage à travers les multiples styles musicaux de Dionysos et les personnages fantasmagoriques de Mathias Malzieu ! Comédien accompli, drôle et touchant, il mena par le bout du nez le public. Celui-ci, tout à la fois bon-enfant et survolté, se résoudra à suivre toutes ses facéties, le menant même jusqu'au balcon lors d'un slam d'anthologie.

Retour au Palais d'Auron pour Jeanne Added. La révélation électro rock de l'an passé entretient une relation particulière avec le Printemps qui l'a littéralement révélé lors de son passage en 2015 ; elle a déclaré à nos confrères de Culturebox que "son tourneur avait eu plus de 27 propositions de concerts le lendemain". La salle était presque comble, mais a contrario de Culturebox qui trouve qu'elle a "électrisé le Printemps", il m'a semblé que malgré une musique incantatoire invitant à la danse, j'avais vu plus de personnes se bouger le popotin à Dionysos… Pourtant ce n'est pas faute d'avoir eu l'exemple à suivre avec Jeanne. Véritable combattante de la scène, elle l'arpente avec la fougue d'une guerrière en transe. Même lorsqu'elle martèle avec force conviction sa basse, elle ne tient pas en place. Est-ce cette violence tant musicale que scénique qui empêcha le public de démontrer son adhésion… Au vu des choeurs sur le dernier morceau "look at them" plus doux, c'est peut-être la réponse...

Jeanne Added - Printemps de Bourges 2016

Je serai honnête avec vous ; je n'ai assisté qu'aux trois premiers morceaux de Feu ! Chatterton qui prirent la suite de Jeanne Added. Non pas que j'apprécie pas, bien au contraire… Aperçus fugitivement aux Inouïs en 2014, je garde surtout un souvenir mémorable d'un de leurs Trianon (5 représentations sold-out tout de même). Non, il me fallait ménager ma monture, en perspective des autres journées marathon qui s'annonçaient durant ce Printemps… L'ouverture du bal avec leur "Ophélie", blues rock pêchu sur lequel Arthur Teboul pose ses textes superbement écrits, me le confirme ; les Feu ! ne sont pas de paille. Bien qu'étant venu ce soir sans cravate, Arthur Teboul se la joue toujours dandy fiévreux, voire Fou à lier comme il ne craint pas de le clamer. Pour "Concorde", il convoque avec brio les mannes de Brel pour la gestuelle et Ferré pour la scansion. Mais il ne faudrait pas limiter les qualités de Feu ! Chatterton à son chanteur et parolier ; ses quatres complices balancent un son puissant, j'ai encore en tête, et en jambes, la rythmique presque funky de "Boeing" au Trianon…

Feu Chatterton - Printemps de Bourges 2016

 

Patrick Watson


Mathieu : Des années que je n’avais pas revu le canadien sur scène, mais l’impression de retrouver Patrick Watson inchangé, une voix hors norme, une atmosphère intimiste tout en étant très orchestrale, magnifiée par ses musiciens envoutants. Je ne connais plus une chanson, je me suis arrêté à « Wooden arms », mais le charme du barbu opère immédiatement, les cœurs du public féminin cognent irrésistiblement. Les basses du W tapent un peu trop fort ? Qu’à cela ne tienne, les québécois vont improvisés et se caler sur ces rythmes lointains. A noter un magnifique décor de scène. Une échappée en apesanteur qu’on aurait bien aimé poursuivre…    

Découvrez nos live reports de Bourges du 15 et du 16 avril demain et après demain à 11 heures.

Crédits photos : Yann Landry / La Tête de l'Artiste - Antoine Monegier du Sorbier

 



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