On les avait découverts et rencontrés en début d'année dernière dans le studio d'enregistrement Ma Ferme dans l'Hérault à l'occasion de la sortie de leur deuxième EP To The End, ils sont revenus le 20 avril dernier avec un nouvel EP de six titres In Equilibrium. Les Muhadib, lors de l'interview pour la Grosse Radio, avait joué devant nos caméras un morceau de ce nouvel EP, un an en avance ! "One million big bangs" en mise en bouche que vous pouvez revoir ici accompagné d'une discussion avec le groupe (dont le line up a changé depuis) :
Et justement c'est le gros riff de guitare hardrockesque de "One million big bangs" qui ouvre In Equilibrium. Une sorte de pied de nez au reste de la galette qui se veut beaucoup planante que ce premier morceau même si le découpage de ce titre permet de longs moments de relâche avant ces refrains costauds.
Le reste de l'EP nous plonge comme dans le moelleux cotonneux de cette phase d'endormissement qui précède le sommeil lourd, ce moment où vous ne savez plus bien où vous êtes, où vous pouvez avoir des impressions de chutes et diverses sensations autrement savoureuses. Alors ne me faites pas dire que cet EP nous endort, non, il permet de se laisser aller, de ne plus penser, de juste écouter pour savourer une détente étrange que viennent par exemple amplifier les mélodies roulantes comme celle qui ouvre "It belongs to us". C'est obsédant, tourmentant, ça n'a pas l'air engageant comme ça mais si la musique n'était créée que pour danser...
Si l'on ne peut oublier que Ian, le chanteur guitariste du groupe, a été bercé par les Pink Floyd, cela ne se ressent pas forcément par les compos en elles-mêmes mais plus par un état d'esprit musical (voire social pour leurs propos), qui rapproche plus dans le style Muhadib de Radiohead que de Coldplay... La langueur de l'ensemble comme dans le long "The scales" où des cordes de violoncelle, alto et violon viennent nous vriller aux oreilles, les mélodies, comme je vous l'évoquais, roulantes, assez simples mais entêtantes, la légéreté parfois aussi et un ensemble de sensations tantôt agréables tantôt étranges, font de l'EP de Muhadib un agglomérat particulier de saveurs. Cet assemblage se retouve parfaitement dans "Grown Up", titre planant, touchant parfois parfois à la pop joyeuse mais aussi à la ballade mélancolique, sinon aérienne, sinon plus lourde avec l'assise de sa ligne de basse et son pont beaucoup plus Rock. Je vous le disais plus haut, un ensemble de sensations moelleuses entre rêve tout doux et cauchemar étrange.
Dans le clip de "It belongs to us", c'est le bon line up actuel, c'est un peu étrange et lancinant aussi :
Plus qu'un 6-titres, surtout un 5-titres agrémenté d'un intermède parlé "Le monde, aujourd'hui" qui ne laisse guère de doute sur ce qui habite Ian, l'auteur des titres, à savoir montrer que le monde tourne mal et que Orwell et K. Dick avaient raison. La musique de Muhadib pourrait servir de BO à de la SF. Ce n'est pas un hasard si le groupe tire son nom de celui d'un personnage du roman Dune, Muad'Dib qui signifie la souris du désert dans l'imaginaire de son auteur Franck Herbert. L'instrumental "Chaophonics" pourrait bien servir de générique de fin à ma chronique, pour cela, il vous suffit d'aller vous offrir ce voyage en équilibre sur la page Bandcamp du groupe et de cliquer sur lecture sur le titre numéro cinq et de relire ce paragraphe depuis le début. J'aurais pu vous le proposer avant, mais je suis dans le coton et m'en vais délicatement retrouver la douceur de la première minute en mode berceuse de "Grown Up"...