Pourquoi aller voir Rob Zombie au Trianon, alors que 240 mètres plus loin BAND-MAID est sur le point de se produire sur la scène de La Boule Noire. C'est bien la question que toutes les personnes présentes dans la file d'attente devant la salle se posent en voyant les fans de Rob Zombie passer devant eux.
Heureusement pour vous, La Grosse Radio était présente dans les deux salles, vous ne raterez donc aucune miette de ces deux concerts (live report de Rob Zombie). Mais ici ce sont bien les incroyables Japonaises de BAND-MAID qui nous intéressent. Les fans sont arrivés très tôt pour accueillir leurs petites protégées et cette attente en valait la peine.
On va commencer directement par le seul point noir du concert, pour pouvoir enchaîner sur du 100% positif ensuite. La pratique de vente de tickets VIP qui déséquilibre totalement le public. Les privilégiés ont accès à la salle longtemps avant les autres, donc tous les rangs devant la scène sont déjà remplis par des grands costauds de 1m90. Dommage pour les personnes de petite taille ou bien pour les enfants qui devront faire avec. Mais bon c'est le jeu, surtout que quasiment tous les groupes japonais ont recours à ces accès VIP donc nous sommes venus en connaissance de cause. La Boule Noire avec sa capacité de deux cent places est pleine et la bonne ambiance est au rendez-vous. On se retrouve, à notre grande surprise, face à un public très varié et de toutes origines. Anglais, Espagnols, Japonais, Allemands... ont fait le déplacement pour assister à cette folle soirée et pour partager un plaisir commun allant de 7 à 77 ans.
L'attente avant le début du concert est assez longue mais heureusement, avec du BAND-MAID en musique de fond pour faire patienter, rien de mieux pour se mettre dans le bain. Pas de première partie et c'est une bonne chose parce qu'un tel concert, ça se savoure de A à Z sans avoir de perturbations musicales préalables. 19H55, le public commence à scander le nom du groupe, à taper dans ses mains et c'est ainsi que les cinq Japonaises font leur entrée sur scène.
Premier commentaire ; C'est beau, alors qu'on pensait qu'un tel groupe ne se produirait jamais en France, elles sont bien là, en face de nous. Second commentaire ; voir ces cinq belles femmes habillées en soubrettes, instruments en mains, ça en jette vraiment. La culture du kawaii est présente et dès les premières notes de « REAL EXISTENCE », on sait qu'on va passer un excellent moment où le mignon se mêle au violent. Selon où l'on se trouve dans la salle, la batterie et la basse prennent vite le dessus sur le reste, mais le son général reste correct et aucun gros désagrément sonore n'est à déplorer.
Allez maintenant on s'attaque au concert et voici ce qu'on en a retenu. Tout d'abord, BAND-MAID sur CD c'est quelque chose d'extrêmement frais et joyeux à écouter. On retrouve cette fraîcheur et cette très bonne humeur sur scène et dans la salle. Le groupe a été créé en 2013 et depuis elles ont sorti trois albums. Le premier (Maid In Japan) est totalement laissé de côté ce soir. Les dix-huit chansons jouées se trouveront donc être les neuf titres de New Beginning sorti en novembre 2015, les huit chansons de Brand New Maid sorti en début d'année 2016 avec en bonus, « YOLO », premier single du futur album, dévoilé il y a à peine quelques semaines.
De quoi nous faire extrêmement plaisir, parce que même si quelques chansons comme « Thrill », « Real Existence », « Don't Let Me Down », « Alone » ou encore « The Non Fiction Days » ressortent comme les plus gros tubes du groupe, en réalité tous les titres des deux derniers albums sont mémorables.
Alors évidemment, tout n'était pas parfait non plus. Saiki (chant) n'était parfois pas très juste, surtout pendant ses choeurs avec Miku (guitare, chant). C'est pourquoi après l'enchaînement « Real Existence » et « Thrill », on a eu le droit à un « Freezer » légèrement faux sur les refrains. Ce qui est un peu dommage car ce refrain est sûrement le plus génial écrit par les filles. Heureusement, cela n'enlève en rien la joie qu'elles nous procurent et ça se ressent dans la salle. Le public est vraiment très concerné, tout le monde sait à quel moment il faut lever le poing, à quel moment il faut crier, chanter ou encore sauter.
