Paolo Gregoletto, bassiste de Trivium, au Download Festival 2016

Trivium était de passage en France à l'occasion du Download Festival. Nous avons pu nous entretenir avec le bassiste de la formation, Paolo Gregoletto, à propos de leur dernier album, Silence in the Snow, et notamment sur son esthétique particulière ainsi que de leur passage au chant clair.

Merci de nous accorder cette interview Paolo. Comment vas-tu ?

Paolo: Bien, on a fait un bon concert. Mais en même temps, on a un sentiment un peu étrange avec tout ce qu'il se passe dans notre ville en ce moment (l'interview se déroule peu après l'annonce de la fusillade à Orlando, ndlr). Mais je suis très heureux d'avoir pu jouer aujourd'hui, ça fait du bien.

Nous n'avons pas eu la chance de vous rencontrer au moment de la sortie de votre dernier album Silence in the Snow. Tu peux nous parler un peu de cet album ?

Paolo: On a commencé à écrire cet album il y a de ça deux ans. On a jeté un oeil à d'anciennes démos qu'on avait pu faire les précédentes année et "Silence in the Snow" était l'une d'entre elles. On a travaillé dessus après notre tournée avec Heaven and Hell. C'est un morceau qu'on avait de côté mais qu'on n'avait pas travaillé pour Shogun. On a commencé à rejouer ce morceau et, petit à petit, avec les modifications qu'on a pu y apporter on a décidé de baser l'ensemble de l'album autour de ce morceau en se concentrant sur le côté mélodique du groupe, plus spécifiquement au niveau du chant. On a toujours de gros riffs mais on s'est dit qu'on voulait laisser la mélodie et les voix porter les morceaux. C'était vraiment un album réfléchi, on en a beaucoup parlé entre nous et c'était un défi pour nous car nous n'avions pas le chant crié mis en avant cette fois-ci. C'est quelque chose qu'on utilisera à nouveau très certainement, mais c'était un bon challenge en tant que compositeurs de voir qu'on était capables de faire des morceaux sans cela. On a fait du mieux que nous pouvions, on est très heureux de cet album, et très contents des retours que nous avons pu avoir. On n'avait jamais été dans un Top 10 en Amérique avant ça, et c'est arrivé pour la première fois avec cet album.

Vous avez modifié vos méthodes d'enregistrement ?

Paolo: A chaque fois qu'on entre en studio on réutilise ce qu'on a appris des albums précédents. On n'essaie pas de repartir de zéro, on fait à partir de ce qu'on a appris, on tire forcément un enseignement de ses erreurs. Travailler avec Michael Baskette était très intéressant, on a beaucoup eu à apprendre avec lui. On essaie à chaque fois de travailler à partir de ce qu'on a déjà fait.

Pourquoi avoir choisi ce titre pour l'album ?

Paolo: La démo avait déjà ce titre, ça date d'il y a sept ou huit ans, et on l'a gardé. Quand on a eu les morceaux et qu'on les a joué ensemble, on s'est rendus compte que ça correspondait bien au titre de la démo, que ce faisait sens de conserver ce titre pour l'album.

Pourquoi avoir privilégié le chant clair sur cet album ?

Paolo: Lorsqu'on a fait la démo on savait déjà qu'il y aurait plus de chant, on s'est concentré là-dessus et au final l'écriture s'est naturellement faite de cette façon. On est également arrivé à un point où nous avions peur pour Matt et sa voix, il a appris que malheureusement, sa façon de crier endommageait ses cordes vocales. C'était très dur pour lui, il a du réapprendre à chanter et changer de méthode pour crier. Ça a bien dû lui prendre deux ans ! C'était un sujet un peu critique du coup. Au moment d'écrire l'album on s'est demandé comment on allait s'organiser. Est-ce qu'il allait de nouveau crier ? Est-ce que Corey devrait le remplacer à ce niveau-là ? Il y a eu pas mal de réflexion à ce sujet. Au final on a décidé d'utiliser un chant puissant, mais sans cri. Après, est ce qu'on utilisera à nouveau le chant crié à l'avenir ? Je pense pouvoir dire que oui, d'une façon certainement différente.  Mais c'était en tout cas une excellente expérience doublée d'un beau challenge.

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Tu peux nous parler un peu de l'univers que vous avez créé autour de Silence in the Snow, avec l'artwork et des vidéos ? 

Paolo: On a travaillé avec la même personne pour tout ça, il s'agit  de Jon Paul Douglass, c'est un bon ami à nous. Il a fait toutes les photos et toutes les vidéos. On avait décidé de faire faire des masques. Et il a décidé de les réutiliser pour des photos, et c'est ce qu'on a choisi ensuite pour la pochette de l'album. On a eu quatre masques de réalisés. On a essayé avec différentes couleurs ainsi que différentes teintes de fond. Et au final le blanc sur blanc est celui qui nous a le plus plu. On a voulu intégrer ce nouveau personnage à notre projet, un peu comme la nouvelle personnification de Trivium. On essaie d'utiliser ce crâne au maximum.

Vous avez un nouveau batteur pour cet album, Mat Madiro, a-t-il contribué à l'écriture des morceaux ?

