Le Supersonic est une salle purement hybride, capable d'accueillir autant de groupes émergents que de soirées tribute faisant pièce comble, lorsque l'affiche n'est pas centrée sur des groupes rares, possédant une aura établie et que l'on ne voit que trop peu. Savoir que Birdpen revient après avoir enflammé le Batofar est donc une nouvelle d'autant plus réjouissante qu'ils sont ce soir accompagnés d'un groupe dont nous suivons l'évolution avec passion de très près, ces trois merveilles que sont les parisiens de Lloyd Project.
Lloyd Project
C'est donc en voyant Loris, Antoine et Alexis monter sur la scène du Supersonic que le premier constat se fait ressentir : depuis leur interview au Mama Festival, Lloyd Project, ça faisait clairement trop longtemps. Il ne suffira que des trois premiers power chords de "Vertigo" pour se rappeler à quel point leur musique est enivrante, et représente tout ce que l'on espère voir dans le paysage rock actuel : des pamphlets inspirés de nombreuses décennies de martelage musical, pour un résultat à la fois nostalgique et nouveau, baigné du passé mais tourné vers le futur, de la musique, pure et vraie, celle qui inspire autant les musiciens que les auditeurs passionnés.
Et pour nous faire découvrir leur futur, leur évolution, le groupe ne se fera pas prier et présentera deux nouveaux morceaux, "Anger" et "Wild Trip". Si l'on espère en entendre les versions studio très prochainement, pour pouvoir en constater les subtilités, ce sont une fois encore deux monstres de live, qui feront mouche à chaque coup. On notera malgré tout quelques maladresses et hésitations, notamment lors des échanges de "Shelter" que l'on aurait aimé plus spontanés, nous faisant regretter un Loris un peu trop timide lors de ses interventions (l'introduction de "Black Haze" par exemple, que le niveau du bonhomme peut largement sublimer) mais globalement, Lloyd Project a encore grandi, et de la meilleure des manières. On y a vu un trio plus à l'aise, plus calibré pour les concerts qu'il ne l'était déjà, et un Alexis qui n'est pas aphone aux dernières notes tant sa technique vocale a évolué. Comme mise en bouche, on n'aurait pu espérer mieux.
Birdpen
D'autant que lorsqu'interviennent les anglais de Birdpen, le changement d'ambiance se fait sentir. Il est toujours agréable de voir deux parties aux identités distinctes, malgré des bases communes évidentes, et Lloyd Project n'aura pas été choisi pour sa similitude avec la formation principale de ce soir, mais bien pour leur talent indéniable. Au-delà de leur musique très centrée sur de longues nappes agrémentées de moments forts et intenses, la première chose qui nous marquera concernant Birdpen sera la force de leur son. Réglé aux petits oignons, jamais trop fort mais ne manquant jamais d'intensité, il suffira d'une note pour nous englober dans leur rock/electro/trip-hop particulier, à l'image des compositions de Dave Pen au sein d'Archive.
Tout est carré au possible, et ce qui manque de spontanéité est d'une efficacité sans limites. Pourtant, une certaine répétition se fait sentir, et on sera ravi que le set soit court, préservant son intensité, malgré trop peu d'intéractions avec le public. Nul doute que la prestation serait encore plus prenante avec un jeu de lumières adéquat, et le Supersonic s'y prête difficilement. Malgré tout, dans la configuration à laquelle elle se tient, la salle fait un travail exemplaire, surtout en matière de son.
On remercie donc le Supersonic d'avoir démarché un groupe tel que Birdpen, leur offrant un public et prouvant que cette salle offre un éclectisme fou dans sa programmation. Félicitations à Lloyd Project, désormais grands habitués du lieux, et merci à HIM Media pour l'invitation !
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Crédits photos : Alice de Bonnechose