Durant une heure et demi de set, nous avons pu admirer à quel point Misa (basse) et Akane (batterie) sont des musiciennes incroyables. En plus d'avoir un gros son bien lourd, elles font preuve d'une technique et d'une aisance irréprochable. Chaque petites parties de solos est un vrai bonheur, surtout les slaps et solos de Misa qui font une grande partie du charme de BAND-MAID, bien qu'elle soit la plus introvertie du groupe. Un autre aspect très intéressant dans ce groupe, c'est la faculté qu'elles ont à créer des riffs, mélodies et rythmiques mélangeant plusieurs styles dans une harmonie la plus totale. Par exemple sur « Freezer » et « Beauty And The Beast » on se retrouve avec des couplets style hip hop, pop, funk au chant en rap pour enchaîner sur des parties plus violentes. Et si c'est déjà excellent sur l'album alors imaginez en live, avec un son beaucoup plus puissant et profond.
Miku prend quelques fois la parole et essaie de s'exprimer dans un Anglais plus approximatif que correct, mais on ne lui en veut pas. De plus lorsqu'elle parle en Japonais, la majeure partie du public à l'air de bien tout comprendre. C'est sûrement plus agréable pour elles de faire des concerts dans ces conditions, surtout quand on connaît le niveau assez faible de certains Japonais dans les langues étrangères. Elle prend donc la parole pour nous expliquer que son nom de famille, Kobato, signifie «Petit pigeon» dans sa langue natale. Un bon petit moment de rigolade et de proximité avec le public avant d'enchaîner en musique.
Chaque titre est parfaitement joué. Le chant partagé entre Miku et Saiki, malgré les petits coups de faux, est très bon et fidèle aux versions CD. Derrière sa guitare, Kanami assure comme une vraie guitar hero. Les solos les plus marquants avec « Thrill », « Freedom », « Arcadia Girl » sont exécutés à la perfection, le tout dans un jeu de scène surprenant et intéressant venant de cette musicienne plutôt en retrait normalement. Un pied sur le retour son, la guitare levée en l'air et on est parti pour des solos de folie.
La soirée se déroule formidablement bien, Miku nous fait faire quelques petits «yura yura» avant d'attaquer « Yuragu ». Par contre lorsqu'elle prend la parole il faudrait juste qu'elle crie un petit peu moins, parce que ça vient taper jusque dans le cerveau et ça fait mal. Mais bon on comprend son enthousiasme, ça doit être excitant de jouer devant un public aussi actif et heureux d'être là. Beaucoup de personnes connaissent également la quasi-totalité des paroles en japonais, belle preuve d'amour envers ce groupe si attachant.
Bien que Saiki ait une voix assez rauque à la normale, on sent lors de ses dernières prises de parole en cette fin de concert que la fatigue est là. Et après avoir joué la totalité de leurs bons albums, inutile d'en redemander, pas besoin de rappel. Le concert se termine avec leur nouveau single « Yolo » et l'enchaînement « Freedom » / « Alone ». Le tout pour une fin de spectacle en beauté et pleine d'entrain.
En résumé, ce que l'on retiendra de cette soirée, c'est une joie communicative venant de BAND-MAID, qui prennent plaisir à se produire lors de cette tournée mondiale. Mais on retiendra aussi et surtout une excellente prestation, avec une époustouflante maîtrise de chacun des instruments, une belle présence scénique et des morceaux encore mieux en live que sur CD. C'est dire à quel point c'était bien puisque les albums sont déjà remarquables.
Merci à B7Klan et Torpedo Productions pour cette belle soirée !
BAND-MAID, ã‚ã‚ŠãŒã¨ã†ã”ã–ã„ã¾ã™.
Photos : Justine Cadet.
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