Trois ans après « Eternal Defiance », les allemands de Suidakra reviennent à la charge avec Realms of Odoric.
Il s’agit déjà du douzième album studio d’un groupe qui a débuté en 1994, ce qui en dit long sur la régularité et la longévité de la formation allemande.
Ce nouvel album est basé sur un projet musical et artistique du même nom, commencé en 2013 par Arkadius Antonik et l'artiste belge Kris Verwimp. Ce dernier étant l’illustrateur attitré des pochettes du groupe, mais aussi l’inspirateur de son concept lyrique et visuel.
Il faut dire en passant que la pochette est plutôt réussie, même si c’est souvent une affaire de goût, mais jugez-en par vous même !
L’album débute dans une ambiance mystique et fantastique, avec cornemuse, laissant rapidement la place à un metal plutôt mélodique, avec de bons vieux riffs heavy.
« The Hunter’s Horde » commence comme une musique d’un film d’heroïc fantasy, et l’ambiance "médiavalisante" transparait. Evidemment, l’apparition soudaine de growl, de guitare et de batterie frénétique nous rappelle rapidement vers le présent du XXIè siècle ! Un bon refrain, des ralentissements bien sentis, une ambiance portée vers le folk et l’épique, des envolées de guitares, que demander de plus ?
A nouveau apparaît un ralentissement à l’ambiance mystérieuse, avant un chant ténébreux et grave, digne d’un Septic Flesh. Nous sommes déjà au quatrième titre, à savoir « Creeping Blood ».
Changement de style avec « Undauted ». Le chant devient clair, presque groovy. On croirait presque entendre un groupe de neo metal. Bon, j’exagère un peu, mais heureusement que la cornemuse est là pour nous rappeler qu’il s’agit bien de Suidakra. Disons que c’est sans doute un morceau taillé pour la radio. La mélodie est accrocheuse, et la rythmique donne tout de même une sacrée envie de secouer la tête !
Suivent ensuite plusieurs morceaux portant cette marque mélodieuse qui s’accompagne d’un chant au moins en partie clair.
« Braving The End » surprend avec un chant féminin, quelques arpèges et un duo qui sonne très blues rock sudiste. Un style différent certes, qui me fait penser quasiment à du Nick Cave période Murder Ballads !
Le changement était de courte durée, car on revient rapidement à ce qui semble être le leitmotiv de cet album : cornemuse, chœurs, riffs heavy, accélérations, ambiance fantastique, growl, ralentissements.
Le film s’achève presque avec "Cimbric Requiem", pendant que les héros s’en vont au loin sur leurs chevaux. Non, vraiment, on se croirait dans Conan ou un autre film « médiéval fantastique ».
Ce dernier morceau aurait pu faire une excellente outro, mais il y en a une autre encore, appelée « Remembrance », non moins excellente d’ailleurs. En fait, il s’agit de la piste bonus du digipack. Ceci expliquant cela ! Cette fin est un peu à l’image de l’album : on peut toujours en rajouter et l’auditeur se dit souvent, que c’était pas mal du tout comme idée, aussi surprenant que cela soit parfois.
J’avoue que j’ai beaucoup apprécié cet opus de Suidakra, tant il mêle diverses influences et présente des mélodies accrocheuses pour l'oreille.
On voit que le chanteur/compositeur/guitariste/claviériste/fondateur Arkadius Antonik est décidemment encore bien en forme et capable de certaines innovations sonores intéressantes. Realms of Odoric est donc clairement un album très abouti, qui fourmille de bonnes choses.
Si vous supportez le côté épique et mélodique, certaines voix claires et quelques sorties des sentiers battus du metal bourrin traditionnel, vous risquez d’apprécier ce dernier CD autant que moi.
Par contre, si vous êtes réfractaires aux passages très mélodiques, plutôt taillés pour une diffusion plus large, ou si vous ne jurez que par les enchaînements frénétiques du folk metal festif, avec chansons à boire et autres joyeusetés, vous risquez d’être déçus.
Ici,nous sommes dans les royaumes d’Odoric, et c'est du sérieux !
Eternal Defiance - sortie le 20 mai 2016 chez AFM Records.
Tracklist (42:47):
Into The Realm (1:14)
The Serpent Within (4:09)
The Hunter’s Horde (4:27)
Creeping Blood (2:02)
Undaunted (4:00)
Lion Of Darcania (5:11)
Pictish Pride (4:00)
On Roads To Ruin (3:43)
Dark Revelations (4:09)
Braving The End (3:38)
One Against The Tide (3:54)
Cimbric Requiem (4:09)
Remembrance (bonus) (2:38)
Thomas Orlanth