Pour qui sunn le glas
Vendredi - 23h45 - Valley
Après Earth et Melvins, quoi de mieux pour finir cette soirée axée sur la scène lourde de Seattle que Sunn o))), formation énigmatique et protéiforme, aux compositions monolithiques menaçantes. Il était temps de boucler cette boucle drone après l’incroyable concert de Earth, groupe à l’origine du mouvement et ayant été l’influence première de Sunn o))) dans leur démarche artistique.
Certains ont une bannière, des décors ou une projection vidéo, Sunn o))) n’a que des amplis, formant un véritable mur de son, et pas une illusion comme celle bien connue d’Immortal ou d’autres formations. Cette configuration technique impressionnante est nécessaire au groupe pour créer l’effet désiré, à savoir un volume si imposant qu’il enveloppe l’auditeur et lui remue les entrailles. Le quatuor étant enveloppé dans un important nuage de fumigènes, le spectateur est invité à l’introspection et à s’immerger dans ce bain de décibels.
On peut sinon écouter Attila déployer une impressionnante palette de textures vocales, allant du growl à la Mayhem aux vocalises orientalisantes. Contrairement à ce qu’on pourrait penser de prime abord, un concert de Sunn o))) comporte un certain nombre de variations, déjà parce qu’il y a une bonne part d’improvisation dans la performance, mais aussi dans le travail du son en lui-même, notamment sur la guitare, qu’on entendra même en son clair pendant quelques minutes. Il y a aussi une importante construction de dynamique et de transition, avec une introduction agressive, un développement plus dérangeant basé sur les expérimentations d’Attila, et une conclusion chaotique mêlant les deux aspects avec des riffs toujours plus lourds et hypnotiques. Et un costume façon Statue de la Liberté de cristal porté par Attila.
Ah oui, le volume. Comment le décrire ? Eh bien, c’est quasiment impossible en fait, il faut l’entendre pour le croire. On ne peut raisonner que par approximation : de tous les groupes que vous avez vus en concert, prenez celui qui joue le plus fort. Imaginez ceci significativement plus fort (même en prenant encompte les protections auditives) et vous aurez une vague idée de l’expérience acoustique que représente Sunn o))). C’est sentir chaque os de son corps vibrer à l’unisson des guitares et du Moog. C’est la musique du Mordor, jouée par les Nazgûls cachés dans la brume de la vallée de Minas Morgul. Plus qu’un concert, voir Sunn o))) est une expérience, un rite de passage, qui fait relativiser sur la perception de la musique et de ses extrêmes. A vivre une fois dans sa vie !
Setlist :
o))))))))))))))))))))
o)))))
o))))))))))))))
o))))))))))))))))))))))))))))
Photographies : © Thierry 2016
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe