Avec la réédition si attendue de Revolution DNA, prévue pour le 5 août 2016, Season of Mist complète de la plus belle des manières le back catalogue des démons grecs de Septicflesh. Ce cinquième opus si bien accueilli par la critique à l'époque a eu le droit à un bon coup de jeune. En effet l'artwork de la pochette a complètement été revu par Adrien Bousson et plébiscité par l'ensemble du groupe. Des contenus exclusifs rédigés par Olivier "Zoltar" Badin ont vu leurs apparitions au sein du livret de ce splendide album.
Créé à l'origine par Chritos et "Seth Antonious" Spiros en 1990 à Athènes, les deux frères furent rapidement rejoints par le guitariste Sotiris Vayenas qui apporta sa pierre à l'édifice. Le début de carrière du groupe, tel un voyage musical, les a menés de leur sauvage EP Temple of the Lost Race (1991) au virage audacieux pris par Ophidian Wheel (1997) et à l'élargissement de leur horizon musical avec A Fallen Temple jusqu'aux profondeurs de Revolution DNA. En basant leur musique sur le death metal traditionnel, Septicflesh est, par la suite, entré dans des expérimentations fascinantes en ajoutant des éléments classiques comme en témoignent leurs deux premiers albums Mystic Place Of Dawn (1994) et Esoptron (1995). Leur troisième album Ophidian Wheel ainsi que A Fallen Temple ont été les témoins de l'expérimentation des Grecs avec les possibilités offertes par le gothic et l'utilisation de magnifiques chants clairs féminins contrastants avec des growls venant des profondeurs des ténèbres.
Mais en cette année 1999 Révolution DNA marque le passage de Septicflesh dans une autre dimension, en effet, l'absence très facilement notable des chants de soprano féminins de Nathalie Rassoulis permettent la mise en relief et l'intensification des duels entre les growls profonds et intenses de Seth et les chants clairs fluides et limpides de Sotiris. Les deux protagonistes mettent du coup en valeur le passage de l'ombre à la lumière continuellement présent au sein de cet album.
Le talent de Septicflesh pour plonger son public dans une atmosphère sombre tout en laissant libre court à leurs multiples expérimentations acoustiques ne cesse d'affirmer leur style musical si caractéristique depuis leurs débuts. Mais le niveau atteint dans ce Revolution DNA leur permet de tutoyer de nouveaux sommets. Le futur leur donna raison. Après une brève séparation du groupe suite à la sortie de Sumerian Demons (2003), le quatuor athénien se reforma en 2007, fort du soutient de leurs fidèles et loyaux fans et leur offrit le plus beau des cadeaux, trois chefs d'œuvre, Communion (2008), The Great Mass (2011) et Titan (2014) confirmant leur statut de grande force du dark metal symphonique.
Dès la première écoute de Revolution DNA, on est littéralement scotché par la puissance des riffs et la profondeur des compositions qui nous plonge dans une atmosphère si sombre et pesante propre à l'univers du groupe. Mais l'élément le plus marquant de cet opus est l'utilisation de samples présents dès l'introduction de "Science", premier titre de l'album, et omniprésents tout au long de "Chaostar" et "Androïd". Beaucoup de combos se sont brulés les ailes à se risquer à ce genre d'expérimentations, mais le talent artistique de Septicflesh prend le dessus et la sauce finit par bel et bien prendre. L'album bénéficie d'une dynamique toute particulière, notamment grâce aux nombreuses variations d'atmosphères, nous ballottant tantôt du côté obscur avec les growls soutenus de Seth tantôt vers la clarté au travers du chant posé et limpide de Sotiris. Tout au long de l'album la maitrise technique des Grecs est mise en exergue par des riffs puissants, saturés et lourds comme dans "Science", "DNA", "Revolution" ou même "Telescope "mais par aussi des rythmes plus lents et aériens présents dans "Last Stop to Nowhere", "Nephilim Sons" ou "Arctic Circles". Season of Mist nous réserve une belle surprise à la fin de cet opus. En effet, le choix judicieux a été fait de partager avec nous les trois bonustrack de la réédition de 2005 , édité à seulement quelques exemplaires. "Misery's King", "The Thief Of Innocence" et "Telescope (french version)" contenterons les nombreux fans de Septicflesh et permettront de faire durer le plaisir.
Une bonne séance de botox a été réalisée sur ce Revolution DNA, album qui paradoxalement décrie les dérives et les risques de la science et du progrès technique. Les Grecs de Septicflesh étaient-ils des visionnaires en 1999 ? Espérons que l'avenir nous prouvera le contraire.
Tracklist:
1. Science
2. Chaostar
3. Radioactive
4. Little Music Box
5. Revolution
6. Nephilim Sons
7. DNA
8. Telescope
9. Last Stop To Nowhere
10. Dictatorship Of The Mediocre
11. Android
12. Arctic Circle
13. Age Of New Messiahs
14. Misery's King (bonus track)
15. The Thief Of Innocence (bonus track)
16. Telescope (bonus French version)
Line-up:
Spiros "Seth" Antoniou: basse, chant
Sotiris Vayenas: guitare, chant
Christos Antoniou: guitare, samples
Akis "Lethe" Kapranos: batterie