Bloody Hammers – Lovely Sort of Death

Représentant d'un style ayant plutôt le vent en poupe (l'occult rock, hybride de psyché  et de metal), Bloody Hammers propose avec son quatrième album dix compositions  qui expriment une maturité trouvée après quelques tatônnements développés sur leurs disques précédents. Lovely Sort of Death a tout pour convaincre celles et ceux que la fin de The Devil's Blood ou le chemin plus accessible pris par Ghost ont laissé dans le chagrin.

Un nom à coucher dehors (qui pourrait convenir à n'importe quel groupe de brutal death metal technique ou de true heavy speed metal ,avec promo sur le bracelet clouté, de  série z*) et un look, croisement entre le gothique dandy de train fantôme et le black  metalleux en fin d'adolescence. Rien ne prédisposait Bloody Hammers à attirer mon  attention. Et il a fallu que je jette un oeil sur le clip de « The Reaper Comes » (un peu kitsch  avec son personnage de la mort digne d'un déguisement de farces et attrapes cependant) pour  que ma curiosité me pousse à pousser un peu plus ma découverte de leur musique.

Pour résumer, les haches sanglantes ont été formées en 2012 à Charlotte en Caroline du  Nord par  Anders Manga qui joue de la guitare et de la basse en compagnie de sa femme Devallia qui, quant à elle, s'occupe d'ambiancer les compos de parties de clavier. Le couple s'est  aussi spécialisé dans le merchandising ésotérique. Le reste de la troupe étant composé de  musiciens de sessions empruntés aux formations du coin.

Les deux premiers albums, Bloody Hammers sorti en 2012 et Spiritual Relics qui a suivi l'année suivante, proposent un heavy doom de facture assez classique mâtiné d'influences  rock et psychédélique pouvant les rapprocher de The Devil's Blood par moments tandis que  les pochettes, quant à elles, renvoient à l'univers développé par Electric Wizard par exemple.

Ces deux disques bien que plutôt agréables à écouter ne feront cependant pas sortir le projet  nord-carolinien des méandres de l'underground. Under Satan's Sun sorti en 2014 verra cependant les musiciens tenter d'apporter des influences plus gothiques et accentuer les  passages psychédéliques à leurs compositions tout en maintenant la basse heavy doom. En  cela ce troisième album peut être considéré comme une transition nous menant vers Lovely Sort of Death sorti le 5 août 2016 sur Napalm Records.

Bloody Hammers a pris le temps avant de proposer du nouveau matériel et cela s'entend. Cet opus possède de beaux moments même si le changement de style est parfois surprenant  (voire radical). En effet, il y a déjà ce parti pris de sonner plus « accessible » par endroits, de soigner les compositions de façon à ce qu'elles pourraient même passer sur les ondes (démarche déjà remarquée sur le disque précédent avec un titre comme «Death Does Us  Part » par exemple), le groupe sur cet album privilégie un metal d'obédience gothique et, autant l'avouer, cela lui va bien. En effet, on ne peut nier que « Bloodletting on the Kiss » qui ouvre le bal n'est pas mauvais avec son refrain énergique et accrocheur et son ambiance « dark ».

Mais ce qui surprend le plus ce sont ces incursions dans un registre plus pop, voire...love metal. En effet, « Lights Come Alive » avec ses arpèges lumineux contrastant avec la noirceur du titre précédent, son chant suave proche de Ville Valo, sa basse mixée en avant, son rythme dansant et son refrain travaillé a tout du hit qui pourrait être pondu par Him (le  côté amoureux transi en moins). Il en est de même de « Messalina », avec sa ligne de basse à la Sisters Of Mercy, ou « Catastrophe » qui loin d'être des mauvais titres sont plutôt  accrocheurs et bien ficelés.

L'autre dominante stylistique de Lovely Sort of Death est le psychédélisme hérité de certains  géants des seventies et teinté de références ésotériques qui se traduit surtout par les parties de clavier de Devallia rappelant la musique électronique allemande planante des années  soixante-dix (Klaus Schulze, Tangerine Dream...), cela se ressent surtout  à l'écoute de  l'introduction de « Stoke the Fire » mais aussi le plutôt atmosphérique et réussi « Shadow  Out of time » sur lequel les nappes electro se mêlent habilement aux riffs de guitare. On sent que la jeune femme au look d'Elvira a voulu apporter un grand soin à ses parties musicales. Mais la plus grande réussite dans ce domaine est la ballade délicieusement morbide « The Reaper Comes » et sa ritournelle lancinante qui explose en un crescendo libérateur.
                              

Cependant le heavy doom au parfum stoner n'est pas non plus oublié. En cela « Infinite Gaze  to the Sun » et ses parties de fuzz, le sabbathien « Ether » et « Astral Traveler » font le  travail mais constituent aussi, sans être mauvais, le petit ventre mou de Lovely Sort of  Death.

Finalement, Bloody Hammers semble être devenu plus à l'aise dans un style de metal sombre  mais aussi accrocheur, pouvant autant séduire un public plus large que les doomsters de base et ainsi prétendre à prendre la relève d'un Ghost visant dorénavant une carrière universelle.

Les haches ont beau être sanglantes, elles promettent une façon de mourir adorable, le  message a bien été compris et cette petite mort est bien agréable effectivement.

Liste des morceaux:
1. « Bloodletting on the Kiss »
2. « Lights Come Alive » 
3. « The Reaper Comes »
4. « Messalina »
5. « Infinite Gaze to the Sun »
6. « Stoke the Fire »
7. « Ether »
8. « Shadow Out of time »
9. « Astral Traveler »
10. « Catastrophe »

*A moins qu'il ne s'agisse d'un hommage au « Bloody Hammer », titre du rocker allumé Rocky Erickson.

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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