"On fait de la musique différente, ça nous anime d'être éloignés de tout projet musical courant." C'est dans le rush absolu que nous avons réussi à nous entretenir avec Kamal, de Flamingods, à l'occasion de la sortie de leur nouvel album, Majesty.
La Grosse Radio : Salut Kamal, j'ai cru comprendre que tu étais en plein milieu d'une longue journée promotionnelle ?
Kamal : Ouais, on est multi-tâches. Deux des membres sont en train de s'occuper des balances, deux autres en train de faire une autre interview et moi, je t'attrape au téléphone ! (rires)
Ok ! Alors si t'es d'accord, c'est parti ! Je voulais d'abord te dire que c'est un véritable plaisir pour moi de pouvoir te parler aujourd'hui. j'aime beaucoup The Flamingods, alors merci de me répondre.
Merci mec !
Parlons un peu de toi et du groupe. Vous avez tous l'air d'avoir un background et une histoire inhabituelle.
Ouais, c'est assez complexe ! (rires)
Je voulais savoir comment vous avez commencé tout ça. J'ai cru comprendre qu'à la base, c'était ton projet solo, comment est-ce devenu un groupe de cinq membres, The Flamingods ?
Je faisais un travail d'enregistrement vraiment spécial à la maison et je me suis vu offrir des concerts. J'avais donc besoin d'un groupe, il se passe tant de choses dans les morceaux. Je connaissais ces mecs de Bahreïn, on a grandi ensemble et je savais qu'on se comprenait comme musiciens alors je les ai appelé, ils sont venus, on a commencé à jouer et finalement, chacun a contribué au développement des morceaux et ç a a donné ce que nous faisons aujourd'hui.
Tu voulais jouer ces morceaux en live ? C'est ce que tu imaginais quand tu as commencé à les composer ?
Non, pas du tout ! C'était plus l'occasion de mettre sur papier ce qui me passait par la tête, spontanément. Je ne pensais pas aux aboutissant à ce moment-là. En tout cas je ne pensais sûrement pas que ça prendrait une telle tournure ! (rires) C'est vraiment quand on a eu ces propositions de concert qu'on a eu cette envie de tout développer, d'aller plus loin.
Votre précedent album, Hyperborea, a été fait sans aucune session où vous étiez tous ensemble en studio. C'est parce que vous viviez dans différents pays ou par choix artistique ?
C'était par nécessité. On a du agir de cette manière par mon visa anglais était épuisé, je suis donc revenu en Angleterre mais je ne pouvais pas repasser les frontières. Je suis revenu au Moyen-Orient et ait commencé à écrire, les gars écrivaient aussi de leur côté et la seule façon que l'on avait pour continuer de faire avancer le groupe était de s'envoyer des fichiers via internet. On avait chacun un boulot, on pouvait pas se permettre de passer du temps ensemble.
D'accord. Donc c'était par pure nécessité ?
Oui, mais je pense qu'on s'est aussi rendu compte que c'était une façon assez cool de procéder. C'était très stressant, je ne pense pas qu'on le refera ! (rires). C'était assez compliqué de tout assembler correctement mais je pense qu'on est tous très satisfaits du résultat final et qu'on pense tous que c'était un projet intéressant.
C'est sûr que ce soit être une manière intéressante de procéder ! Au moins on peut dire que le résultat était génial ! Du coup c'était pas la même démarche pour Majesty ?
Non, cette fois-ci on a agi un peu différemment. Ce n'était malgré tout pas de manière très orthodoxe vu que je vivais à ce moment-là à Dubai et il y avait des moments où les membres venait me rendre visite. Et l'un d'eux vivait également à Dubai avec moi durant cette période. On a donc écrit de la musique ensemble puis on est allé en Angleterre pour continuer à écrire tous ensemble et entrer en studio terminé toutes les pistes, etc...
A propos du concept de ce nouvel album : ça parle d'un gomme nommé Yuka, qui cherche son ouverture spirituelle en traversant une jungle exotique, c'est bien ça ?
Exactement ! (rires)
La moitié des morceaux représentent le matin et l'autre moitié l'après-midi. Je voulais savoir quelle est l'histoire derrière cette histoire ?
Et bien, à cette période je lisais beaucoup de mémoires de voyage écrits par les explorateurs du 18ème et 17ème siècle, qui se rendait dans des pays pour la première fois et découvraient toutes ces choses qu'ils n'avaient encore jamais vu. C'était une grosse scène d'inspiration pour l'album. L'idée d'aller quelque part pour chercher ce sur quoi rien n'a été écrit, qui n'a pas encore été découvert ou exploré, trouver cela et y plonger ton esprit. C'était le point de départ de l'histoire.
Tu es un voyageur toi-même, est-ce que c'est un rêve personnel ?
Oui. Je ne suis pas Yuka, mais il y a une partie de moi, je dirais.
D'ailleurs, pourquoi avoir choisi le prénom Yuka ? Est-ce que ça a un sens spécifique ?
Hum, non. Des fois on appelle notre album avec les choses qui nous passent par la tête ! (rires). Si ça sonne bien, alors ça marche ! Yuka était l'un d'entre eux (rires)
Pour moi, le Yuka est une plante utilisée en Amérique du Sud, cuisinée comme une pomme de terre.
