Formé par la section rythmique de feu-Anorak, Sycomore propose un metal rugueux, énergique, puissant et accrocheur. Avec son premier long format, l'entité amiénoise convainc en dix titres très bien ficelés, démontrant une énergie rageuse qui respire l'envie d'en découdre sur scène. Prêt à vous prendre un arbre sur la tête ?
Le 19 novembre 2015, sans peut-être le savoir à ce moment là, au Forum de Chauny lors du Picardie Mouv', Anorak donnait son dernier concert. En effet, les Amiénois quelques jours plus tard annoncèrent leur séparation (qui ne serait peut-être pas définitive si l'on en croit certains bruits qui courent mais silence...), mettant fin à dix ans de carrière au service d'un metal/hardcore décliné sur trois albums.
Et depuis, silence.
Enfin, pas tout à fait.
Car les ex-membres d'Anorak ne sont pas du genre à rester inactifs. Il y a d'abord d'un côté Gravité II, projet cyber rock'n'roll monté par Mo, ancien vocaliste de la formation, qui se cantonne pour le moment au live mais promet de belles choses avec son mélange electro/metal.
Et de l'autre il y a Sycomore, groupe formé par Tim Drelon (passé à la guitare et au chant pour l'occasion) et Guillaume Maillard, soit l'ancienne ossature rythmique d'Anorak complétée par Guillaume Desta qui lui tient la basse (en plus de s'occuper du micro) et officie aussi chez les stoners Taman Shud.
Concernant le nom du combo, il faut y voir un intérêt commun des membres pour la botanique mais aussi un clin d'oeil au livre Extension du domaine de la lutte de Michel Houellebecq, ce qui accentue le côté énigmatique peut-être recherché par nos Amiénois.
La formation revendique de nombreuses influences comme Mastodon, Melvins, Kylesa, Torche, Killing Joke, Today is the day... Nous rajouterions bien Helmet pour le pilonnage rythmique et Brothers Of The Sonic Cloth pour la noirceur du propos parfois mais aussi parce que tout le monde aime Tad Doyle et sa lourde voix incantatoire (une petite déclaration ne fait jamais de mal).
Phantom Wax, première production de Sycomore enregistrée au studio Walnut Groove à Amiens est donc disponible depuis le 13 octobre en autoproduction.
Si musicalement, le style correspond aux influences citées, plus étonnant est l'univers du groupe. En effet, dans ses paroles Sycomore n'évoque ni serial killers, ni problèmes sociaux et encore moins ses errances existentielles mais s'inspire du célèbre dessin animé...Scooby-Doo.
Si ce choix thématique est d'un premier abord étonnant vu le « sérieux » de la musique il n'en est rien lorsque l'on fait l'effort de rentrer dedans. Et cela donne un plaisir coupable mais décomplexé d'écouter des morceaux intitulés « Neanderthal monsters od devil's rock », « Hot dog water » ou « Ape man » qui désignent des noms de monstres ou fantômes présents dans la série.
La principale qualité des Amiénois se trouve dans le songwritting, il n'y aucun déchet sur les dix titres proposés ici, tout suinte le travail de composition soigné mais aussi une énergie live folle qui ne demande qu'à exploser (les larsens finaux de « Hot dog water » et l'enchaînement de ce titre après « Manticore » sont là aussi pour en témoigner).
Par quel morceau commencer pour présenter ce premier effort ? Une fois est coutume, évoquons d'abord l'inaugural « Miner forty miner » qui, avec son gros riff monolithique à la Helmet donnant de sérieuses envies d'headbanguer, cette voix rageuse et son refrain aérien résume très bien une des autres qualités de Sycomore : faire simple mais efficace. Pas de surenchère technique mais un son carré, avec riffs et refrains soignés.
Il serait tentant de ranger le groupe dans la case sludge et leur musique comporte quelques caractéristiques de ce style mais Sycomore se définit avant tout comme un « metal band » au sens large du terme. Ainsi « Neanderthal monsters od devil's rock » comprend un riff dissonant que n'aurait pas renié Robb Flynn de Machine Head par exemple.
Nous ne sommes pas loin non plus du punk-hardcore parfois comme sur le furieux « Jaguaro » (qui s'achève en lourdeur sludge poisseuse) avec son chant criard proche du black metal. « Bluestone's phantom » lui renvoie au grind'n'roll d'Anorak avec son riff et sa voix déjantés. Quant à « Manticore », si le tempo est proche du thrash metal, il comporte un chant habité à la Jaz Coleman et évoque le Killing Joke des derniers albums.
« Headless horseman » quant à lui, est lourd et pourrait se situer entre Helmet et Brothers Of The Sonic Cloth (pour les ambiances un peu psychédéliques) tandis que « Hot dog water » avec son riff visqueux et son atmosphère marécageuse est lui un titre torturé rappelant le meilleur de Today Is The Day.
Autre titre très heavy, « Gator ghoul » comporte un riff à décorner les boeufs en conclusion alors qu'« Indian witch doctor » donne dans le sludge à la Mastodon, les influences progressives en moins.
Mais le « tube » de Sycomore est peut-être « Ape man », concluant l'album, qui marque avec son gros riff à la Tad répété à l'envie. Le peu de texte qu'il comporte et son chant lointain et vaporeux lui donnent également un réel côté mystérieux (« Ape man', donc "L'homme singe", c'est l'idée de la bête qui sommeille en chacun de nous » dit à ce propos Tim qui a signé les textes de l'album) avant que n'arrive un riff de bûcheron en conclusion. Ce morceau a tout du futur classique et devrait faire un malheur sur scène.
Justement à ce propos le groupe prévoit de faire quelques dates en décembre avant un grand tour de France au printemps, si vous avez possibilité de les voir, n'hésitez-pas.
Ce premier effort est donc solide comme un chêne et comme dirait un célèbre dogue allemand froussard : « Oh Sammy, fais attention au grand arbre qui arrive ! » Timber !
Liste des titres :
1.« Miner forty-niner »
2.« Bluestone's phantom »
3.« Neanderthal monsters od devil's rock »
4.« Jaguaro »
5.« Manticore »
6.« Hot dog water »
7.« Headless horseman »
8.« Gator ghoul »
9.« Indian witch doctor »
10.« Ape man »
Pour écouter et soutenir c'est ici : Sycomorehttp://sycomore.bandcamp.com/releases