Ils sont de retour ensemble ! Fans d'Helloween de la première heure, cette information n'a point dû vous échapper : Michael Kiske et Kai Hansen sont à nouveau réunis, comme à la période des glorieux Keeper of the Seven Keys Part I & II. Ce n'est point en mode citrouille que le duo se retrouve, mais dans un nouveau groupe rock metal nommé Unisonic créé à la base par Kiske et ses compères Dennis Ward, Mandy Meyer, Kosta Zafiriou. C'est bel et bien le duo mythique que nous avons retrouvé à Paris pour une entrevue, La Grosse Radio Metal ne pouvant manquer cet évènement quelques jours après la sortie de l'EP Ignition et un peu plus d'un mois avant le premier album éponyme chez Edel/earMusic.
Ju de Melon : En attendant que Kai revienne de sa pose cigarette, commençons l'entrevue avec l'ami Michael. Alors, comment vas-tu et quel effet cela fait de revenir à paris un peu plus d'un an après ton passage en compagnie d'Amanda Somerville ?
Michael Kiske : Ca va très bien, j'adore revenir ici en France, les français sont des gens passionnés et très intéressants, j'aime bien discuter avec eux. Tu sais, avant la promo avec Amanda, ça faisait longtemps que je n'étais plus revenu ici, je n'ai plus joué dans votre pays depuis les années 80, alors tout ça me manque un peu.
Le tant attendu premier album d'Unisonic va donc sortir dans un mois. Comment le line-up s'est mis en place avec notamment le récent ajout de Kai Hansen en tant que cinquième membre ?
Michael : Tout a commencé à quatre membres en 2009, mais je sentais qu'il nous manquait quelqu'un. Alors bien sûr on commençait déjà à écrire des morceaux ensemble, mais dès 2010 j'étais persuadé que nous avions besoin d'un force créatrice supplémentaire. J'ai alors pensé à Sandro Giampietro, un ami à moi qui m'avait épaulé sur mes albums solos à la guitare. Mais cela n'a pas pu se faire, alors ensuite j'ai quelque peu abandonné l'idée et je suis parti sur la tournée Avantasia où j'ai pu retrouver Kai Hansen. Et c'est là que nous avons retrouvé une vraie camaraderie comme à l'époque, on est en quelque sorte "retombés amoureux" l'un de l'autre notamment sur scène. L'alchimie était parfaite. Pourtant nous étions restés en contact pendant toutes ces années, mais le fait de rejouer ainsi ensemble à réveiller quelque chose en nous. Kai m'a alors dit qu'on devrait refaire un truc ensemble, il m'a même proposé de rejoindre Gamma Ray mais je me voyais mal incorporer un groupe avec 20 ans d'histoire, d'autant plus que Kai ne voulait pas non plus cesser le chant et que c'est peut-être un peu trop "100% heavy metal" pour moi. Moi je voulais, avec Unisonic, créer un groupe rock au sens large du terme, avec plusieurs possibilités y compris le metal - un peu à la Queen en somme. Et un jour, dans un taxi, Kai me fait remarquer que nous n'avions qu'un seul guitariste dans Unisonic... Là ça a fait tilt dans nos têtes, je pense que tout a commencé à partir de ce moment.
Kai était un peu le chaînon manquant qu'Unisonic recherchait pour démarrer en beauté son histoire. C'est exactement quelqu'un comme lui que nous recherchions. Tu sais, je crois beaucoup au destin, au karma, et je pense que c'est un signe si la recherche de cette "bonne personne" a duré aussi longtemps. Il fallait que ce soit Kai. Tout sonne meilleur avec lui, et il amène la touche metal qui manquait pour faire d'Unisonic un groupe complet.
Et de suite Kai s'est mis à composer avec le groupe ?
Michael : Il a amené avec lui quelques chansons déjà écrites en amont, mais nous avions également composé pas mal de morceaux avant son arrivée. Par exemple j'avais "No One Ever Sees Me" qui s'est vu quelque peu simplifié par la suite, avec le groupe nous avions des chansons telles que "Star Rider" sur laquelle Kai est venu proposer un refrain encore plus fort - au final Dennis et lui ont donné naissance au vrai "Star Rider" qui figure sur l'album.
Ma chanson préférée de l'album d'ailleurs...
Michael : C'est ma préférée également ! Tout a fonctionné très vite comme dans un vrai groupe : quelqu'un écrit un morceau, un autre y amène une idée, puis on trouve ensemble quelque chose d'encore meilleur, au final on donne tout pour rendre le résultat final le plus parfait possible.
