Palace Winter – Waiting For The World To Turn

Après un premier EP 5-titres prometteur (Medication) sorti fin 2015, les Palace Winter s’étaient mis les médias dans la poche. A juste titre. Le groupe nous avait en effet proposé cinq bijoux, et même si la valeur de la musique ne se mesure pas au poids, force est de constater qu’à l’approche de l’épiphanie il était plus que tentant de reprendre de cette galette, dont chaque part renfermerait la fève.

Avant d’aller plus loin essayons d’en savoir un peu plus sur ce groupe de rock, psyché, pop (peu importe de toute façon la musique est viscéralement universelle) qu’est Palace Winter.

En 2013, le Danois Caspar Hesselager, qui tournait alors avec le très bon groupe The Rumour Said Fire, fait la rencontre de l’Australien Carl Coleman dans un bus de tournée, ce dernier faisant alors leur première partie. Partageant leurs goûts musicaux les deux musiciens se lient d’amitié avec le temps. C’est alors que l’idée les prend de faire de la musique ensemble, Caspar au clavier et à la production, et Carl au chant et à la guitare. Ils commencent à enregistrer en 2014 et attirent alors l’attention du label danois Tambourhinoceros. La suite on la connait : du travail, pour aboutir à Medication.

Aujourd’hui nous nous penchons sur Waiting For The World To Turn, leur premier album, qui sortira le 3 juin prochain. Un album fabuleux de 42 minutes, divisé en 9 morceaux.

Le constat global est que les musiciens se complètent incroyablement bien, chacun faisant écho à l’autre. D’un côté nous avons le clavier qui change de texture au cours de l’album, tantôt symphonique, tantôt électronique, parfois pianistique, pour donner du sens et du corps à cette voix magnifique et douce qu’est celle de Carl Coleman, parfois bercée par une guitare folk, souvent par une guitare électrique. Une batterie électronique les accompagne, celle de Christian Rindorf. La musique est riche, le groupe nous emmène vers un voyage atmosphérique aux accents pop et rock.

waiting for the world to turn, pop, rock , album, 2016

"Dune Wind", la première piste, nous donne simplement envie de fermer les yeux et de nous laisser transporter. De se perdre dans la nuit, de s’envoler pour ne jamais redescendre. Ainsi débute l’album, tel un rêve au sobre tempo électronique qui nous prend les oreilles. La guitare nous rappelle les plus belles heures de Johnny Marr, ce bon vieux guitariste qui donna tout une identité propre aux Smiths, avec la voix d’un Morrissey devenu cultissime. Et du Smiths on en reprendra deux morceaux plus tard avec l’introduction de "Positron", le premier single de l’album. Ce titre nous entraîne, nous fait nous asseoir et mettre en pause la vie un instant. On croit arriver à la fin du morceau, que le rythme ralentit pour perdurer, mené par un synthé symphonique qui nous met en transe. 

Pour revenir à l’aspect du rêve, "Hearts To Kill" nous offre un battement de caisse claire, peut-être un peu lassant à la longue, avec une mesure incessante de synthé, posée derrière une voix simple. Il est peut-être intéressant de souligner le fait que Carl chante sans faire d’ « effort » dans le sens où il n’y a pas vraiment d’aigus ni de graves sur l’album ; il chante avec sa voix de tous les jours, sans exagération, sûrement pour mieux atteindre nos cœurs.

La simplicité de la voix oui mais pas seulement. En fait chaque chanson est faite avec beaucoup de recul, et les instruments s’en trouvent donc très bien dosés. On parlait des touches électroniques au début, elles sont la plupart du temps incorporées à la musique, mais le dosage est si bien fait que l’on ne s’en rend pas toujours compte. C’est avec "Proclamation Day" que cela devient évident. Il y a toujours derrière ces arpèges de synthé, que l’on a parfois tendance à oublier ; ce « oui mais pas trop » que l’on retrouve disséminé un peu partout dans l’album. Il en va de même pour "Soft Machine", un titre plus léger, et dont les claviers gardent cet aspect de rayons de soleil qui passent à travers les stores à lamelles entre-ouverts, un matin d’été.

Le milieu de l’album est marqué par "H.W. Running", une référence au personnage de H.W. dans le film There Will Be Blood. La guitare électrique demeure discrète et la grosse caisse fait figure de pouls, dans un titre majeur de l’album. Surplombées par une voix mélodique, la marque de fabrique du groupe est établie.

Avec un son somme toute non agressif, toutes les chansons font preuve de fraîcheur et mettent l’auditeur de bonne humeur. Toutes sauf deux. "What Happened" est sûrement le titre le plus mélodique de l’album, dont les arpèges de synthés font figure de larmes, pour une fin instrumentale belle et calme. La chanson la plus triste est "Dependance", avec son intro synthé/voix glaçante et ses paroles incessantes "My dependance on you frightens me". Ce titre fera pleurer les plus émotifs. On est dans le néant, sur une autre planète. C’est une chanson que l’on écoutera regardant les étoiles, perdu au sommet d’une montagne. Le duo nous offre clairement ce qu’il a de meilleur, pour une fin superbe.

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L’album se clot avec "Independance", qui fait directement suite à "Dependance". Un titre qui s’empare de nous et où la guitare joue ces notes David Lynch-esque, toujours sur un beat qui habite le corps. L’aventure se termine avec ce synthé qui on l’aura compris nourrit la musique du groupe et joue avec notre imaginaire.

Waiting For The World To Turn est un album-rêve. Empreint de poésie, c’est une ode aux songes, à la rêverie, à la nuit, à l’ailleurs. Les sons sont variés et beaux, les instruments nous emportent.
Les Palace Winter viennent de nous pondre un voyage à l’intérieur de nous-mêmes, une esquisse de la perfection, un nuage rose au milieu de la tempête.

Waiting For The World To Turn s’écoute les yeux fermés, sans penser à quoi que ce soit mais simplement en regardant défiler les images que la musique de ces talentueux musiciens fait naître en nous.

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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