Soen – Lykaia

Après deux albums, le supergroupe américano-suédois Soen revient en 2017 avec un nouvel opus, Lykaia. Naviguant dans la veine du progressive metal et longtemps comparé à Tool, Soen offre un troisième effort attendu par les fans du genre.

Soen se détache-t-il de ce rapprochement avec Tool ? A l'écoute du single, "Opal", on ressent cette influence de façon très nette. Plutôt rentre dedans, "Opal", qui est sans doute l'un des meilleurs morceaux de Lykaia, se trouve être le meilleur moyen de représenter l'album. Le choix de ce single est donc intelligent. En effet, l'auditeur n'est pas perdu face à ce qu'il entend, retrouvant la musicalité de Soen, avec ce côté brut donné par la rythmique tout en jouant sur l'émotion, transmise par la voix de Joel Ekelöf.

"Opal", c'est une grosse présence des riffs de Marcus Jidell, impulsant le morceau et lui donnant une force conséquente. Véritable acteur des coupures de rythmes, mélodique à souhait, confirmant la technicité voulue et à venir dans l'album. Réunissant sauvagerie et atmosphère planante, "Opal" réunit les deux caractéristiques de Lykaia.

"Sectarian" est beaucoup comparable à Tool, avec des envolées musicales et lyriques. On dit oui, mais Soen, ce n'est pas que cela. Le groupe se forge sa propre identité et si les ressemblances sont encore perceptibles, c'est uniquement car les deux groupes sévissent dans le même registre. Soen, c'est aussi une réelle particularité dans le sillon du metal, un grand du prog actuel. Les accords sont bien placés et la voix est agréable. La chanson suit un rythme qui sert de leitmotiv, ce dernier rappelant la modernité apportée par le djent avec des groupes comme TesseracT.
 


Soen, qui livre au passage l'une des plus belles pochettes de ce début d'année, n'a pas choisi le nom de Lykaia au hasard. Fête de la Grèce Antique, le terme Lykaia correspond à un rite en rapport avec les loups garous. Il existait une croyance où un éphèbe -garçon n'ayant pas encore atteint l'âge adulte se transformerait en cet animal mythique, d'où sa présence sur la pochette.

En écoutant l'album, on a l'impression de suivre une histoire, et avec "Orison", de commencer un nouveau chapitre à chaque changement de sonorités. La voix du chanteur transmet une émotion réelle. Parfois, on a l'impression qu'il nous conte quelque chose. Le refrain représente le point d'orgue de la beauté émotionnelle du morceau. S'ensuit un ralentissement au milieu du titre, où apparait au loin une voix féminine, nous donnant l'idée que l'on est au cœur du rituel de l'éphèbe pour se transformer en loup garou. La répétition des paroles et de l'instrumental sert à la cause de cette impression.

"Lucidity" lui, est plutôt atmosphérique et planant et en suivant notre logique, viendrait juste après le rituel où la pression retombe et où l'on est comme drogué. Soen alterne bien souvent entre deux caractéristiques qui font sa musique, comme l'entrée en matière puissante de "Sister" et la rythmique plus posée qui s'ensuit durant le morceau. Mais le groupe sort de sa zone de confort et ose. Soen se permet quelques petites touches orientales sur la fin de "Jinn", alimentant cette recherche toujours plus poussée de la beauté musicale du prog proposé par le supergroupe. Ou encore, sur "Paragon", les solos du morceau font bien plus penser au heavy qu'à autre chose.
 


En huit titres, Soen nous livre l'un des plus beaux albums de cette année 2017. Tout est parfaitement placé et maîtrisé, l'émotion et la richesse musicale de cet album en font une référence pour le prog actuel. Un bijou à écouter encore et encore, et à découvrir en live en avril prochain.

Track list :
1. Sectarian
2. Orison
3. Lucidity
4. Opal
5. Jinn
6. Sister
7. Stray
8. Paragon

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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