Tu parlais de "No One Ever Sees Me" qui est vraiment ta chanson sur l'album, est-elle personnelle pour toi notamment au niveau de ses paroles ?
Michael : Tout est né d'images vues à la télé, dans ces pays plus ou moins islamistes où la femme est la propriété de l'homme. Par exemple en Inde où les femmes ont une valeur d'objet aux yeux de la tradition, là où les pères marient (et vendent) leurs filles de force. J'ai vu ce reportage où un père parlait de sa fille de 10 ans, en disant qu'il allait choisir son mari et que si elle parlait d'amour il la tuerait de ses propres mains. J'étais outré. Comment un père peut dire cela de sa fille ? C'est vraiment horrible. Je n'ai rien contre aucun pays ou aucune culture, il y a des musulmans très intègres par exemple, mais je ne peux pas accepter ces endroits où les traditions sont liées à des pensées ou à des actes aussi inhumains. Je ne les respecterai jamais. Pourtant je respecte toute croyance, moi-même je crois en Dieu, mais je ne peux pas accepter quand autant de cruauté est en jeu. Tous ceux qui tuent ou brisent les libertés au nom de Dieu ne peuvent pas être considérés comme des vrais croyants.
Cette histoire m'a beaucoup ému, j'ai donc écrit cette chanson en me mettant à la place de ces filles, les paroles sont élaborées dans cette perspective. Le pire c'est qu'elles grandissent dans cette peur et n'ont donc jamais connu la liberté, c'est vraiment affreux.
Et vous avez tous décidé ensemble qu'elle figurerait en dernière piste de l'album comme pour marquer le coup ?
Michael : Oui, nous étions tous d'accord là-dessus, c'était une évidence.
Comment ont été mises en place les orchestrations sur ce morceau ?
Michael : Je les ai écrites moi-même, à part quelques petits détails. Il fallait que ce soit fort à ce niveau ! D'ailleurs, la version démo sonne encore plus épique, plus sombre, on l'a un peu allégée sur la version finale afin d'en faire quelque chose de plus "Hollywood" peut-être. Ma première version était plus proche de Metallica par exemple, avec une guitare électrique légère à la place de l'acoustique.
As-tu écrit d'autres paroles ou d'autres chansons sur l'album ?
Michael : Non, pas vraiment, à part une autre vite fait au niveau du texte. Tu sais, à ce niveau on a Dennis Ward qui, étant américain, maîtrise parfaitement la langue et a une grande facilité d'écriture. Idem au niveau des compositions : Dennis, Mandy et Kai ont fait du très bon boulot.
Au niveau des autres textes, quelques thèmes qui t'intéressent plus que d'autres ?
Michael : Plus ou moins tous, ils ont chacun leur propre histoire. "Unisonic" parle de l'histoire du groupe, "Renegade" parle de comment parfois un ami peut devenir un ennemi et vice versa selon les situations, il y a aussi "My Sanctuary" qui parle de l'addiction que certaines personnes ont pour les jeux vidéos et qui vivent dans une réalité virtuelle.
Une question que certains fans se posent, pourquoi un EP quelques semaines avant l'album ?
Michael : Je ne sais pas moi-même (rires) ! C'est le label qui a eu l'idée, peut-être pour faire patienter les fans car l'attente a été longue, peut-être aussi au niveau des festivals à venir.
Avec un live en plus sur cet EP qui a dû combler les vieux fans...
Michael : Oui, en fait ce live est là surtout parce que nous ne voulions pas non plus "révéler" plus de trois chansons de l'album et qu'il fallait au moins une quatrième piste.
Et aussi la version démo de "Souls Alive", pourquoi ce choix ?
Michael : Car la chanson était déjà très bonne dans cette première version, très aboutie. Par contre nous l'avons totalement réenregistrée pour l'album.
Y a-t-il quelques chansons bonus prévues qui ne figurent pas sur l'album "officiel" ?
Michael : Déjà vous n'avez pas la chanson "King for a Day" sur la version promo. Mais il y aura en plus deux bonus pour différentes éditions de l'album : "Over the Rainbow" pour l'Europe, une sorte de ballade à la Scorpions écrite par Kai... et "Morning After", une chanson assez mainstream typée AOR, pour l'Asie.
Et en live, d'autres chansons d'Helloween prévues à part "I Want Out" ?
Michael : Seulement celles écrites par Kai et moi, pas celles de Weikath par exemple...
