1946, Marthe Richard ferme les maisons closes. 2016, MaisonClose rouvre le dossier. Ce groupe de Montpellier n’en est pas à son coup d’essai. Son premier opus, « Entrez Libre », est sorti fin 2015. Et c’est encore grâce à un financement participatif réussi que naît le second volume, un EP 6 titres, intitulé Mots De Passes.
Dans Mots de Passes, il y a « Mots ». Ce n’est sans doute pas un hasard, tant les paroles sont travaillées, chaque mot pesé, soupesé, et finalement posé sur des mélodies rock mid-tempo. MaisonClose, tu l’auras compris, est un groupe à paroles. Chaque texte est ciselé à l’extrême par Monsieur Claude, le tenancier, qui tient également le micro et la guitare. MaisonClose propose un EP intense, qui ne s’écoute pas en musique de fond, mais qui demande une attention de chaque instant.
L’album commence par un constat sombre, l’appauvrissement du langage, la vacuité des discours, et la perte de conscience collective qui en découle. Pour 100 mots, t’es plus rien, le message est limpide. Le tout sur une musique sombre, rock, ambiance type Café Bertrand. La vidéo qui suit permet de bien s’en rendre compte :
Tout au long des titres suivants, MaisonClose aborde des thèmes beaucoup plus intimes, plus douloureux. Ça commence avec « Au Bout du Conte », l’histoire d’une rupture, racontée tel un slammeur, avec une diction précise et intense. Ça continue avec « Maîtresse », qui n’évoque pas du tout le monde scolaire, mais plutôt celui des laisses et autres accessoires SM.
Toujours aussi sombre, mélancolique, plein de spleen, que ce soit pour raconter l’histoire d’un affabulateur professionnel (« Congé Intérieur »), ou pour décrire l’absence d’espoir (« Rien ne Vient »), l’univers de MaisonClose est on ne peut pas plus gris. La musique joue son rôle, sombre, sans ciel bleu à l’horizon.
Crédit photo : Philippe Poulenas
Complètement étonnant et détonnant dans cet album, « Exsangue » sort complètement de cette noirceur. Construite comme un jam blues guitare/voix, musicalement très sensuel, et textuellement interdit aux moins de 18 ans, le morceau affiche sans ambiguïté sa liberté de ton.
Ce second EP de MaisonClose est un album à lire. Chanson à texte, oui. Avec de la guitare en plus, pas assez pour quitter le monde de la chanson, assez pour toucher le rock. On aurait aimé un peu plus d’audace dans les musiques, envoyer un peu plus d’énergie, pour contre-balancer la voix très présente, et faire que MaisonClose assume plus son état de groupe. Et comme pour toutes les formations, c’est désormais la scène qui va faire monter la mayonnaise, et transformer cet album, le faire vivre, et le transcender.
Crédit photo : Laetitia Maciel
