La Pietà et Vox, deux groupes suivis de près par la Grosse Radio, ont décidé de partager leurs talents aux quatre coins de France avec la tournée Girls don’t cry.
En première partie de chacune des dates de la tournée, une artiste locale est invitée. Ce soir c’est Ofee qui ouvre le bal.
OFEE
Accompagnée d’une guitare sèche et de sa voix pleine de gouaille, le premier morceau évoque le fantôme de Margaret Thatcher contre lequel il faut «Bring back the sound» pour défendre le droit à la musique libre. Ska, reggae, même drum and bass, telles sont les couleurs qui teintent le set d’Ofee. Choix local plus que de style musical puisque les deux autres groupes sont Rock, avec cette habituée du dB, pour la deuxième date de la tournée.
LA PIETA
Dans le noir, une croix déformée dans un coin, des musiciens masqués : un grand chat noir aux platines, un petit chat noir à la guitare, et un battement de cœur qui résonne.
La Pietà, masquée de blanc, entre en scène et chante «maman j’ai mal au monde». La chanson s'appelle «Tutto va bene» elle le chante avec ironie, puis elle empoigne sa guitare avec comme une envie d’en découdre.
Le début du morceau suivant m’évoque un générique d’une série des années 90, dopé aux platines électros et aux guitares agressives. Toujours avec son ironie de sale môme, La Pietà nous assure qu’elle n’aime pas les gens. Posture ? Défi ? La tournée s’appelle Girls don’t cry, veut-elle masquer sa détresse derrière le masque, les beats électros rageurs et les guitares agressives des «Pietamen» qui l’accompagnent ? Certaines de ses chansons semblent pourtant laisser entrapercevoir une fille perdue, sous le hashtag «perdue.com perdue.conne», victime des réseaux asociaux.
Le masque sert surtout à présenter un visage vierge, moyen, anonyme, et donc universel. Féminin pourtant.
«La moyenne», c’est le premier titre du Chapitre I de La Pietà et très certainement le morceau le plus abouti, par son beat agressif sa mélodie entraînante et surtout ses paroles si interpellantes. Je ne sais pas s’il parle vraiment à toutes les femmes. Pour moi en tout cas ça marche. Je dois faire partie de ces «pas-très-intelligent(s), mais pas complètement demeuré(s)».
La version live du titre s'achève avec le grand chat des platines aux commandes, pour un moment électro club invitant à la danse. La Pietà descend dans la fosse filmer à la Gopro le public auquel des masques ont été distribués au début du morceau. Le public n’est pas complètement lâché. Timidement quelques-uns dansent. Ce n’est pas pourtant de l’indifférence. Peut-être est-il difficile au commun des mortels d’associer les paroles brutales de ces chansons au désespoir festif qui semble être la seule échappatoire ce soir.
Autre moment phare du set : le morceau «A la folie» qui, assez inégal, semble serpenter dans les méandres d'un esprit torturé.
Les paroles sont mille fois répétées, murmurées, criées, parlées, tantôt noyées d’électro hypnotique, tantôt juste haletées à capella par La Pietà assise au bord de la scène. Le morceau semble fini, elle se relève, récite un poème, avant de renvoyer le flow électro club.
Le dernier morceau enchaine avec le précèdent, en surfant sur sa vague électro, mais suivant le chemin inverse : Partant de l’électro, La Pietà et son guitariste félin jouent des accords grunge grinçants et nous demandent «Est-ce qu’on est vivant» ? Avec sa guitare elle se précipite dans le public, fait le tour de la salle, pour revenir dans la fosse devant la scène, où à bout de hurlements à peine audibles couverts par un mash up des principaux titres joués ce soir, le set se termine.
L'ensemble était à la fois intense et détaché, à l'image de l'artiste cachée derriere son masque. Difficile toutefois de rester indifferent. Si le mix electro/grunge peut surprendre, les paroles sont perçantes.
VOX
Dernier groupe de la soirée, les montpelliérains de Vox sont menés par la rugissante et bien nommée Mélodie Pastor.
Dès les premières notes, je sens que ce concert va déménager. Accompagnée d’un rock puissant au groove disco extrêmement dansant, la voix de Mélodie passe du rauque animal à l’aigu délicat.
Un méchant larsen les oblige à refaire des ajustements sur scène, mais ne croyez pas que le spectacle s’arrête pour autant : Mélodie de la jungle, loin de son micro récalcitrant, ondule, chante, se frappe la poitrine en poussant des cris de singe, tandis que le bassiste fait rouler sur les cordes de son instrument des notes rondes, animales et sexy. Quand finalement le son est réglé et le larsen éliminé, nous sommes prêts à nous prendre la claque qu’on était venu chercher : on se croirait ce soir dans un Zénith, tant le show est démesuré.
Le groupe annonce une ballade rock, elle commence avec une voix chaude et éraillée. Après une reprise pêchue, je reste bouche bée devant l’extraordinaire prestation vocale, qui finit enrobée comme dans un écrin par la batterie !
La suite du concert enchaîne un slow made in Vox, qui n'a de slow que le nom tant il explose dès les premières notes et se termine en jeu de massacre, puis un morceau à l’ambiance dark, où le chant se résume à des vocalises à la pureté étonnante.
On entendra aussi leur dernier single «End of their world» morceau la fois pop et puissant, ce n’est pas mon préféré ce soir (je lui ai préféré «Sexy beat» par exemple) mais il est enlevé, dansant, mélodique, et mérite amplement des passages radio.
Un autre morceau «Put in Love», qui clos l’album Pompidou a une énergie et un rythme quasiment Punk Oi. Il se termine brutalement, Mélodie de dos, baissée, cul dressé face au public !
Ce soir, la chanteuse de Vox ne nous a pas que montré son cul, elle nous en a parlé aussi. Un morceau commence avec les paroles de «Five to one» de The Doors éructées par le bassiste. La suite est lourde et puissante. Le chant soufflé. Mélodie gigote, se tripote les tétons. Quand elle ne chante pas, elle ne tient pas en place. Sexy, outrageuse, burlesque ou grotesque, il n’y a aucune limite à son expression corporelle ou vocale.
C'est officiel, j'aime cette gonzesse qui roule des mécaniques. C'est complètement dingue ce qu'elle fait avec sa voix, s’il fallait comparer, je dirais qu’en cette front-woman, se retrouvent pêle-mêle Brian Johnson, Kate Bush, Rob Zombie, Nina Hagen…
Si le burlesque se fait rock c'est sur scène avec Vox.
Je ne dirai rien de plus, sales petits fainéants, vous n'iriez pas les voir. Et Je vous l'assure, il faut aller voir ces bêtes de scène.
La tournée Girls don’t Cry continue, visitez leur Facebook pour être tenus au courant des prochaines dates à venir.
Crédits photos : Philippe Poulenas
Affiche : Sandra Vérine