Toujours pas réconcilié avec Michael Weikath (NDLR : l'un des deux derniers membres d'origine encore présents dans Helloween) je suppose ?
Michael : Non non, pas moi. Pour lui (en montrant Kai qui revient participer à l'interview) oui, tout va bien, mais moi je ne peux pas...
(Retour de Kai Hansen à la table d'interview)
Revoilà Kai Hansen avec nous ! Bonjour Kai, il est temps pour toi de nous dire comment tu t'es intégré au groupe et imposé ainsi en tant que co-compositeur...
Michael Kiske : On avait besoin de lui ! (rires)
Kai Hansen : Apparemment oui (rires) ! Au début, quand je suis arrivé, j'ai commencé par écouter les démos déjà en place avant même d'amener quelques idées de chansons que j'avais écrites auparavant. Après on a choisi ensemble les pièces à travailler pour l'album et là chacun d'entre nous a apporté ses idées, moi y compris. Là dessus on a répété les morceaux qui nous plaisaient, titre par titre, en laissant le feeling agir. Le travail avec Dennis était vraiment très positif, on se répondait du tac au tac...
Michael : C'était marrant à voir, Kosta et moi on restait assis là à regarder leurs échanges ! (rires)
Kai : Oui c'était cool pour moi aussi, très instructif. Une fois les morceaux de base choisis et validés, j'ai apporté mes idées et on a assemblé le tout pour en faire un album.
Pour Michael et moi "Star Rider" est la meilleure chanson de l'album, ton opinion à ce sujet ?
Kai : C'est une de mes préférées aussi mais c'est dur pour moi de choisir, j'ai tellement travaillé sur chacune des chansons qu'il me manque un certain recul pour savoir quelle serait la meilleure selon moi. Il faudrait que je prenne le temps d'écouter l'album l'esprit libre pour m'en rendre compte.
Une chose frappante sur cet album : il y a beaucoup de très bons refrains qui accrochent l'oreille...
Kai : En effet, c'était une de nos priorités, on a pas mal travaillé en ce sens afin de rendre chaque refrain hyper catchy, on en a même remodulé certains pour qu'ils sonnent encore mieux jusqu'à ce que nous en soyons pleinement satisfaits. La même chose au niveau des structures d'ailleurs, on s'est efforcé plutôt de couper certains passages jugés "en trop" que d'en rajouter pour combler d'éventuels vides. Il valait mieux garder les choses à un niveau direct plutôt que d'aller dans la surenchère.
Michael : Pour moi c'est avant tout un synonyme de qualité. Plus tu fais l'économie de passages en trop, plus la chanson sera bonne. Alors qu'au contraire trop en rajouter revient souvent à essayer de masquer certaines faiblesses... par exemple, on a essayé de faire des versions acoustiques de "Star Rider" et "We Rise", et ça a de suite très bien fonctionné. La preuve que ces chansons sont à la fois simples et de qualité.
Kai : Je suis totalement d'accord avec toi.
Vous avez également essayé quelques petites expérimentations sur la chanson "I've Tried"...
Kai : Oui, elle était déjà là avant que j'arrive, et quand j'ai écouté les démos pour la première fois c'est l'une de celles qui m'a le plus marqué. Elle est assez spéciale, elle allie parfaitement certains éléments pop et progressifs à une musique à la fois rock et heavy.
Que dire à ces vieux fans d'Helloween qui espèrent qu'Unisonic va être en quelque sorte un Keeper of the Seven Keys Part III ?
Michael : Qui sait à quoi aurait ressemblé un Keeper Part III ?
Kai : C'est vrai, on peut toujours dire que c'est exactement là où nous voulions en venir... (rires)
Michael : Peu importe de toute façon, pour moi les Keeper I et II sont déjà très différents entre eux. Déjà à l'époque on ne se posait aucune limite, tu te souviens de comment on travaillait avec Tommy Hansen ?
Kai : C'est vrai, l'esprit n'a pas changé pour nous, on essaye toujours de donner notre meilleur sans jouer la sécurité. Nous suivons notre feeling et l'alchimie est plus que jamais présente entre nous.
Michael : Totalement, et ça va encore s'améliorer dans le temps j'en suis persuadé.
Kai : Il y a beaucoup de potentiel dans Unisonic et encore beaucoup de choses à développer à l'avenir.
Pensez-vous que ces mêmes fans vont aimer Unisonic donc ?
Michael : Certains oui, d'autres non.
Kai : Il est dur d'anticiper leur réaction à vrai dire. Parfois certains sont très difficiles...
