Un an et demi après leur dernier album en date (le très bon Hochelaga), et trois mois seulement après un sympathique petit split de deux titres avec les américains de Fister, les trois affreux Montréalais de Dopethrone nous proposent un petit EP de trois titres, histoire de patienter avant leur prochain full-length.
1312 - puisque tel est son nom - ne change rien à la formule qui a fait le succès des Québécois, et poursuit dans la veine de leur doom sludge dégoulinant qui pue la drogue, la folie et la sloche des trottoirs de Hochelaga. Tous les ingrédients qui constituent le son reconnaissable entre mille du groupe sont de la partie: énormes riffs groovy, fuzz dégoulinant, leads bluesy, chant black écorché, et extraits de dialogues de films ou de documents vidéo vintage entretenant savamment l'ambiance horrifique de la musique du groupe, quelque part entre les productions en carton-pâte de la Hammer et les slashers fauchés du début des 80s.
La cohérence du résultat prouve, s'il en était besoin, qu'un groupe peut tout à fait vénérer Electric Wizard sans pour autant n'en être qu'une pâle copie; bon nombre de formations de la scène stoner/doom/sludge seraient bien inspirées d'en prendre note.
La production est toujours impeccable (enfin, c'est une façon de parler...), et est toujours l’œuvre de Jean-Baptiste Joubaud.
On pourrait éventuellement regretter la relative linéarité des titres - notamment le second, "Drifter", un léger cran en-dessous des deux autres - mais ce serait ignorer leur durée limitée (entre 3:30 et 4:30), qui ne permet pas de mettre en place les structures à rallonge des titres plus longs du groupe ("Zombi Powder", "Cult Leader" et autres délicatesses). Trois titres simples, directs, et globalement moins psychédéliques qu'à l'habitude du groupe, mais pas moins efficaces.
D'ailleurs, quelque chose me dit que "Shot Down" pourrait facilement trouver sa place sur les setlists du groupe dans les mois à venir... rendez-vous au mois d'Octobre pour le savoir, avec trois dates en France: le 26 à Paris, le 27 à Nantes et le 28 à Douai.
S'il est clair que ce petit EP ne convertira pas ceux que le groupe laissait sceptiques jusqu'ici, et qu'il restera sans doute anecdotique en comparaison du reste de sa riche discographie, il réjouira ses amateurs, et leur permettra de prendre leur mal en patience d'ici la sortie du prochain album.
Il procède également d'une démarche louable, puisqu'il est disponible en téléchargement "name your price", de même que le reste de la discographie du groupe.
Allez donc sur leur bandcamp leur envoyer quelques devises, vous ferez une bonne action.
Smoke, drink, die!