Civil War vient livrer la 3ème bataille de son histoire avec The Last Full Measure, dix titres énervés à la gloire de l’art de la guerre. Pas étonnant pour un groupe qui s’est d’abord fait connaître en désertant Sabaton. En 2012, quatre de ses membres claquent la porte pour former leur nouvelle révolution, de leur côté. Les coupables : Daniel Mullback, Rikard Sundén, Oskar Montelius et Daniel Mÿhr. Deux albums plus tard, The Killer Angels et Gods and Generals, et quelques changements de line-up, il est l’heure de savoir si la formation est encore prête à combattre.
Pas besoin d’hésiter longtemps, la réponse arrive dès le premier morceau. Avec "Road to Victory", Civil War ne s’attarde pas à poser son ambiance avec une introduction instrumentale. Le groupe attaque dans le vif, comme pour prouver qu’ils n’ont rien perdu de leur efficacité. Le morceau résonne comme un hymne guerrier, avec son bon lot de riffs épiques, une sorte de menu complet de ce qui nous attend pour la suite..
La puissance de The Last Full Measure repose avant tout sur la partie vocale. Nils Patrik Johansson et sa voix éraillée s'amuse sans jamais forcer et se laisse tenter par quelques envolées bien senties sur des titres comme "Gladiator". Sur d’autres morceaux comme "Deliverance", le groupe ramène en soutien une armée de chœur qui apportent une vraie plus-value. Porté par des paroles guerrières et des rythmes crus, le groupe fait même l'exploit d'éviter de ne pas tomber dans le kitsch, principal défaut d’un bon nombre de groupe de power metal. Et ce même lorsque que le clavier de Daniel Mÿhr part dans des solos très années 80.
Côté parole, sans surprise, c’est le registre guerrier qui prend le pas sur tout, en restant clairement sur le terrain déjà déminé par Sabaton. Ca parle de soldats, de gladiateurs, d’illustres guerriers dont la bravoure est glorifié à coup d’hymnes power metal. Dans d’autres titres comme "America", Nils Patrik Johansson déclare sa flamme à tout un continent : "In my dream, I think of you again, the place where I learn how to climb".
Petit bémol, les guitares prennent trop rarement leur envol. Elles restent principalement au service de la partie vocale, en l’accompagnant de riffs solides et lourds ou en répétant ces riffs en guise de solos. "Tombstone" est l’un des rares moments de fantaisie que s’autorise le groupe, alternant leur power metal classique à des rythmes plus légers, pour laisser la place aux paroles. A noter aussi le beau et trop rapide solo du titre "Gangs of New York", ou Rikard Sundén et Petrus Granar semblent enfin prendre un peu de liberté.
Avec The Last Full Measure, Civil War a choisi une stratégie payante. Rester bien ancré dans le registre du power metal, en maîtrisant totalement son sujet, sans surprendre ni décevoir. L'album devrait être à l’origine de bonnes bagarres dans les pits à venir.