Nag, chanteur-bassiste de Tsjuder

Interview avec Nag de TSJUDER

réalisée le 01.03.2012
à Eindhoven, Pays-Bas

Par Katarz et Thomas Orlanth

Nous avons eu le plaisir de renconter Nag de Tsjuder avant leur show à Eindhoven, qui s'est révélé fort sympathique et qui a répondu à toutes nos questions pour La Grosse Radio. 

Katarz : Alors d'abord je voulais savoir comment vous est venue l'idée de faire cette tournée « Legion Helvete » ?

Nag : Au départ nous devions faire une tournée qui comprenait dix dates, mais on a eu des empêchements , cela n'a pas fonctionné pour diverses raisons et donc nous avons contacté Endezzma pour ne jouer que trois dates. On préférait jouer trois dates plutôt que de ne rien faire du tout.

Katarz : On a peu l'habitude de vous voir en petite salle c'est vrai, d'habitude vous êtes plutôt présents dans de gros festivals. Comment vous est venue cette idée de réaliser une tournée ? Etait-ce pour promouvoir votre dernier album ?

Non, pas du tout. Si nous sommes partis en tournée c'est parce que nous sommes amis avec Endezzma et nous voulions faire quelque chose ensemble. De plus, nous préférons jouer dans des clubs. Il y a une intimité qui permet à notre musique de s'exprimer encore mieux. Vous pouvez penser que nous faisons cette tournée pour promouvoir l'album, nous on ne voit pas les choses comme ça. Nous on le fait pour le fun, pour le plaisir de jouer.

Katarz :C'est vrai qu'on vous voyait moins souvent, puisque vous avez eu une période de « split » entre 2006 et 2009 où vous êtes revenus donner des concerts notamment au Hellfest. Peux tu nous parler de cette période trouble ?

Oui tout à fait, nous avons donné notre dernier concert en 2005 et au début 2006 nous avons décidé de splitter. Je crois que nous avions besoin de retrouver de l'inspiration et de se séparer un peu parce que cela faisait des années que nous jouions ensemble. En ce qui me concerne je continuais de jouer dans Krypt et notre batteur, Anti Christian jouait dans Sturmgeist. On s'est baignés dans ces influences d'autres groupes, d'autres gens, puis en 2009 tout doucement nous avons recommencé à jouer ensemble tout naturellement. Cela faisait au moins un ou deux ans que nous jouions ensemble de nouveau mais on ne le disait à personne.

Katarz : Et alors vous vous êtes remis à composer.

Oui, c'était l'idée. L'idée était de voir naître ce nouvel album, Legion Helvete.

Katarz : Et alors apparemment pour cet album vous avez ressorti de vieilles paroles écrites entre 1993 et 1995 ! Raconte nous ça . (Rires)

Quand nous avons démarré le groupe nous avions un classeur avec tout dedans, notamment les paroles. Et après avoir composé notre deuxième démo on s'est mis à le chercher partout et il était introuvable. Ca craignait à l'époque parce que tout notre travail était consigné dedans. Et puis en 2009 je faisais du ménage au sous-sol et il est réapparu ! (Rires) C'était cool parce qu'on a pu réutiliser 12 ou 13 paroles de chansons sur tout l'album, des trucs qui n'avaient jamais été sortis avant.

Katarz : Et ces paroles convenaient parfaitement ou vous aviez du les réadapter ?

Non, non, elles convenaient parfaitement. Nous en avons parlé et avons décidé de les garder telles qu'elles parce qu'elles correspondaient à ce que nous étions à cette époque là. Si nous avions réécrit des paroles aujourd'hui, il est clair qu'elles ne ressembleraient en rien à ce que nous faisions étant plus jeunes. On a pensé que c'était cool parce que cela nous faisait revenir à nos racines. Et aussi parce que nous étions par ailleurs très occupés dans nos vies. (Rires)

 

Katarz : Oui, c'est sûr. Ecrire est un processus très long. Mais alors de quoi parlaient-elles ces paroles de l'époque ? Parce que vous chantez souvent en Norvégien et il est difficile de les traduire systématiquement ...

En fait dans ce classeur c'était du 50-50 : nous avions des titres écrits en anglais et certains en  norvégien. Plus tard dans notre carrière nous essayions d'avoir toujours au moins un titre en norvégien dans nos albums. Pour le contenu des paroles c'est très simple : elles parlent de la noirceur, du mal, de l'anti-christianisme etc. Le truc classique.

Katarz : Ce qu'il y a de particulier avec cet album c'est qu'il est brut, rapide, efficace. Du « raw » Black Metal à l'état pur. Ca contraste pas mal avec ce qui se fait en ce moment. Et puis vous attaquez toujours sans prévenir, sans intro.

Oui, tout à fait, c'est aussi notre manière de jouer en live, sans intro. On monte sur scène et c'est plus ou moins : « Tchi tchi ! Phoooo ! ». Notre musique est agressive et cette manière de commencer un set est aussi une forme d'agressivité.

