Après deux soirées passées à écumer les scènes de la prog' "officielle", il était temps de se frotter au Printemps selon mon coeur, celui-ci des bars et des scènes ouvertes ! Le centre-ville de la cité berruyère qui s'offre littéralement aux festivités, est envahi par les jeunes, voire par leurs darons et darones, tous et toutes pris de fièvre printanière du samedi soir. Outre les 34 débits de boissons pré-cités et les 4 scènes sponsorisées mais gratuites, de nombreuses vitrines commerçantes démontrent leur soutien au festival en exposant des affiches des années précédentes. Des CRS qui parcourent benoitement la foule, font jusqu'à boire un verre avec les d'jeuns ; effet printemps façon Charlie ou consignes hiérarchiques, peu importe, la scène est savoureuse…
Je me décidais par commencer par un set back to the futureen assistant au concert des Rhum Runners au Beau Bar. Une soirée certifiée conforme sixties par l'frangin des Frères Beat, lequel y officiait en tant que maître de cérémonie, délivrant le vrai son wak'n roll en jerkant derrière ses platines. The Rhum Runners, combo de Tours assurent le spectacle rien qu'avec leurs uniformes disparates de marins au long cours, tenues idéales pour leur exotic' rock n'roll. Pas de frontman donc, mais le matelot trompettiste introduit les morceaux dans un anglais rigolard et se répand en grazie mille à chaque final. Un bon set bien pêchu qui aurait parfait sans l'omniprésence du fan-club local et sans doute auto-déclaré, de nos marins tourangeaux amateurs de rhum et de rock n'roll. Plantés en rang d'oignon devant eux, sûrs de leur bon droit, ils empêchaient tous les autres spectateurs d'apercevoir ne serait-ce que une oreille de musicos ou le reflet d'un cuivre… Et paraissaient très concernés par ce qu'ils écoutaient ; "Fernand, y a moins d'monde, tu peux aller chercher les bières !"…
Remontant la rue principale dite moyenne mais ce soir là totalement blindée, je protégeais mes oreilles d'une version approximative du standard des Kinks "You really got me" qui s'échappait du Central Bar, pour remonter jusqu'à la place Séraucourt, coeur et carré historique du Printemps. Là, je saluais les amis et collègues de la scène de la CMCAS Berry Nivernais (autrement dit l'entité locale du C.E d'Edf). Une scène ouverte à plus d'une trentaine de groupes amateurs ou semi-pros, où j'avais pu découvrir mes chouchous de l'an passé les Apes O' Clock et qui perpétue selon moi, le vrai esprit du Printemps, festival populaire par excellence. Un p'tit coucou aux rémois de System'B au Château d'eau, où le sain breuvage en question avait nettement laissé la place à une variété de boissons alcoolisées. Mais comme les années précédentes, Moun et son gang n'avaient pas besoin de pousser à la conso les spectateurs qui se pressaient dans le bar plus compressés que dans un RER aux heures de pointe. L'énergie et la sincérité qu'ils déploient sur scène, suffisaient à enflammer le public. Un des meilleurs groupes de cover que j'ai eu l'occasion de voir.
Reprenant à contre sens la fameuse rue Moyenne, j'eu toutes les peines du monde à traverser la foule en délire agglutinée devant le Khédive. Quel groupe pouvait donc susciter un tel engouement… Ce que j'écoutais me disait bien quelque chose mais quoi. Ce n'est qu'en consultant le programme quelques mètres plus loin que je me rendis compte qu'il s'agissait de l'excellent groupe, Joke que j'avais perdu de vue ces dernières années… Dammed, je ne pouvais vraiment pas rester ! Yann le rédac' chef m'avait envoyé un mail urgent comme quoi que j'devais aller absooolument aller voir les Fabulous Sheep aux Trois petits cochons. "Que je fais comme je veux d'abord !", que je lui balance aussi sec. "Tu veux qu'on poste de ta part sur le forum métal, un truc du genre pourquoi les métalleux s'obstinent à croiser des bras un air trèèèès méchant sur les photos alors qu'en vrai, c'est rien que des bisounours." qu'il me répond… (ndrédac'chef : c'est même pas vrai d'abord ! Je lui ai juste dit qu'il devrait couvrir tous les concerts de Hyphen Hyphen s'il n'allait pas à celui des Fabulous Sheep :p)
Je pris la route en maugréant, vers l'un des rares bars berruyers à se déclarer musical tout au long de l'année. Et là, vous m'croirez si vous voulez, bande de petits rockers, bande de p'tites rockeuses, s'il avait été là, en personne, je lui aurais baisé le bout de ses tiags au Yann ! (ndrédac'chef : Même que j'en porte pas)
Quelle claque ! De l'énergie pur punk-rock, déversée par d'insolents gamins aux allures de lads. Un duo de chanteurs guitaristes en totale osmose - qui a dit The Libertines des débuts ? - un duo basse / drums implacable et un clavier hystérique, de surcroît bastonneur au saxo. Et cerise sur le gâteau, des textes "indignés" dont Piero, l'un des deux chanteurs tenta vainement de se faire le porte-parole auprès d'un public plus passionné par de vaines imitations de pogo que par une incitation à la révolte citoyenne… Normal sur ce dernier point, me direz-vous pour des jeunes de Béziers qui savent plus de quiconque ce que veut dire fascisme rampant… Les Fabulous Sheep, mon coup d'coeur de ce Printemps de Bourges 2016, de la vraie graine de Clash ! Dammed again, ils seront le 13 mai au Bus Palladium et j'suis pas sur Paname ! A vous de voir !
Crédit photo : Yann Landry - La Tête de l'Artiste