Après l'interview que nous a donné Didier Wampas, normal qu'on soit surexcités à l'idée de voir le groupe sur scène. Le choix de la rédaction se portera sur La Cave, à Argenteuil, pour le symbole mais aussi pour voir les Wampas dans une configuration plus intimiste, qui va leur offrir toutes les bonnes conditions pour se lâcher. Verdict.
35 ans. C'est le temps qu'il aura fallu aux Wampas pour revenir dans leur ville fétiche d'Argenteuil, qu'ils faisaient vibrer au son de leurs premières répètes. En affichant complet, La Cave le leur rend bien, et si l'on sait que le groupe sera, comme toujours, à fond les ballons, le symbole est emblématique. Mais l'heure n'est pas encore aux Wampas, les premiers timides encore froids s'approchent en petit nombre de la scène alors qu'à peine l'ouverture de la pièce effectuée, les Vex foulent déjà les planches.
Les Vex, d'ailleurs, c'est pas si mal. C'est à peu près le constat constant que l'on se fera le long d'une première partie généreuse en titres. À mi-chemin entre sonorités punk engagé, reggae et rock bien balançant, les Vex ne sont pas spécialement convaincants, tant dans leurs titres que leurs mélodies, mais il n'y a rien d'alarmant pour autant. Certains morceaux attireront plus l'émoi que d'autres, efficaces au point d'en faire chanter une bonne partie de l'audience, d'autres, majoritaires, beaucoup moins.
Le roi Didier qui les rejoint le temps d'un morceau (sans se souvenir des paroles d'ailleurs, qu'il fera en "la la la"), une session cuivre qui le fera fuir, il y a malgré tout quelques richesses. On sent que les Vex foulent les planches depuis longtemps, particulièrement Fred Jiskra qui fait partie des fondateurs de l'association Les Zuluberlus, sans que ça ait réellement percé un jour. une recette beaucoup trop vue et pas assez prenante pour que ça aille plus loin, mais qui peut faire la joie de nombreux cafés concerts. On leur souhaite bonne route.
Lorsque les lumières s'allument, la foule s'est drôlement agrandie. Ayant salué les derniers efforts de Vex avec sympathie, le public se prépare et s'échauffe, car le reste de la soirée ne sera pas de tout repos. Dès "Les ravers de Spezet", c'est d'ailleurs le bordel assuré. Le devant de la fosse n'a rien à envier aux plus violents concerts de metal, et même si tout est fait dans une bonne humeur évidente et une mentalité enfantine, ça y va bon train.
Faut dire que ce qui est offert sur scène donne l'envie de tout offrir. Si les membres du groupes, quelquefois avenants, se font plus discrets, Didier Wampas ne ménage pas son effort, constamment en mouvement, que ce soit sur les planches ou au milieu du public. Tantôt en train de faire suinter son punk sans finesse au micro, tantôt en train de venir nous l'hurler à la tronche, l'homme ne connaît pas le mot "répit". Après un "Electrodoowap" survolté, c'est au tour de "Patricia" de venir représenter Evangelisti, album que le groupe mettra beaucoup en avant avec pas moins de neuf titres. Et à voir l'accueil réservé aux nouveaux morceaux et l'énergie qu'ils génèrent, qui a dit que les Wampas étaient morts ?
Mais le véritable héros de la soirée, c'est Mathias. Habillé d'un maillot de cycliste une pièce, et à quelques jours de ses épousailles, le jeune homme s'évertue sur chaque morceau à monter en boucle sur la scène pour se jeter à bras ouverts dans la foule. Si beaucoup suivront la démarche, Mathias le fait tellement souvent qu'il se verra affublé du titre "gros boulet de la soirée" par le roi Didier. Visiblement très atteint par un début de festivités qu'il a dû passer en compagnie de verres bien remplis et bien dosés, cet invité spécial articulera peu, mais n'oubliera pas la politesse, faisant des bisous sur les crânes de ceux le portant lors de ses nombreux slams.
Après les nombreuses fessées administrées par l'homme à tout faire du groupe (ou comment désigner celui qui s'occupe de chaque instrument, fait la sécurité sur scène, maintient en l'air les câbles micros et guitares du Roi dès lors que celui-ci décide d'aller faire un bain de foule, et chante à tue-tête les paroles sur le côté quand il n'a rien à faire), c'est invité sur scène pour deviner le morceau "Ce soir c'est Noël" que Didier lui accordera un dernier jeté dans la foule. Qui lui sera fatal, vu que Mathias tombera sur la tête. Fin de soirée pour lui, il repartira debout mais bien sonné, on lui souhaite un bon rétablissement, il a tout donné.
Apparté terminé, c'est au tour de Didier de faire porter son trône par le public pour "Les bottes rouges", avant de se lever à ses risques et périls sur la chaise en question. Il l'a toujours dit : "Je vois pas l'intérêt d'aller faire un concert si c'est pas pour tout donner", et là en est la preuve. S'il nous dévoile son amour pour "Les Fesses Des Belges" ou autres niaiseries qu'il s'amuse à chantonner comme un gamin sur des grosses guitares énervées, c'est un être totalement habité qui préside les festivités, et le bougre est clairement animé d'un esprit rageur.
Et cet esprit, on le ressent tous. On ne chante pas que "le tube malgré lui" "Manu Chao", mais beaucoup de titres qui sont reconnus, ou appris avec minutie dès le premier refrain. On voit rarement une telle harmonie avec le public, la chaleur qui se dégage de tout ce petit monde est cette recette, cette alchimie qui forme les Wampas dans leur essence la plus pure.
En trois mots, on s'est éclaté. On a eu envie d'hurler dans tous les sens, de frapper les murs à tout va, mais aussi de se faire de tendres câlins avec un sourire bienveillant à la Tony Truant. Merci aux Wampas qui, encore et toujours, défoncent tout, merci à Verycords pour l'invit, bravo à La Cave pour l'organisation !
Et ici, on vous remet l'interview du Roi Didier, à regarder absolument !
Photos : Arnaud Dionisio / © 2017
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