Et puis nous jouons simplement la musique qui nous plaît. Lorsque nous composons, on ne se donne jamais une voie à suivre, en se disant « Tiens et si on faisait un morceau brutal ? » ... cela nous vient naturellement sous cette forme là et finalement nos riffs en viennent souvent à être violents. 

Katarz : Alors comme ça vous composiez en secret ? (Rires)

Non, ce n'était pas secret dans cette optique là... Rires.
C'est juste qu'on ne voulait pas en parler à quiconque, ce qui est une forme de secret. (Rires)

Je crois qu'en fait on ne voulait pas créer des attentes, tu vois ? C'est plus dans ce sens là. On s'est simplement mis à travailler entre nous comme nous le faisions avant, à la différence que personne n'était au courant.

Katarz : Mais une fois que Legion Helvete était sorti, ça a été une grosse promotion, d'excellentes critiques de partout...

Oui, mais ça nous ne le voulions pas non plus. (Rires) Nous on voulait juste monter sur scène parce que cela nous manquait mais les promoteurs devaient bien annoncer le groupe qui va jouer et Season Of Mist était parti dans son idée d'en faire une promotion appuyée. Ils faisaient leur boulot.

Katarz : Alors qu'attendez-vous exactement exactement de ces dates (Pays-Bas, Belgique, Valenciennes) ?

J'espère que l'on va retrouver ces sensations des débuts, quand nous jouions dans de petits clubs, avec plus de contact, de réaction de la part du public, une communion. Pour nous cela permet de faire ressortir d'autant mieux notre agressivité et on espère qu'elle sera d'autant mieux perçue par les fans.

Katarz : Et en ce qui concerne cet été, vous serez présents à des festivals ?

Oui nous allons jouer la semaine prochaine en Suisse à l'Inferno Festival, puis aux Kings of Black Metal en Allemagne, ensuite au Portugal, et à l'Inferno à Oslo. Le dernier show est prévu aux Etats-Unis, au Maryland Death Fest. Nous n'avons cependant pas de tournée prévue aux Etats-Unis pour l'instant. En fait on va se calmer un peu ensuite parce que nous voulons écrire un nouvel album et nous avons hâte d'y travailler.

Katarz : Oui et puis vous avez des vies privées aussi, un travail, et certainement beaucoup d'occupations... d'ailleurs vous ne vivez pas de votre musique à ce que je sache.

Oui en effet, nous ne vivons pas du tout de cela. Pour nous ça a toujours été un plaisir de jouer, de composer, et il n'y a jamais eu en ligne de compte une motivation pécunière quelconque. Quand on gagne un peu d'argent parce qu'on a donné un concert ou vendu quelques disques c'est toujours un bonus, mais... c'est du Black Metal alors il ne faut pas chercher à en vivre.

Katarz : Et avec votre line-up actuel, vous vous sentez de nouveau réunis ? Plus forts qu'avant ?

Oui, non seulement tout se passe excellemment bien pour l'instant, le line-up est stable et on espère qu'il le restera. On se sent forts parce qu'après avoir décidé de faire une pause, nous nous sommes tout naturellement retrouvés, tu vois?

Katarz : Et la volonté de composer revient par cycles...

Oui et on a tous de notre côté une volonté de revenir à la musique, qui s'exprime différemment. En tout cas, on se connaît tellement bien maintenant que parfois nous n'avons même pas besoin de parler et pendant qu'on travaille on se rend compte qu'on va tous dans une même direction... c'est bien comme ça.

 

Thomas Orlanth : Si tu devais résumer Tsjuder en un mot, quel serait ce mot ?

C'est difficile en un seul... mais je le dirai en deux : Black Metal. Pour moi le Black Metal est brutal, extrême, brut, pas du tout pour les masses. Les gens doivent le craindre, car il est lié aux idées Sataniques.

Katarz : Et vos inspirations musicales se trouvent plutôt de quel côté?

On a toujours navigué dans le Heavy Metal, le Thrash.. Quand on était jeunes on écoutait Metallica, Sepultura aussi m'a énormément inspiré. Aussi j'aime les classiques du Black Metal : Bathory, Mayhem. Aussi Gorgoroth, Pentagram, Pure Holocaust, Darkthrone (A Blaze in the Northern Sky). On utilise toujours ces albums lors de l'écriture, on s'en imprègne, non pas pour les copier mais parce que ce sont nos racines et on y revient toujours.

Katarz : Et comment penses-tu que le public américain va réagir à votre prestation au Maryland, puisque non seulement c'est un Festival de Death, mais en plus les Américains n'ont pas le même héritage musical que vous ?

Ha ! Ce sera très intéressant, surtout qu'effectivement cette année la plupart des groupes présents jouent du Death... On va jouer le même soir que Brujeria et Morbid Angel. (Rires) Donc c'est un petit challenge pour nous d'y aller. Et tu sais, Morbid Angel est Morbid Angel. Ils ont aussi leur forme d'agression que j'aime beaucoup. Et ce sera bien je pense que le public voit la différence, ce que le Black Metal est vraiment ce soir là. On va leur botter le cul !

Katarz : En attendant vous aller botter les nôtres dans quelques instants. Merci pour l'interview.

Merci à vous.
 



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