Ce n’est pas si souvent que l’on tombe sur un projet aussi intrigant que BVDK. Vous ne rêvez pas, l’acronyme rend bien hommage à Bree Van De Kamp de Desperate Housewives et la musique est quant à elle un melting-pot d’influences atypiques, allant de Deathspell Omega à Aphex Twin. Alors que les Nancéiens enregistreront leur premier album cet automne, un avant-goût est déjà disponible avec Virgin Summer, gratuitement sur bandcamp.
S’il faut définir un genre, on dira que BVDK pratique du post-black metal à la Deafheaven ou Liturgy, le tout agrémenté d’une touche électro omniprésente et souvent prédominante dans les compositions. De quoi faire fuir les puristes et se créer un son propre au sein de la scène post-black, un peu à la manière de Germ dans un style encore différent.
Car sans se prendre trop au sérieux, les Lorrains déroulent une variété d’influences plutôt intéressantes sur les six titres de l’EP, chacun ayant sa dominante pour un résultat tout sauf linéaire. « Virgin Summer » nous annonce d’emblée la couleur, les nappes d’électro donnent au son une chaleur inhabituelle dans le genre et les blasts artificiels s’installent très vite. Clairement, il s’agit là de l’élément qui peut porter préjudice au groupe et agacer l’oreille aux premières écoutes, mais une fois que l’on s’est habitué, le problème disparait peu à peu.
On reste tout de même dans du black metal et le chant de Lvx est là pour nous le rappeler avec son timbre écorché et ses paroles en français. Le lead mélodique se partage assez équitablement entre la guitare pleine de reverb et les samples, le tout donnant un côté étonnamment tubesque aux compositions comme le morceau éponyme justement, qui peut rester en tête un certain temps.
On se balade donc plutôt agréablement pendant les 25 minutes de l’EP. « Shape Of The Lake » marque une facette clairement orientée dance, où l’on est plus très loin de Cascada tandis que « Club L.C.F » qui suit juste après fait davantage parler des influences un poil plus hermétiques comme Deathspell Omega. Le tout garde quand même une certaine cohérence mais on sent bien la volonté de ne pas se poser de barrières et d’expérimenter, en témoigne ce sample assez louche semblant tout droit sorti du générique d’X-files sur « Binge Drinking ».
Avec Virgin Summer, BVDK nous sert donc un apéritif réussi qui a de quoi éveiller la curiosité des plus ouverts d’esprit en attendant l’album complet. Avec des compos directes et accessibles, fait rare dans le post-black, le projet a trouvé son identité malgré quelques balbutiements compréhensibles pour une première sortie. Un EP prometteur, dans une scène black lorraine qui commence enfin à revivre grâce entre autres à Déluge ou à Aîn.
(Si l’ennui pointe son nez, il est aussi possible de s’amuser à décortiquer la pochette qui contient son lot de références croustillantes, de Bones et Yung Lean aux illuminatis.)