Un peu plus d’un mois après un passage destructeur sur la scène de l’Altar au Hellfest, Cattle Decapitation revient atomiser Paris. Et c’est au Klub que les hostilités sont prévues. Si la salle semble bien petite pour accueillir les Américains, on peut supposer que l’organisation avait tablé sur un public en vacances en cette période estivale. Mais malgré la tenue de ce concert le premier aout, le Klub affiche complet et les heureux détenteurs d’un billet s’imaginent déjà suffoquer dans la salle.
Whisper of Death
Et en parlant de suffoquer, c’est bien ce que les Franciliens de Whisper of Death comptent infliger au public avec leur death metal direct et accrocheur. Ayant découvert le combo de Rambouillet lors de la sortie de son premier opus, Noice of Obstinacy, nous avions été immédiatement séduits par la qualité des compositions en studio. Ce soir, le combo va confirmer son talent sur la petite scène du Klub. Avec des titres aussi fun que « Cemetery Market » ou « Pogo de Lépreux », le public headbangue tranquillement et semble prendre un réel plaisir.
Musicalement, les musiciens sont tous au top, et déploient beaucoup d’énergie pour convaincre les spectateurs. Tellement d’ailleurs qu’on ne peut que trouver la scène trop petite, les musiciens étant presque les uns sur les autres. Mais une telle proximité instaure immédiatement une ambiance chaleureuse et ne peut être synonyme que d’un bon concert. Jordan et Jérôme (guitare) headbanguent sauvagement et prennent beaucoup d'espace sur la scène.
On peut regretter qu’il n’y ait pas plus d’échange entre Clément (chant) et l’auditoire, mais micro en main, c’est une autre paire de manche. Ce dernier propose un chant puissant et profond, proche de celui de George "Corpsegrinder" Fischer (Cannibal Corpse). Dernier arrivé au sein du combo, Martin (basse) semble déjà bien intégré et fait office de force tranquille.
Profitant du set pour jouer la quasi-intégralité des compositions de Noise of Obstinacy, les musiciens nous permettent également de découvrir deux nouveaux titres avec « 2000 Leagues Under the Corpses » et « Human Rain », qui ne dépareillent pas dans la setlist.
Avec un set de quarante minutes, Whisper of Death a confirmé tout le bien que l’on pensait d’eux en studio. Efficacité, puissance et fun, que pouvait-on souhaiter de plus pour un bon concert de death ?
Setlist Whisper of Death
Cemetery Market
Cadaveric Discharge
Surgical Strike
Human Rain
Pogo de Lépreux
Désossage
OBF
20000 Leagues under the Corpses
Cannibalism Airlines
Torture for Dummies
Happy Burial
Battlefield
Impureza
Changement de registre avec l’arrivée sur scène d’Impureza. Le combo originaire d’Orléans intègre avec brio des éléments de musique hispanique dans son death metal technique, et ce depuis plus de dix ans. N’ayant toutefois sorti qu’un seul véritable opus, la Iglesia del Odio, les musiciens vont piocher dans cet opus et dans l’EP sorti en 2013 pour construire la setlist du jour.
Alors que la scène semblait petite lors du set de Whisper of Death, c’est encore pire pour celui d’Impureza. En effet, Florian et sa basse fretless à six cordes semblent prendre une grande partie de l’espace scénique, mais (et c’est tant mieux) également sonore. De plus, une guitare classique sur pied occupe le devant de la scène pour permettre à Lionel (guitare) d’inclure ponctuellement les touches de flamenco dans le death technique du groupe. Enfin, le chanteur Esteban Martin, complète le tout avec sa voix caverneuse et beaucoup de présence scénique.
Si le mariage entre flamenco et death metal semble osé sur le papier, musicalement c’est une réussite, et la prise de risque des musiciens est à saluer. D’ailleurs, le public semble également sous le charme, se faisant toujours plus nombreux dans la petite salle du Klub.
Mais comme pour compenser le manque d’espace dans la salle, le Klub offre des conditions sonores excellentes, qui permettent de pleinement apprécier la prestation offerte par Impureza. Techniquement, les musiciens n’ont rien à envier aux plus grands du death technique, et les incursions flamenco à la guitare classique rappellent les meilleurs passages des œuvres de Paco de Lucia, une référence en la matière.
