Les Mountain Men ont sorti leur nouvel album Black Market Flowers le 18 novembre dernier. Pour le présenter, ils entamment une nouvelle tournée, qui s'annonce comme un marathon avec déja 23 dates prévues jusqu'au premier avril. Le 10 décembre dernier, c'est au Sonambule de Gignac que La Grosse Radio a eu l'occasion de croiser leur route, pour une soirée intense et intime.
THOMAS SCHOEFFLER JR.
En première partie, Thomas Schoeffler Jr., depuis son Alsace natale, nous embarque avec ses guitares nerveuses, sa stomp box bondissante, sa voix pleine de vibrato et ses harmonicas vers l’Amérique profonde, sentant à pleine poire la Country et le Blues.
Pour quelques morceaux, «I’m getting old» ou «Oh Marylin» un compresseur s’immisce et la Gibson électro-acoustique du bonhomme sature, la voix devient plus sobre, c’est le rock qui pointe le bout de son nez.
Thomas est bavard et attachant. Il nous révèle entre deux chansons la source de son inspiration : sa copine, demoiselle prompte à faire ses bagages pour la moindre chanson de travers. Il nous parlera aussi de son maître, celui qui l’aura mené à embrasser la carrière de baladin : Hank Williams, iconique chanteur de Country mort à 29 ans, dont il fera une touchante reprise.
Au tout premier rang de la fosse, on est hypnotisé par l’homme-orchestre. Guitare, harmonica, stomp box, cymbalettes, chant, toutes les parties de son corps sont mobilisées pour la musique, à tout moment, sans répit ni cassure. D’ailleurs le public en redemande. Il reste un peu de temps à la fin de son set, Thomas peut donc nous faire le plaisir d’un rappel, un dernier morceau pour la route.
MOUNTAIN MEN
Le changement de plateau se fait rapidement. La batterie de Denis Barthe est déjà installée, la basse Rickenbacker d'Olivier Mathios aussi (vous avez peut-être reconnu la section rythmique de The Hyènes qui a rejoint le projet Mountain Men). Ne restent à installer que le rack de guitares de Mister Mat, et le pied de micro de Barefoot Iano, les membres historiques du groupe.
Duo depuis 2009, les Mountain Men ont réalisé le rêve de gosse de Mat, il nous l’avouera ce soir : monter un groupe de Rock. Qui plus est un groupe où il serait le plus chevelu ! Le pari est gagné, sur toute la ligne. Si Mat, crâne rasé et barbichette, est en effet le plus fourni capillairement parlant, les quatre musiciens présents ce soir sur scène, partagent d’une part une complicité et un plaisir de jouer rayonnants, et vont d'autre part vraiment donner une tournure Rock au répertoire inspiré de Blues des deux acolytes.
Le concert s’ouvre avec le puissant morceau de heavy blues «Dog eye» présent sur le dernier album Black Market Flowers. Du premier rang où nous sommes toujours, nous avons l’impression de voir 4 géants sur scène. La Gibson de Mat a l’air minuscule, et la gestuelle de Iano est impressionnante : il s’accroche au micro de son harmonica, l’air inspiré et virevolte sur scène, presque difficile à saisir.
Pour la ballade «Go round again» le sourire que l’on entend dans la voix profonde de Mat sur l’album se trouve confirmé. Et ce sourire est contagieux, il se répand sur scène et dans le public. Avec les Moutain men, le blues prend des couleurs d’espoir. Il suffit de voir Denis Barthe à la batterie, avec son sourire et son air de gamin espiègle quand il martelle ses fûts.
Les différentes tonalités chères au groupe se retrouvent sur scène. Une large part est réservée au blues rock et ses guitares qui saignent, mais nuancé d’autres influences. Ainsi, pour «Wish your self away», extraite aussi de l’opus Black Market Flowers, Mat rejoint Denis à la batterie, et tous deux improvisent au milieu du morceau une cavalcade irlandaise digne du Titanic.
D’autres morceaux dégagent une mélancolie sombre : pour le morceau «Flowers», Mat nous invite à nous assoir. Le groupe s’est approché du devant de la scène. Les quatre compères sont assis, Denis a quitté sa batterie pour un cajon, sur lequel il joue des balais. Interloqués, nous écoutons la voix caverneuse de Mat distiller la tristesse de cette ballade qui semble tirée d’un film en noir et blanc.
Pour balayer la mélancolie, le groupe enchaîne avec des morceaux plus Country. Réunis comme une bande de vieux copains, ils se marrent et chantent des chansons en toute simplicité.
Au cœur de l’intimité du groupe, nous avons la tête quasiment au-dessus des amplis de retour sur scène. Les voilà lancés dans une conversation musicale, Iano écoute, et quand il souffle dans son instrument c’est comme s’il chantait. Son visage s’anime, ses yeux brillent d’inspiration. D’un coup, la tonalité du morceau change, les balais de Denis Barthe se font plus joyeux, et nous sommes transportés dans un honkytonk.
L'humeur au beau fixe, chacun des membres du groupe retourne à sa place. Le concert continue sur une ligne très heavy rock, avec «She Shines», de leur premier album Spring Time Coming, «Nothing Zero None», de l'album Hope, ou, aux rappels, l'intense chanson en français «Passe Dans Cette Vallée» et «Work song» pour finir en puissance, toutes deux extraites de Black Flower Market.
Depuis que nous les suivons, il ne fait aucun doute que l'âme des Mountain Men est intacte. Si la formation prend de l'ampleur, ce n'est que pour notre plus grand plaisir. Et pour celui du Blues. Nous leur souhaitons une excellente route, et si vous vous laissez tenter par notre prose pour aller jeter une oreille à l'un des très nombreux concerts à venir, vous trouverez la liste régulièrement mise à jour ici ou ci-dessous sur Digitick :
Crédits photos : Yann Landry