Michael : (rires)
Kai : Mais d'autres seront sûrement assez ouverts d'esprit et devraient donc beaucoup apprécier l'album. Si certains espèrent entendre "Eagle Fly Free II" ou "je sais pas quoi des vieux albums II", alors peut-être seront-ils déçus, je ne sais pas. Il n'y a aucune chanson qui ressemble à ces vieux morceaux sur l'album, et tant mieux dans un sens car sinon ce serait mauvais signe.
Certains après avoir écouté l'EP compareraient plus Unisonic à l'album Pink Bubbles Go Ape, le premier Helloween après ton départ Kai...
Michael : Personnellement je ne pense pas que la comparaison soit judicieuse.
Kai : Peut-être que le morceau "Unisonic" a une vague ressemblance avec "Kids of the Century" dans ce côté speed rock fun. Tu sais, c'était une super chanson à l'époque...
Michael : Oui je sais, je l'ai écrite ! (rires)
Kai : Je pourrais facilement m'imaginer la jouer en live même si je n'ai rien à voir avec sa création.
Finalement, que penser de Pink Bubbles Go Ape avec le recul ? Je l'ai récemment réécouté et il n'est pas si mauvais...
Michael : Bah, il n'est pas génial quand même, mais il a ses bons moments il faut dire.
Kai : "The Chance" est par exemple un très bon morceau.
Michael : Le problème sur cet album est clairement le producteur, nous avons choisi le mauvais gars et certains titres qui n'avaient rien à faire là se sont retrouvés sur l'album. "I'm Doin' Fine Crazy Man" ou "Heavy Metal Hamsters" en sont de tristes exemple. Nous n'avons reçu aucune aide de sa part, même les démos semblaient meilleures et plus abouties : c'est dire ! Il n'y a eu aucun développement entre les premières démos et le résultat final...
Kai : En l'écoutant à l'époque je me suis dit qu'il y avait eu une évolution, quelques choses intéressantes, mais au niveau du feeling ou de l'énergie il manquait quelque chose. Comme si l'album n'avait pas été réalisé dans de bonnes conditions, avec aucun esprit positif et sans âme.
Michael : C'est exactement ça... Toute la production a été un véritable cauchemar pour nous...
Meilleur que Chameleon cependant ! (rires)
Kai : (rires)
Michael : Hmmm je sais pas, limite je préfère Chameleon personnellement, la plupart des gens le préfèrent à Pink Bubbles Go Ape d'ailleurs. Des titres comme "I Belive" ou "Longing" sont très bons par exemple.
Kai : Le souci c'est que les fans d'Helloween ont détesté cet album car il n'avait rien à voir avec le groupe en lui-même, c'était comme si ce CD était l'oeuvre d'une autre formation. Tu vois, quand j'ai écouté "Windmill" pour la première fois, je me suis dit que cette chanson était très sympa... pour l'Eurovision (rires) ! Mais pas pour Helloween...
Michael : Weikath l'a écrite celle-là... (rires)
Kai : Un album assez ouvert d'esprit au final...
Michael : Oui, c'est pour ça que je le trouve honnête, personnellement je suis toujours prêt à tenter des expérimentations quand je suis dans un groupe, je suis quelqu'un assez ouvert d'esprit.
Kai : Il le faut dès qu'on s'engage dans un projet musical. Regarde Metallica par exemple... les fans ont absolument détesté St. Anger car c'était différent, même le dernier album n'a pas remporté beaucoup de suffrages. Difficile de combler tout le monde, alors il ne reste plus qu'une chose à faire : suivre son coeur et jouer la musique que l'on aime.
C'est en cela qu'Unisonic respire la sincérité d'ailleurs, on sent que vous vous êtes beaucoup amusé sur cet album, il y a une véritable fraîcheur qui en émane...
Kai : Absolument !
Michael : Tout à fait !
Et au final ce n'est pas une surprise, les gens savaient que vous vous entendiez très bien et ce même en 1995 avec cette chanson "Time to Break Free" sur le Land of the Free de Gamma Ray avec Michael en guest.
Kai : C'était un bon moment ! C'est d'ailleurs une chanson qui aurait pu figurer dans Unisonic...
La chanson "Never Too Late" a un côté qui rappelle "Time to Break Free" sur le refrain, non ?
Kai : Un peu oui, la progression musicale ainsi que la fin du refrain sont assez ressemblants c'est vrai. Ce sont deux chansons avec une attitude punk rock, d'ailleurs "Never Too Late" l'est sûrement plus que "Time to Break Free" en ce sens.
