À l'occasion de la projection de son film musical quasi-muet (si si), Bjorn Tagemose était présent dans les studios Saint-Louis, à Paris, où Gutterdämmerung a été postproduit, justement, quel hasard hein.
Le photographe-réalisateur-rêveur-amateur de rock nous a présenté quelques extraits de son film, tout en nous racontant les étapes de création d'un tel monument artistique. Alors, qu'est-ce que c'est que ce concept au nom pouvant signifier "le crépuscule des caniveaux/dieux" ? Bjorn nous l'a exposé autour d'images puissantes, en noir et blanc, véritables gravures. Le tout sera projeté sur une scène où joue un orchestre.
Le film est très noir, avec le blanc qui tranche violemment. Sur scène, les lumières rouges ajoutent une transparence, et les musiciens seront presque transposés dans des hologrammes. On assistera à un univers de Gustave Doré musical. Avec ce croisement esthétiquede Tarantino et de Fritz Lang, Bjorn a réussi à faire jouer les plus grandes légendes du rock de notre imaginaire : Iggy Pop, Lemmy Kilmister, Grace Jones, Slash, etc. se partagent l'affiche et les rôles d'ange, de diable.
« Ce film est un peu le projet d'une vie… vous voyez, dans les grands orchestres classiques, les musiciens sont très nombreux, le son est démultiplié, remplit l'espace… mais ça n'a lieu qu'avec de la musique classique. Je me suis dit, pourquoi ne pas faire la même chose avec du rock ? Après tout, l'opéra n'a pas le monopole de la beauté.
Et puis, je suis très visuel ; la photographie ou le cinéma, c'est finalement la même chose. J'ai déjà réalisé un film avec Juliette Lewis, déjà dans l'esthétique noir et blanc et la danse, ça s'appelle « Death of a whore ».
Alors c'est parti d'une idée folle. D'un rêve. J'ai appelé Grace Jones et lui ai dit « Je te verrais bien dans un film muet, où tu jouerais le diable ». C'est ainsi que l'on a mobilisé toutes ces légendes musicales. Une fois qu'on a l'accord d'Iggy et de Lemmy, c'est l'effet dominos, tout le monde est partant pour rejoindre l'aventure ! Nick Cave a vu le film, il a dit : « En fait, il ne manque que moi ! » ; mais cet homme est trop intimidant, je n'ai pas osé aller jusqu'à déranger cette légende. »
« Réaliser ce film a pris 7 ans, et m'a appris à travailler sans argent. Iggy Pop lui-même partage toutes les infos, parce qu'on n'a aucun budget comm', et les artistes ont accepté de bosser gratuitement, parce que le projet leur paraissait super amusant.
Il évoque l'idée de se rebeller contre toute forme d'oppression, sans prendre un parti politique ou religieux. C'est ça le rock 'n' roll.
L'histoire est simple : du rock, l'opposition du Bien et du Mal. C'est facile, mais c'est un peu comme les Simpsons, en bien plus sombre : on peut y déceler plein de petits clins d'œil, plein de références, ou pas, et apprécier quand même.
Sur scène, de jeunes groupes, presque inconnus, jouent les musiques des légendes qui sont projetées à l'écran. On verra notamment la chanteuse à la voix impressionnante du groupe Kovacs sur scène, et bien d'autres futures grandes légendes. »
« Les gens, étonnamment, ont très bien accueilli le film, Au Hellfest en 2016, le public reprenait les chansons en chœur, il y avait un enthousiasme énorme. »
Et c'est certain que l'enthousiasme se propagera rapidement. Rendez-vous le 10 février à l'Élysée Montmartre pour en prendre plein les yeux et les oreilles !
