Après Mystically (interview ici), c'est avec un autre groupe local, Mystical Faya, avec lequel nous nous sommes entretenus au No Logo Festival (live report ici).
Vous connaissez tous bien sûr ce collectif franc-comtois, puisque leurs deux excellents albums, Never give up et Sleeping Souls ont été chroniqués par nos soins. C'est donc tout naturellement que nous sommes partis à leur rencontre afin d'en savoir un peu plus sur eux.
Loïc, le chanteur, et Riké, le bassiste, nous parlent du concert donné quelques instants plus tôt, de leur intérêt pour le reggae roots et le dub mais aussi de leurs influences rock.
Bonjour Mystical Faya, merci de nous recevoir au nom de La Grosse Radio. Pouvez-vous vous présenter ?
Loïc : Mystical Faya est un groupe de reggae principalement roots qui existe depuis 2007/2008. On propose des chants en anglais. On retrouve Riké à la basse, Troll à la batterie, Martin aux claviers, Jo et Mom' aux guitares/chœurs et moi-même au chant.
Quelques réactions sur votre prestation au No Logo ?
Loïc : On est vraiment heureux de revenir jouer au No Logo, ça fait plaisir. Le public était au rendez-vous malgré la chaleur bien écrasante, c'était dur aussi pour nous sur scène. Mais on s'est vraiment éclatés, on en gardera un bon souvenir !
Riké : En effet, le public a quand même bien joué le jeu, en dépit de l'horaire avancé et qu'il faisait très chaud. Mais en tout cas, grosses vibes, on a bien profité, même si c'était trop court.
Vous avez été programmés deux fois au No Logo. Que pouvez-vous dire à propos de ce festival ?
Riké : Du fait d'avoir joué lors de la première édition et d'être à nouveau présent pour la quatrième, on se rend compte que le No Logo a vraiment évolué dans le bon sens. Le festival était déjà bien au début, même s'il y avait quelques défauts en ce qui concerne l'organisation. Par contre, cette année, on sent que l'équipe est très bien rodée à tous les points, rien n'est défaillant. C'est un vrai plaisir d'être sur le site ; je l'ai fait aussi en tant que spectateur les premiers jours.
Loïc : Et une très belle programmation, de chouettes affiches !! On kiffe !!
Riké : C'est un festival indépendant, ça a le mérite d'être souligné. Nous sommes plutôt un groupe indépendant également, donc ça nous touche forcément. Le festival prend de l'ampleur et, a priori, a de beaux jours devant lui.
Loïc : Et c'est chez nous !!
Vous êtes un groupe de reggae roots. Vous situez-vous dans la lignée d'autres artistes tels que les Ligerians, les Banyans, Jah Legacy, etc... ?
Loïc : Oui, on est complètement dans cette mouvance. On chante en anglais, on est inspiré par les anciens. On reste roots, mais on se laisse aussi influencer par d'autres styles qu'on apprécie, chacun apporte sa patte. Mais, en effet, j'écoute beaucoup les Ligerians à la maison que ce soit avec Joe Pilgrim ou Rod Anton. Ce sont des frères en quelque sorte.
Riké : On observe un renouveau de la scène française depuis quelques années. Beaucoup de groupes roots émergent ; apparemment, nous aussi, nous sommes dans le lot (rires). On arrive à faire de belles dates et ça commence à bien prendre forme. On a d'ailleurs joué avec Joe Pilgrim & The Ligerians récemment, c'était de la tuerie !! Il y a un gros retour en force du roots aujourd'hui.
Quelles sont, selon vous, les raisons de ce succès, alors que les styles deejay, ragga, dancehall, etc, dominaient ces dernières années ?
Riké : Il y a eu un creux dans cette scène-là. Pendant plusieurs années, tout le monde faisait du dancehall et du raggamuffin. Petit à petit, les chants plus mélodiques et les instrus à l'ancienne sont revenus. Cependant, appeler roots une musique d'aujourd'hui est, d'une certaine manière, contradictoire, puisque le roots, c'est avant tout le son d'époque, vintage.
Loïc : C'est exactement ça. Nous ne sommes pas nés dans les années soixante, nous n'avons pas traversé les années soixante-dix et quatre-vingt, mais on est bercés par le roots et cela se ressent sur notre façon de composer.
Riké : Pour moi, le roots actuel correspond juste au fait que le chant est mélodique. Mais au fond, peut-on qualifier notre son de roots, je ne sais pas. Cela définit simplement le genre de reggae.
On ressent également quelques influences rock sur scène...
Loïc : Tout à fait. Il y a pas mal de fans de rock dans le groupe, dont moi-même.
Quels sont les groupes de rock que vous écoutez ?
Loïc : Dans les anciens, Led Zeppelin notamment. Aujourd'hui, j'aime beaucoup Jack White. J'écoute aussi énormément de soul.
Riké : Quant à moi, c'est un peu plus violent : le punk hardcore des Bad Brains, mais aussi Rage Against The Machine, Soulfly, Suicidal Tendencies.