Oh oui ! J'ai découvert ça plus plus tard mais c'est peut-être symbolique en réalité, qui sait (rires).
Votre musique est un mélange de nombreuses influences. De la world, du psychédélique, de la pop et quelques aspérités electro, dans les samples par exemple. Est-ce que vous avez une façon plus personnelle de décrire votre musique ?
Ah, celle-là est difficile ! (rires) Le terme que j'utilisais dernièrement est "Psychédélisme exotique". Ca résume plutôt bien le tout, je trouve !
Ca me semble bien oui ! Vous incorporez beaucoup d'instruments traditionnels à votre musique, je me demandais comment vous vous procuriez tous ces instruments ? Est-ce que vous les rapportez de vos voyages ?
C'est la démarche. Chaque fois qu'on voyage, on visite les alentours pour trouver de nouveaux instruments intéressants, on les prend et on essaie d'en jouer à notre façon, pas de la façon traditionnelle. Récemment, on a trouvé une superbe guitare thaïlandaise que j'ai trouvé sur le Ebay de là-bas. C'est comme pour des vinyles, on passe son temps à chercher, à exploirer, et on prend tout ce qu'on peut pendant notre route.
J'ai lu que vous aimiez modifier un peu ces instruments pour obtenir le son exact que vous voulez pour enregistrer.
Je trouve que ce serait insultant si on prenant juste ces unstruments culturels et qu'on copiait directement la façon dont on est censés en jouer, alors on essaie de les faire sonner comme quelque chose qui nous ressemble plus. On prend ces choses merveilleuses et on essaie de les faire nôtres, de leur insuffler une nouvelle énergie.
Et les gens ne se plaignent pas du fait que justement, vous n'en jouiez pas de manière traditionnelle ? Par exemple, je joue du didgeridoo, ces instrument australien, et quand on commence à jouer du Didgeridoo moderne, des gens se sentent offensés.
Je pense que les gens deviennent complètement ennuyeux quand il s'agit de parler de musique. Dans beaucoup de cultures, ils s'en foutent de la façon dont tu joues. Après, il y en a certains pour qui c'est important, dans ce cas-là on essaie de ne rien changer et de respecter ça.
Tu as des exemples d'instruments que tu as utilisé de manière non-traditionnelle sur l'album ?
Oui. On a joué du Gamelan dans cet album et on l'a utilisé de manière non-traditionnelle. Il y a aussi un instrument japonais. Là-bas, tu le trouves dans des orchestres très spéciaux, où des vieilles dames s'asseoient en rond et en jouent. Mais le notre est plugué, du coup on en joue totalement différemment.
Ca peut sembler inutile, comme question, mais est-ce que c'est quelque chose que vous voulez faire, un modèle créatif ? D'où est-ce que ça vient ?
Je pense que ça vient des sons que l'on souhaite créer. Si on était un groupe plus classique, ce ne serait pas le son qu'on aurait envie de faire. On fait de la musique différente, ça nous anime d'être éloignés de tout projet musical courant.
Je comprends bien ! Pour cet album, Majesty, vous avez collaboré avec Soundway Records. C'était la première fois que vous travailliez avec eux, comment est-ce arrivé ?
On adore Soundway Records depuis des années, on respecte leur travail et on collectionne beaucoup de leurs albums. On a surtout eu de la chance. On jouait au festival de Glastonbury et Miles, celui qui tient le label, était au concert. Il nous a envoyé un mail le lendemain pour nous dire qu'on avait assuré et qu'il voulait faire un album avec nous. Et c'était parti, sur un coup de chance.
J'suis content pour vousn en tout cas ! Je dois dire, concernant cet album et le précédent, que j'ai été sublimé par les visuels.
Les pochettes d'albums, tu veux dire ?
Oui. Elles sont très belles, avec toutes ces lumières colorées et ces contours psychédéliques, un peu à l'ancienne. Je voulais savoir si c'était la même personne qui les avait faites, peut-être l'un de vous ?
J'ai fait celle d'Hyperborea, et pour Majesty, c'est un très bon ami du groupe, Raymond Wong, qui s'en est chargé. Les deux sont des collages. Celui que j'ai fait pour Hyperborea a été réalisée à la main, et pour Majesty, c'est plus un collage digital par Raymond.
Le résultat est génial, j'aime vraiment beaucoup.
Merci !
Y'a-t-il des scènes ou des pays où vous êtes venus pour la première fois dans cette tournée ?
On avait déjà joué en France mais c'était un show non-officiel. On avait reçu un message de ce gamin, Nico, il voulait qu'on dorme chez ses parents, on a joué dans un café, c'était vraiment chouette !
Vous avez sorti Hyperborea il y a deux ans, en été, Majesty est sorti cet été, est-ce qu'on peut considérer que le prochain album sortira en été dans deux ans ?
Oh oui, sûrement. On a sorti quelque chose chaque année depuis qu'on a commencé, que ce soit un E.P ou un album. Donc on verra bien !
C'était un plaisir de s'entretenir avec toi, merci de m'avoir consacré du temps, on te souhaite une super continuation, une super tournée, j'espère que tu en apprécieras chaque moment !
Merci mon pote, à bientôt j'espère !
Interview : Martin Roignot
Traduction : Thierry de Pinsun