Cet album a une grande qualité : il gagne au fil des écoutes et on s'y attache vraiment de plus en plus...
Kai : Oui, c'est exactement ce que nous recherchons. Sa variété et ses différentes couleurs font qu'on y revient facilement et qu'il gagne en intérêt, le temps d'assimiler tous ses changements et ses différentes chansons. Ce que t'entends dans cet album, c'est nous en tant qu'artistes : variés et honnêtes, qui jouent la musique qu'ils aiment sans concession. Et c'est vraiment ce qu'on espère de cet album : une oeuvre qu'on prendra plaisir à réécouter au fil du temps.
Parlons de la tournée à venir, vous débutez en Amérique du Sud d'ailleurs mais après... en Europe ?
Kai : Très certainement oui, on commencera par quelques festivals cet été, nous y travaillons avec certains organisateurs.
Et pourquoi pas en France au Hellfest ou au Sonisphere ?
Michael : C'est possible !
Kai : C'est en pourparlers oui, on espère faire l'un de ces deux si tout va bien mais je ne dis pas lequel (rires) ! Après on tournera en automne dans plusieurs pays européens, et j'espère bien qu'on passera en France.
Michael : Au moins une fois si ce n'est pas plus, c'est en tout cas mon souhait.
En espérant que vous passiez au moins à Paris, mais ça ne sera pas à l'Elysée Montmartre...
Kai : Oui j'ai appris la nouvelle... C'est triste, déjà qu'il n'y a plus La Locomotive non plus. Il reste d'autres salles cependant, comme le Trabendo où nous avions joué avec Gamma Ray en 2010.
Et Gamma Ray alors, cher Kai... en pause actuellement du coup ?
Kai : Oui et non, on a un DVD de prévu intitulé Skeletons & Majesties, il est toujours en cours de réalisation... ça prend un peu de temps ! Mais il y aura aussi un nouvel album de Gamma Ray très bientôt. Je peux même t'annoncer qu'il sortira en janvier 2013 si tout va bien, et ensuite nous partirons en tournée... Bref je ne vais pas m'arrêter ! (rires)
Penses-tu que ce sera dur de mener deux groupes de front à la longue ?
Kai : Hmmm, je pense que ça devrait aller si je m'organise bien.
Michael : Je suis même sûr que ça va lui faire du bien, Unisonic c'est quelque chose de rafraîchissant... Un peu comme des vacances au final !
Kai : C'est vrai, et ça permet aussi de voir les choses sous un autre angle.
Parlons de votre batteur Kosta Zafiriou... qui est aussi votre manager ! Pas trop dure cette double étiquette pour lui ?
Kai : Peut-être que pour lui ce n'est pas toujours simple en effet (rires), mais il s'en sort très bien.
Michael : C'est un excellent manager !
Kai : ... et un excellent batteur aussi !
Kosta est aussi le manager d'Helloween si je me trompe pas...
Kai : Oui, en collaboration avec Jan Bayati. Personnellement j'ai rencontré Kosta sur la tournée Helloween / Gamma Ray dont il était le Tour Manager, c'est à partir de là que nous avons débuté une véritable relation professionnelle.
On a vite fait évoqué le cas Michael Weikath avec Michael, toi tu t'entends mieux avec lui il me semble...
Kai : Disons que j'ai réglé tous mes problèmes avec lui, j'ai enterré la hache de guerre et je le prends comme il est...
Michael : ... un con ? (NDLR : Le mot "asshole" a ici été utilisé)
Kai : Il est excentrique en fait...
Michael : Je m'entends bien avec certaines personnes excentriques, ce n'est pas le problème ici.
Kai : ... Mais bon il a changé et évolué, tout va bien aujourd'hui, on n'a plus aucun échange à propos du passé et c'est mieux comme ça.
Michael : Tu n'as pas vécu avec lui ce que j'ai vécu je pense...
Kai : Je préfère rester neutre sur ce point.
Michael : Non, je veux que tu me soutiennes ! (rires)
Kai : (rires)
Michael : Enfin bref, je ne l'aime pas, c'est tout.
Parlons d'autre chose Michael et notamment de ton duo avec Amanda Somerville sorti 2010, un autre album est-il prévu ?
Michael : C'est possible, mais pas dans l'immédiat. Mon unique priorité actuellement reste Unisonic. Mais lorsque Kai sera occupé avec Gamma Ray, je pense que j'aurai le temps de m'occuper d'autres projets, et pourquoi pas celui-ci entre autres.
