Vous pensez avoir fait le tour de ce que peut proposer le hardcore ? Que le style a un peu de mal à se renouveler ces temps-ci ? Pas de problème, Ocean Grove est là pour vous prouver le contraire, un gros coup de pied dans la fourmilière en prime. Après quelques EPs intéressants, les Australiens sortent leur premier album avec la ferme intention de s’imposer hors de leur territoire. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on n’avait plus vu un coup d’essai aussi efficace depuis longtemps !
A l’écoute de « Beers », premier vrai titre de l’opus, on est loin d’imaginer ce qui nous attend. Très convaincant mais assez classique dans la forme, le combo envoie une bonne brique hardcore et on en demande franchement pas mieux au vu de la qualité de cette dernière. Luke Holmes ne s’économise pas et hurle comme un possédé alors qu’on s’imagine déjà un grand bazar s’installer dans la fosse en live.
Mais il se trouve qu’Ocean Grove est bien plus qu’un groupe de hardcore. Le collectif a décidé de piocher allègrement dans le son des années 90, que ce soit le grunge ou le néo-metal pour le moderniser et créer son identité. Le single « Intimate Alien » nous embarque dans un hommage volontaire à Korn mâtiné de rap à la Linkin Park tandis que « The Wrong Way » est l’occasion d’entendre le bassiste Dale Tanner prendre un malin plaisir à imiter Kurt Cobain avec réussite.
Ocean Grove nous embarque dans un rollercoaster de plus d’une demi-heure. Les titres sont variés à l’extrême et on passe d’une ambiance à l’autre sans transition, avec notamment ces interludes comme « Slow Soap Soak » ou « From Dalight » qui introduisent des sonorités drum n’ bass. Après tout, on n’est plus à ça près ! On en oublierait presque que l’on est en train d’écouter un album de hardcore jusqu’à ce que déboule « Stratosphere Love » et ses riffs diaboliquement efficaces qui viennent définitivement assommer l’auditeur à la manière d’un Stray From The Path.
Là où les Australiens impressionnent vraiment, c’est dans leur maturité étonnante pour un premier album. Malgré la diversité de la musique, presque tous les titres sont des hits imparables et les refrains, où le chant clair de Dale fait son apparition, sont éblouissants d’efficacité. On pense à « These Boys Light Fires », tube en puissance qui rend une nouvelle fois hommage à Nirvana ou encore « Thunderdome » en collaboration avec l’artiste electro Running Touch.
Jusque sur le dernier titre « Hitachi » qui rappellerait presque une chanson pop du top 50 actuel, Ocean Grove arrive à nous surprendre. Entre moshparts dévastatrices et influences rétro, le combo invente son propre style et le tout sonne divinement bien grâce à une production sans faute. Aucun des membres n’est oublié dans l’histoire et chacun a son petit moment de gloire, que ce soit les guitaristes Jimmy Hall et Matthew Henley et leurs riffs grungy ou le batteur Sam Bassal et son groove phénoménal étalé sur « Slow Soak Soap ».
On savait l’Australie capable de nous délivrer des OVNI musicaux à l’image d’Hellions, mais sa plus belle gemme vient incontestablement de débarquer en ce début d’année. Avec un album diversifié et sans faute de goût, Ocean Grove ressuscite le son des années 90 en le modernisant pour livrer ce qui s’impose déjà comme l’une des sorties de l’année. Vivement leur venue sur une scène européenne !