Quelques instants avant d’investir la scène des Déferlantes, Peter Hook nous accorde quelques minutes pour nous parler du fonctionnement de son groupe Peter Hook And The Light, pour revenir sur Joy Division et New Order et pour nous évoquer son travail avec les Limiñanas…
La Grosse Radio : Bonjour Peter ! On est très content de vous croiser sur la route. Avec votre nouveau groupe, vous avez choisi de ne jouer que des reprises de Joy Division et New Order. Pourquoi?
Peter Hook : Tu sais, ça aurait été complètement dingue de reprendre des chansons de The Cure ! (Il se marre). Sérieusement, ce qu’il s’est passé, c’est que quand New Order a splitté en 2006, j’ai réalisé que nous n’avions jamais rien fait pour célébrer l’œuvre de Joy Division ou New Order. A ce moment, ça faisait déjà trente ans environ que Joy Division avait été créé. Je voulais seulement célébrer ces trente ans ! Je voulais rejouer la musique du groupe parce que je l’aime vraiment ! Très vite nous avons été très demandés pour jouer partout dans le monde et nous y sommes allés. Une fois que nous nous sommes lancés dans cette aventure Joy Division, il nous a semblé logique de faire la même chose avec New Order. Mon ambition était de jouer toutes les chansons que j’ai écrites ou enregistrées avec l’un ou l’autre des deux groupes.
En plus, si l’on regarde un peu en arrière, on s’aperçoit que New Order a finalement peu joué live. C’est cool de pouvoir ressortir des vieux morceaux de New Order parce qu’à l’époque nous en jouions très peu.
L.G.R. : Quand vous vous plongez dans votre longue carrière, quels sont les morceaux que vous préférez ?
P.H. : Les morceaux de Joy Division sont beaucoup plus faciles à jouer. Ceux de New Order sont beaucoup plus difficiles. Ils demandent une grande concentration. En fait, je les aime tous et je suis content de pouvoir les jouer n’importe où et n’importe quand. Ca pourrait aussi être intéressant de jouer de nouvelles chansons mais si je veux le faire, je le fais avec d’autres groupes. Je l’ai d’ailleurs fait récemment ave un groupe français qui s’appelle The Limiñanas. C’était un super morceau qui s’appelle "Garden Of Love". J’ai aussi travaillé récemment avec Rusty Egan qui était à l’époque batteur des Rich Kids, un groupe new wave formé par Glen Matlock après son départ des Sex Pistols. Je joue aussi avec un groupe qui s’appelle Man Ray. Je me suis beaucoup occupé du club The Hacienda et je continue encore à la faire. Pour être honnête, je n’ai pas trop le temps de me pencher sur l’écriture de nouvelles chansons.
L.G.R. : Peut-on qualifier Peter Hook and The Light de Tribute Band à Joy Division et New Order ?
P.H. : Oui, tu peux le dire. Plus exactement, c’est ma manière de célébrer ce qui a été fait par ces deux groupes. Nous jouons très souvent des albums en entier mais nous ne prétendons pas être le groupe original. Mon gros problème avec New Order, après mon départ, c’est qu’ils voulaient absolument être New Order alors qu’ils ne l’étaient plus… Le public ne s’y retrouvait pas. Ce que je ne veux absolument pas, c’est que les gens nous voient comme Joy Division ou New Order. Nous voulons juste rendre hommage à la musique de ces deux groupes en jouant les albums comme ils ont été écrits et comme ils ont été produits.
Et franchement, je prends beaucoup plus de plaisir à jouer ces morceaux maintenant qu’à l’époque. On s’amuse beaucoup avec le groupe sur scène. C’est vraiment cool ! Des chansons comme "Age Of Consent", "Every Little Counts", "Ecstasy" nous permettent de rejouer correctement des choses un peu oubliée de New Order. C’est la même chose avec Joy Division. C’est génial d‘exhumer ces vieux titres pour les resservir aux fans. Quand je joue maintenant "Age Of Consent", j’ai vraiment l’impression que c’est une nouvelle chanson. Je n’ai pas besoin d’écrire de nouveaux morceaux avec tous les anciens qui ne demandent qu’à être connus. Ils n’ont pas été joués pendant 25 ans… C’est fou !
L.G.R. : Avec tous les morceaux que vous avez, comment choisissez-vous la setlist chaque soir ?
P.H. : C’est souvent mon fils Jake qui choisit. Il est très bon pour ça. Je suis vraiment fier qu’il joue avec le groupe. C’est un peu une affaire de famille (il se marre). Il joue comme moi, on s’entend très bien sur la scène. Il joue aussi de la basse avec les Smashing Pumpkins (sous le nom de Jack Bates).
L.G.R. : Pour finir Peter, peux-tu nous parler un peu de ta collaboration avec les Limiñanas sur le morceau "Garden Of Love" ? Nous les connaissons très bien ici car ils sont originaires d’un petit village proche d’Argelès...
P.H. : J’ai entendu leur musique pour la première fois dans un aéroport. Je partais à Tokyo sur un vol Air France et à l’atterrissage, j’ai entendu dans l’aéroport un morceau des Limiñanas. J’ai trouvé ça fantastique. J’ai adoré tout de suite. A l’époque, au début de ma carrière en 1982 puis avec Joy Division, nous travaillions avec le label Factory Records dont s‘occupait Michel Duval. Nous sommes très vite devenus des amis et nous le sommes encore. Maintenant, il travaille pour Because Music, le label des Limiñanas. C’est lui qui nous a mis en contact. Il m’a demandé si j’étais OK pour travailler avec eux. Evidemment, j’ai dis : « oui » ! Ils m’ont envoyé les bases du morceau puis j’y ai posé ma ligne de basse et ma voix.
J’espère pouvoir jouer un de ces jours avec eux sur scène et peut-être faire un autre titre avec eux. J’adore ce qu’ils font. Je suis fan. J’ai un message pour eux et pour les fans français : "L’Angleterre est peut être partie mais Peter Hook reviendra en France" (nda : message à remettre dans le contexte « brexit » et élimination précoce de l’Angleterre de l’Euro 2016 de football qui se déroulait en France).
En tout cas, si la rencontre entre Peter Hook et les Limiñanas se concrétise, on espère bien être de la fête du coté de La Grosse Radio !