Et Avantasia, tu penses que c'est terminé ?
Michael : Oh non, je suis certain qu'il y aura un autre Avantasia.
Kai : Et si Tobias Sammet a besoin de nous, on répondra présent. Si nous avons le temps bien sûr. Avantasia c'est vraiment le fun absolu, les dates de la tournée restent un excellent souvenir.
Michael : C'est un peu les vacances, j'ai adoré ça ! D'ailleurs c'est amusant mais j'ai participé à Avantasia dès le premier album, quand on y pense...
Mais pas sous ton vrai nom !
Michael : C'est vrai, c'était une époque où je ne voulais vraiment avoir aucun lien avec le metal. Mais bon, Tobias était tellement gentil et cool que j'ai accepté de chanter pour lui, sauf que je lui ai imposé de me créditer sous le nom de... Ernie ! (rires)
Une drôle d'époque pour toi...
Michael : Oui, j'étais un peu fatigué de tout, j'avais vraiment vécu trop de mauvaises expériences. J'avais besoin de prendre un long break, j'ai donc débuté une vie totalement différente très loin de la scène rock, et j'étais persuadé que jamais je ne reviendrais à mes premières amours.
Kai : C'est vrai, s'il y a cinq ans on m'avait dit que tu referais du metal, je ne l'aurais moi-même pas cru. En espérant qu'il ne rechange pas d'avis d'ici deux ans ! (rires)
Michael : Je ne pense pas non ! (rires)
Quand on y pense, ce serait sympa un jour une sorte de grand projet avec plein de chanteurs metal allemands tels que vous deux, Hansi Kürsch, Ralf Scheepers ou Andi Deris... à moins que tu ne t'entendes pas trop avec ce dernier, Michael ?
Michael : Je ne le connais pas en fait, nous ne nous sommes jamais rencontrés.
Kai : C'est vrai cependant que j'ai un peu eu la même idée que toi, une sorte de festival qui ferait quelques dates mondiales avec des groupes allemands cultes. Par exemple Kreator, Accept, Running Wild, Blind Guardian, Rage, Edguy, Doro... ce serait génial ! J'imagine bien appeler ça "Germany Rocks" ou un truc du genre.
(Michael en profite pour faire une pause toilettes assez urgente)
Comment as-tu trouvé l'année 2011 musicalement notamment au niveau metal ?
Kai : Très bonne question...
Le metal est-il en train de s'essouffler selon toi ?
Kai : Je ne sais pas trop, c'est assez dur à dire. Tout a été inventé et métissé au niveau metal, il est donc très difficile d'inventer de nouvelles choses et la variété de styles dans la musique hard est vraiment impressionnante aujourd'hui. Au final, on ne recherche plus trop l'innovation de nos jours, et des groupes comme Airbourne sont encensés... alors qu'ils jouent grosso modo du AC/DC old school ! Et bizarrement certains après critiquent des groupes comme Rhapsody qui perpétuent encore aujourd'hui la tradition du speed symphonique, c'est assez dur à suivre. En ce qui me concerne, j'écoute un truc et si j'aime je n'en ai rien à faire si c'est du rock, du death metal, peu importe ! Un groupe comme DragonForce m'a pas mal plu à l'époque, idem pour Children of Bodom...
(Retour de Michael Kiske)
Michael : Children of Bodom ? T'écoutes ça toi ? (rires)
Kai : Oui (rires) ! Idem pour Sonic Syndicate... ou encore Tenacious D ! L'important est de jouer la musique de son coeur, quelque chose d'authentique.
Michael : Exactement. Que ce soit du metal ou non.
Et en groupes ou artistes français, vous aimez quoi ?
Michael : Je serais incapable de te dire, il y a une chanteuse que j'aime bien mais ce n'est pas du metal... Je ne me souviens plus de son nom là de suite ! (rires)
Kai : Moi j'aime beaucoup... Trust (rires) ! Heavenly aussi dont je me souviens à l'époque, ils étaient plutôt bons mais visiblement ils ont eu du mal à percer : c'est dommage. Sans oublier Gilbert Bécaud ! (rires)
Il est temps de conclure cet excellent moment par votre dernier mot aux fans français qui attendent impatiemment l'album...
Kai : On espère vraiment que vous aller adorer Unisonic, c'est important pour nous.
Michael : Et venez nous voir en live, on s'amusera bien c'est promis !
Photos : © 2012 Nidhal Marzouk / Yog Photography
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