En ce samedi frisquet, c’est l’occasion d’assister au spectacle d’une des dernière légendes du rock anglais des années 70’ dans la salle du Forum qui est devenu de nos jours la salle incontournable en Île de France.
Vauréal, près de Cergy dans le 95, et son très convivial Forum accueille donc les vétérans anglais de Wishbone Ash.
... avec un guest australien pas commun en acoustique pour entamer les débats... dont on vous récemment parlé en chronique et en interview sur le Webzine Metal.
Pour débuter dans un silence de cathédrale, Koritni va nous faire ce soir un set acoustique. Seul sur scène, Lex Koritni armé d’une guitare entame son set par « Lover Lover » du mythique australien Jimmy Barnes (allez donc réécouter son Live Barnestorming de 1988 !). Ensuite, son guitariste le rejoint sur « Dance Mamma Dance » suivi d’un « Beds are Burning ». Le morceau des écologiques engagés Midnight Oil, fervent défenseur des aborigènes d’Australie, réveille enfin la salle. Seul « Hold On » du dernier album Welcome to the Crossroads sera joué en acoustique. Ce dernier et « Red Light Joint » passent bien le test.
Le deuxième guitariste monte sur les planches pendant que Lex délaisse la guitare pour se concentrer uniquement sur son chant. Par la suite, le bassiste et le batteur arriveront au fur et à mesure. On a l’impression de se retrouver à l’époque où Tesla jouaient leurs propres morceaux ou réinterprétaient des titres incontournables du Rock en acoustique. Il en sera de même à nouveau ce soir avec un « Sweet Home Chicago » pour clôturer leur show.
Setlist Koritni:
Lover Lover
Dance Mamma Dance
Beds are Burning
Hold On
Lost for Words
Keep Me Breathing
Emotional Audit
Heaven Again
Not Your Man
Red Light Joint
Sweet Home Chicago
Dans la salle bien remplie, la moyenne d’âge fait honneur aux 43 ans du groupe d’Andy Powell, le dernier rescapé.
Ce qui nous fait reconnaître Wishbone Ash entre de nombreuses formations ce sont ses Twin Guitares, marque de fabrique du groupe consistant aux deux guitares d’harmoniser leurs deux parties différentes en un duel enflammé - ce qui a influencé tant de groupe parmi les plus connus du Hard Rock comme Thin Lizzy ou Iron Maiden bien sûr. Ce qui est amusant c’est l’anecdote autour de cette façon de jouer avec 2 lead guitares. Cela vient du tout début du groupe lorsqu’en 1969, Martin Turner (basse, chant) et Steve Upton (batteur) décident de passer une annonce dans le Melody Maker afin de trouver un nouveau guitariste (l’annonce étant « Lead Guitarist : positive thinking, creative and adaptable, for strongly backed group with great future », c'est-à-dire « pensée positive, créatif et ayant le sens de l’adaptation pour soutenir fortement un groupe au grand avenir… »). Lors des auditions, n’arrivant pas à opter entre Andy Powell et David « Ted » Turner pour le poste, ils décident de garder les deux excellents guitaristes !
Les cultissimes anglais semblent s’épanouir sur scène, à l’aise, se regardant entre eux pour préparer des salves d’envolées lyriques nous plongeant dans des univers opiacés où des volutes de fumés nous accueillent à bras ouvert.
Ce soir le petit jeune guitariste finlandais Muddy Manninen fête ses 55 printemps et ses 9 années de maison. Son toucher de guitare est phénoménal, tout en douceur et en doigté, il sait transmettre toute cette émotion progressive propre au groupe.
Le jeune batteur anglais Joe Crabtree qui pourrait être leur petit-fils ne souffre pas d’intimidation et c’est avec une sacrée détermination et un savoir-faire conséquent qu’il donne le rythme, épaulé par le bassiste Bob Skeat, casquette irlandaise sur la tête et sourire jusqu’aux oreilles avec ce faux air à Roger Glover.
Ce qui est incroyable avec Wishbone Ash, c’est sa capacité à vous faire décoller en un clin d’œil, vous replongeant dans vos plus vieux souvenirs musicaux.
Bien sûr, lors de ce show on retrouve les morceaux de bravoure tirés du multi-platine Argus, album Culte et inoubliable dont l’ingénieur du son était un certain Martin Birch (futur producteur entre autre de Deep Purple, Rainbow, Black Sabbath, Iron Maiden, Whitesnake, Michael Schenker Group ou le Blue Öyster Cult…)
Cette année on fête les 40 ans de l’album, troisième du groupe et élu à l’époque « Meilleur espoir 1973 » dans les colonnes de Melody Maker. Ils commencent par « The King Will Come » et « Warrior » faisant honneur à ce chef d’œuvre typique années 70’. Au milieu du show des anglais on retrouve à nouveau un morceau de cet album avec « Sometime World ».
Le groupe se fait plaisir et n’oublie pas d’interpréter des titres de Elegant Stealth, petit dernier de 2011 avec « Can't Go It Alone » et « Warm Tears ». Indéniablement ils prennent un grand plaisir à jouer autant que nous à les écouter. Leur maîtrise technique est époustouflante, tout en gardant une fraicheur et une spontanéité malgré des morceaux très élaborés, où la voix d’Andy plus fluide et blues comme sur « Jail Bait » fonctionne bien faisant honneur aux nombreux prédécesseurs qui sont passés devant le micro.
Pour notre plaisir ils n’oublient pas non plus de faire un détour par les années 80’ avec « Open Road » et « Living Proof » ainsi que le merveilleux « Lady Jay » où les deux voix, celles d’Andy et de Bob, nous émeuvent jusqu’aux larmes.
Le show se termine dans des lumières pourpres aidant encore plus à une élévation spirituelle sur un indémodable « Phoenix », rave up psychédélique tonitruant, rempli de solos sur une Gibson Flying V où les doigts agiles d’Andy Powell prennent un malin plaisir à nous faire tourner la tête.
A n’en pas douter, en créant ce morceaux en 1970 on aurait du comprendre tout de suite que l’Oiseau de Feu qu’est Wishbone Ash, après une multitude de line-ups, allait toujours savoir renaitre de ses cendres.
Lionel / Born 666
Setlist Wishbone Ash:
The King Will Come
Warrior
Can't Go It Alone
Lady Jay
Open Road
Sometime World
Warm Tears
Faith, Hope & Love
Living Proof
Jail Bait
Phoenix