Paolo: C'était en fait très étrange car il a rejoint le groupe un peu à la dernière minute sur une tournée. On a décidé de le garder pour enregistrer l'album, c'était son tout premier enregistrement. Du coup, on a dû lui montrer comment se déroulait le processus d'enregistrement, en essayant de faire parler son côté créatif et d'incorporer ça aux morceaux. Les morceaux étaient déjà écrits, il avait juste à apporter sa patte à la batterie. On a bien travaillé avec lui durant au moins cinq semaines en pré-production.

Comment vois-tu l'évolution du groupe au fil des années ?

Paolo: Je pense qu'au début on était vraiment dans l'énergie et l'intensité. Mais au fur et à mesure on a essayé d'être plus intelligents dans l'écriture de nos morceaux. Je pense que nos débuts avec Ascendancy étaient parfaits, avec des morceaux comme « A Gunshot to the Head of Trepidation », tout en lourdeur et en intensité. On a ensuite réussi à bien travailler cela, à le pousser vers quelque chose de plus progressif. En simplifiant certains aspects et en y ajoutant un côté un peu plus commercial. A mon avis on a réussi à trouver un juste milieu avec des morceaux comme « In Waves » qui pour moi sont des morceaux qui relient parfaitement ces deux mondes totalement différents. Et c'est aussi ce qu'on aime avec notre groupe, c'est qu'on n'a jamais eu à rester d'un côté ou de l'autre, on a pu franchir les barrières.

Quel morceau décrirait le mieux, selon toi, votre nouvelle évolution ?

Paolo: Je ne sais pas, c'est un peu délicat car je pense que plusieurs morceaux pourraient correspondre à cela. « Blind Leading the Blind » pour moi a ce riff qui, même s'il est sur ce nouvel album aurait pu être sur un album plus ancien de Trivium. Mais en même temps il a ce refrain qui n'aurait pas pu être nulle part ailleurs. Pour moi « Until the World Goes Cold » aussi, nous fait entrer dans un autre monde, nous propulse à un autre niveau. C'est important pour moi car on n'a jamais eu vraiment de morceau comme celui ci et finalement les gens semblent y être très réceptifs. Il n'y avait pas de morceaux comme ça sur Vengeance Falls. Et je trouve que pour le coup ça montre bien notre potentiel et jusqu'où nous pouvons aller.

Vous travaillez déjà sur un nouvel album ?

Paolo: Non, rien d'officiel. On va rentrer et jouer, écrire, s'amuser un peu avec ça tous ensemble. Et parfois ce qu'on écrit là ressort sur un album. Tout de suite, on a encore beaucoup de dates à faire suite à la sortie de Silence in the Snow.

Vous n'écrivez pas en tournée ?

Paolo: Non, plus maintenant. On a eu l'habitude de le faire auparavant. On a déjà beaucoup à faire avec les concerts, la promo. Je pense que c'est assez, et je ne pense pas que les idées soient aussi bonnes si on se force à écrire durant ces moments là.

Vous pensez évoluer dans quelle direction pour les prochains albums ? Un retour aux racines ?

Paolo: Non je ne sais pas. Ce projet, c'est un peu comme un arbre, il grandit, il évolue. On revient à nos racines quand on est mort j'imagine. (rires) On a déjà des idées en tête pour la suite, ça nous motive pas mal pour l'instant. Je pense qu'on a du potentiel pour faire quelque chose qu'on a encore jamais fait pour le prochain album. C'est le but. On doit réussir à réutiliser ce qu'on a déjà fait en y incorporant des éléments nouveaux et en les faisant évoluer ensuite.

Il y a des morceaux qui ont été particulièrement difficiles à mettre en forme sur cet album ?

Paolo: Je pense qu'en lui-même cet album est un véritable challenge pour Matt. Il a dû réapprendre à chanter. Il a dû s'approprier cette nouvelle technique pendant l'enregistrement de Silence in the Snow. Mais l'album entier a demandé beaucoup de travail, les soli, les riffs, tout devait permettre à la mélodie et à la voix de ressortir. Ça nous a fait évoluer. Surtout après avoir joué ça en live.

Vous sentez justement une évolution du groupe en live au fil des années ?

Paolo: Oui, on a un jeu plus resserré. On répète beaucoup avant les concerts, et surtout avant les tournées pour être vraiment sûrs de nous. Ce serait une perte de temps pour les fans de ne pas être au top. J'ai personnellement toujours préféré les groupes meilleurs en live.

Justement, quelles sont tes influences personnelles ?

Paolo: Metallica et Slayer sont les gros groupes qui m'ont vraiment apporté quelque chose quand j'étais plus jeune. Et j'ai élargi mes horizons depuis. J'aime bien aller regarder de nouveaux groupes sur Spotify, chercher des trucs que je ne connais pas et découvrir de nouvelles choses.

Du coup tu vas aller voir Megadeth qui joue en soirée ?

Paolo: J'aimerais bien oui !

Merci beaucoup Paolo de nous accorder un peu de ton temps. Un dernier message pour les lecteurs de La Grosse Radio ?

Paolo: Gardez l'oeil, on va bientôt annoncer une tournée pour le début de l'année prochaine. On revient ! 



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