Né Omar Gordon, Amlak est l'un des plus prolifiques artistes de l'armada Redsquare. Il a su rassembler et canaliser, à travers sa musique et ses textes, toute la fougue de la jeunesse contre un système qu'il juge corrompu.
La musique arrive très tôt dans sa vie. Il grandit à Dunkirk dans la banlieue Est de Kingston, où de nombreux concours de chant sont disputés au sein du village. Il est très vite remarqué pour ses prestations, s'entraînant en interprétant des titres que son oncle Spragga Benz, diffusait sur les ondes locales.
Vint l'adolescence, l'école et les études. On lui reconnaît déjà un charisme similaire à celui de son oncle dans les établissements qu'il a fréquentés. Après le lycée, il décide de partir en Amérique poursuivre son cursus dans un collège, où il obtiendra son diplôme en applications informatiques.
Il s'attèle à ses différents projets hors musicaux jusqu'en 2008, année de l'assassinat de son cousin, en mémoire de qui il va reprendre la musique et ainsi perpétuer la tradition familiale.
Puis son oncle Spragga prend les rênes de Red Square Rebel Nation. Naturellement, il l'enrôle dans ses rangs.
Aujourd'hui, il continue la musique animé par la même passion, mais aussi pour contribuer à la Carlyle Foundation, association au nom de son cousin.
C'est le 21 Novembre dernier à Brooklyn qu'est sorti le très attendu The Book Of Judges. Onze titres qui résonnent fort, comprenant quelques collaborations, disponibles sur les plateformes de téléchargement.
Ce projet explore les différents rythmes jamaïcains comme le roots et le dub, sur des paroles tranchantes, rebelles, qui portent haut l'essence de sa culture et de ses racines. Il a été produit conjointement par l'allemand Harry Gottschalk de True Lion Sound Productions, et lui-même pour RSQRB Productions.
Sorti en Septembre dernier, et détaillé ICI par notre ami Zopelartisto, "Judge" est le premier single issu de cet album. Un titre plein de positivité. Les enfants d'aujourd'hui deviendront les décideurs de demain. A nous de leurs laisser le meilleur monde possible.
Amlak Redsquare - Judge (Oficial Vidéo 2016)
"Get Ready" est l'occasion de la première combinaison avec le singer jamaïcain Kazam Davis. Dans ce titre, il interroge: Sommes-nous vraiment des combattants? Sommes-nous prêts à nous détruire? Il appelle à l'entraide avant que ne vienne l'Armageddon.
"Judgement Day", parle de ce moment où, selon la religion chrétienne, le jugement de Dieu s'abattra sur les humains. Les larmes de Jah seront acides.
"Neva Know" évoque le délit de faciès. Pourquoi faut-il cataloguer les rastas comme des gens à part, comme de vulgaires drogués parce qu'ils portent des locks? Ce constat amer est aussi valable chez nous. Pourquoi le reggae music est-il encore une musique marginale? Ce sont juste des citoyens du monde qui demandent un peu d'ouverture d'esprit et de respect pour leur culture.
"Your Love" aborde sa musique par laquelle il fait passer ses émotions. On peut également voir ce titre comme un hommage rendu à son cousin disparu, grâce à qui il a repris le flambeau et le stylo.
Dans "Wild Fyah" il nous parle du feu qui l'attise. Son amour et son espoir pour la race humaine, les personnes qui lui sont chères, sa musique omniprésente. Un feu de vie tout simplement.
Ce titre "Too Late" en featuring avec le dancehall singer Exile Di Brave, vous fera gentiment secouer la tête. Les paroles s'enchaînent sur un rythme un peu plus rapide, une touche féminine avec des choeurs, toujours dans ce style roots mêlé de dub oldies.
Sur "Fyah Bun", Amlak nous reparle de Jah et de sa toute puissance. Sa voix est résonnante, comme un écho de son aura.
Avec tonton Spragga Benz aux manettes, "Tek You Beating", vous emmène sur un tempo différent, plus actuel. Un virage plus dancehall qui nous invite à prendre le son, à en profiter, et à le partager. Music is Life.
On retrouve Exile Di Brave et son copain Tôke sur ce titre "Freestyle". Un riddim roots cotoyant le raggamuffin, le mélange des trois voix n'étant pas en manque de verve. Chacun s'exprime avec son flow, à tour de rôle sur les couplets, à l'unisson sur le refrain. Un retour en arrière, très collectif, à l'époque des sound system.
Pour conclure cet opus, il a opté pour un dub lent. Avec "Creator Works" il glorifie son Dieu, totalement apaisé, comme le prouve son timbre de voix tout juste audible, murmurant à nos oreilles cette prière, comme l'avait fait avant lui le grand Peter Tosh. Une fin planante.
Un must-have pour tout amateur de reggae dub à l'ancienne.
Tracklist:
1 - Judge
2 - Get Ready
3 - Judgement Day
4 - Neva Know
5 - Your Love
6 - Wild Fyah
7 - Too Late
8 - Fyah Bun
9 - Tek Yu Beating
10 - Freestyle
11 - Creator Works