Quand résonne le titre d’ouverture de la Iglesia del Odio, « El Gitano Maldito », on sait que le concert touche à sa fin, et c’est bien dommage tant le set nous aura paru court. Impureza a délivré une excellente prestation, ne sacrifiant pas l’originalité au profit de la technicité. On ne peut que souhaiter que le combo propose rapidement un successeur à son unique album.
Setlist Impureza
Sangre para los Dioses
Besar la mano del infame
El Nuevo Reino del los Ahorcados
Leyenda Negra
El ultimo dia del omeyor
Otumba 1520
El gitano Maldito
Cattle Decapitation
Cattle Decapitation avait fait une belle impression un mois auparavant au Hellfest, souffrant malheureusement de conditions sonores qui n’étaient pas à la hauteur et d’une distance scénique qui n’était pas à leur avantage. La date au Klub est donc l’occasion de reprendre une bonne rasade de death metal engagé, dans un lieu plus intimiste et chaleureux. La date de ce soir étant sold out, le Klub semble avoir encore rétréci entre le set d’Impureza et le moment où Cattle Decapitation monte sur scène.
Comme au Hellfest, les Américains démarrent leur set par « Manufactured Extinct », le titre d’ouverture de The Anthropocene Extinction. D’ailleurs, le dernier opus de la formation sera bien mis en avant, avec six extraits, et on ne s’en plaindra pas étant donné sa qualité.
Dès le début du set Travis Ryan (chant) est déchaîné, s’enroulant le câble de son micro autour du cou et prenant des airs d’épileptique en pleine crise. D’ailleurs son attitude tranche clairement avec celle de Josh Elmore (guitare), retranché sur le côté gauche et plutôt concentré sur son jeu. Le public joue le jeu à fond et pogotte malgré la faible surface de la fosse. C’est simple, c’est le chaos total sur scène et dans le public, pour le plus grand bonheur des musiciens.
Les quelques samples en intro de certains titres sont l’occasion pour les spectateurs de reprendre des forces avant de se jeter à nouveau dans la bataille et certains se retranchent tout au fond de la salle, quitte à ne plus voir autre chose que des têtes et des bras désarticulés. Avec une telle proximité, le set passe bien mieux qu’au Hellfest. Cattle Decapitation semble en effet bien plus à l’aise dans cette configuration et les conditions sonores servent au mieux le propos du groupe.
D’ailleurs, l’ajout d’un second guitariste en la personne de Belisario Dimuzio renforce le caractère massif et violent de la musique de Cattle Decapitation, sans pour autant paraître monolithique. Parmi les grands moments du set, on retiendra tout particulièrement « Circo Inhumanitas », direct mais mélodique, ou encore « Pacific Grim ».
Le set file très vite, bien plus rapidement que lors du concert donné à Clisson, notamment en raison d’un public qui ne s’assagit à aucun moment, à l’image du chanteur du groupe. C’est « Kingdom of Tyrant » qui est chargé d’achever la soirée, alors que le public ruisselant se lance dans un dernier baroud d’honneur. L’accueil réservé à Cattle Decapitation a été excellent et le groupe quitte la scène sous des applaudissements nourris, alors que nombre de spectateurs auraient souhaité en entendre encore plus.
La soirée aura été une réussite à plus d’un titre car outre le concert survolté donné par la tête d’affiche, le Klub aura été témoin de la diversité et la qualité de la scène death française avec les sets réussis d’Impureza et Whisper of Death. Pari réussi pour une date organisée en plein mois d’août, plus propice aux festivals ou aux vacances qu’aux concerts en club. On attend la prochaine avec impatience.
Setlist Cattle Decapitation
Manufactured Extinct
The Prophets of Loss
Your Disposal
Clandestine Ways (Krokodil Rot)
Circo Inhumanitas
Not Suitable for Life
Forced Gender Reassignment
Pacific Grim
Kingdom of Tyrants
Photographies : © Watchmaker 2016
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