Un invité de marque, le trombone de Groundation, joue sur Sleeping Souls. Comment l'avez-vous rencontré ?
Riké : Lors d'un concert dans la Drôme, on s'est retrouvé avec une panne de courant. Et là, on voit un mec arriver avec un trombone sur le dos qui nous parle en anglais et qui nous dit qu'il adore ce qu'on fait. Il nous propose donc de jouer en acoustique avec lui. On discute un peu et il nous annonce qu'il travaille avec Groundation. Etonnés, on a alors checké rapidement quelques vidéos sur Internet pour voir s'il nous disait la vérité et, effectivement, c'était bien lui. Finalement, on a fait un bœuf acoustique, puisque le jus n'est jamais revenu. Depuis, on a gardé contact avec lui, il est super cool. Pour Sleeping Souls, on voulait incorporer des cuivres, on lui a donc proposé de participer à l'album.
Pour l'anecdote, il a croisé quelqu'un dans le Nevada qui écoutait Mystical Faya et du coup il a dit à cette personne : "C'est moi qui joue du trombone sur cet album !!".
C'était une bonne rencontre pour nous, ça fait plaisir que ce genre d'artistes s'investisse dans des projets beaucoup plus petits. C'est un grand honneur qu'il nous a fait.
Loïc : BIG UP Nicholas, même si tu ne nous entendras pas !! (rires)
Il existe quelques versions dub sur vos albums, dont plusieurs au mélodica. C'est un instrument fort de sens pour vous ?
Riké : C'est un instrument assez atypique et finalement peu utilisé, seulement dans le reggae. On en avait un sous le coude depuis quelques années et, comme on a toujours été inspiré par le dub, il fallait bien souffler un peu dedans. Il y avait une piste à creuser. Pour Sleeping Souls, on savait qu'on mettrait moins de remix dub, on s'est donc dit qu'on allait créer un vrai morceau dub, et tant qu'à faire, autant intégrer le mélodica. C'est un instrument qui me parle, surtout en dub avec les effets, ça apporte véritablement un plus.
Loïc : On a aussi eu l'envie de mettre l'accent sur le fait que Mystical Faya est avant tout un groupe et, par conséquent, tous les instruments ont leur importance, autant que le chant. Mystical Faya, ce n'est pas un chanteur avec un backing band derrière.
Prévoyez-vous de sortir des déclinaisons dub de vos albums ?
Riké : Je produis les albums, je les enregistre et je les mixe. Par contre, en live, on a un autre ingé son. On commence donc à se dire qu'un battle de dub à l'ancienne, ça pourrait être bien sympa (rires) !! Ça pourra voir le jour, mais ce ne sera pas dans l'immédiat, plutôt d'ici deux ans. Je pense qu'on produira une galette qui mélangera des morceaux des différents albums. DUBWISE !!
Lemilk (manager du groupe) : On a un vinyle, Inna Mi Yard, qui est très joué dans les sound systems. Un des titres est d'ailleurs passé au dub corner vendredi soir ; il y a même eu deux pull up dessus, ça fait plaisir !!
Votre premier album s'appelait Never give up, alors que le second s'intitule Sleeping Souls. Est-ce que Mystical Faya s'est résigné entre ses deux disques ?
Riké : Non, non, bien au contraire !! Ce n'est pas parce qu'il y a des âmes endormies qu'on ne trouve pas, à côté, des gens qui luttent. Au fond, chacun a cette dualité en soi : on a toujours énormément d'idées dans la tête et on n'en applique que la moitié. Cet aspect se reflète également dans la société. Pour moi, il s'agit plus d'un combat de chaque individu au jour le jour, à chacun de réfléchir pour lui-même.
Loïc : Le fait de se battre pour ne pas finir complètement amorphe, c'est cela qu'on a voulu dire. Aujourd'hui, nous sommes submergés par l'info sur différents supports et on peut très vite être hypnotisés par ce déferlement. Notre démarche allait ainsi dans ce sens, ne pas abandonner la réflexion, la lutte, afin de ne pas être pervertis par ce que le système oligarchique veut absolument nous imposer. On est toujours dans l'esprit Never give up.
Un dernier mot pour La Grosse Radio ?
Riké : BIG UP à vous !! C'est cool de se rendre compte que des médias s'investissent, on commence à vous voir souvent. Vous chroniquez nos albums sans qu'on vous le demande et même sans qu'on vous envoie le texte au préalable, comme cela peut se faire. Contrairement aux grosses boîtes qui posent des questions sans véritablement s'intéresser aux artistes, vous allez au fond des choses et êtes vraiment impliqués dans ce que vous faites.
Loïc : Merci de prêter attention à nous et pour tout votre travail. BIG UP La Grosse Radio !
BIG UP à vous aussi Mystical Faya !! Merci de nous avoir accordé cette interview.
Crédit photos : Frédo Mat