La pluie a commencé à s’abattre quelques minutes avant la fin du set de Children Of Bodom, qui précédait celui de Sabaton, à l’extrême opposé du site. Quand nous arrivons aux abords de la Mainstage pour nous placer avant l’arrivée des Suédois guerriers, l’orage fait rage, et les gouttes sont épaisses et nombreuses : un vrai déluge, qui n’ajoute qu’un peu de drame à la prestation de haut vol de Sabaton.
Avant l’introduction de l’imparable opener "Ghost Division", les Suédois nous font patienter avec la reprise couillue du "In The Army Now" de Status Quo par Bolland & Bolland, qui s’avère parfait pour se chauffer la voix sous la pluie battante.
La boue commence à apparaître sur le champ de bataille, et c’est une véritable guerre des tranchées qui nous attend : la pluie a fait des dégâts qui se ressentiront jusqu’au concert de Rammstein ce soir, mais elle n’est tombée quasiment que pendant que Sabaton jouait. Et s’il y avait bien un concert qui pouvait être mis en valeur par la pluie, c’est bien celui-là ! Les musiciens ne se laissent pas impressionner par les trombes d’eau qui s’abattent sur la scène, et démarrent pied au plancher.
Le son est plutôt correct, et juste un peu baveux dans les basses fréquences, mais qu’importe : la voix est bien à sa place et les harmonies rendent du feu de dieu. A la fin du premier titre, le frontman Joakim Brodén remercie chaleureusement le public, qui est dense malgré le déluge. Le chanteur est égal à lui-même pendant tout le set, c’est-à-dire excellent : il gesticule sans arrêt, assure ses lignes sans faiblir et déploie sa voix puissante pour jouer avec ses fans. C’est par exemple le cas sur "Swedish Pagans", qu’il introduit en faisant chanter l’introduction a cappella à tout le public, qui ne se fait pas prier.
"The Art Of War" passe tel un cortège de chars, et écrase tout ce qu’il restait de doutes quant à la qualité du show proposé par Sabaton. Le son est écrasant, les rythmes imparables, et l’exécution sans faille. Joakim se saisit d’une guitare pour rejoindre ses comparses Chris Rörland et Thorbjörn Englund, et entonner "Resist And Bite". La pluie commence à faiblir, mais les vestes à patches et les treillis sont déjà trempés jusqu’aux coutures.
C’est le moment que Chris choisit pour réchauffer le public, et jouant seul en scène un extrait de "Wind Of Change" de Scorpions. Le pit chante à tue-tête cet hymne, et tout dérape au moment de siffler la mélodie caractéristique du morceau dans le micro : le résultat ressemble plus à une série de pets qu’à un enchaînement de notes, et l’hilarité générale gagne bientôt la fosse comme la scène. Quelle franche rigolade !
Les sirènes d’urgence retentissent pour annoncer "To Hell And Back", après lequel le groupe se retire. Il revient rapidement pour un rappel de trois titres, qui s’achève bien sûr par l’intemporel "Metal Crüe", et ses paroles très second degré alignant les noms de formations légendaires.
Au final, Sabaton a proposé un show radicalement différent de ce qui avait été fait lors de leur dernière date au Bataclan. Le temps de jeu réduit et la météo diluvienne ont créé une ambiance très particulière et adaptée à l’univers des Suédois : exit les phases de déconne à descendre des bières et faire n’importe quoi entre les morceaux, malgré tout ce qu’elles ont de plaisant, et bienvenue à l’imagerie de la guerre, presque "en vrai". Seul léger regret, l’absence du fameux char soutenant la batterie, mais on pinaille.
Ce qui est sûr, c’est que nous serons à nouveau présents pour applaudir Sabaton en novembre prochain à Paris !
Setlist :
In the Army Now (sur bande)
The March to War (sur bande)
Ghost Division
Carolus Rex
Swedish Pagans
The Art of War
Resist and Bite
The Lost Battalion
Wind of Change (extrait, reprise de Scorpions)
To Hell and Back
Rappel :
Night Witches
Primo Victoria
Metal Crüe
Dead Soldier's Waltz (sur bande)
Masters of the World (sur bande)
Photographies : © Nidhal Marzouk 2016
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