Cette dernière soirée du mois de mars était assez anecdotique pour You Me At Six. La Cigale est en effet la toute première salle étrangère dans laquelle ils ont joué, et c’était il y a 9 ans, en première partie de Fall Out Boy. Ce soir, ils sont eux-mêmes en tête d’affiche et accompagnés de The Amazons et d’un groupe Français (rajoutés pour ce concert seulement), The Earl Grey. Venus promouvoir leur dernier album Night People sorti en janvier, YMAS ont bouclé avec brio leur tournée Européenne dans la capitale.
The Earl Grey
Les Parisiens de The Earl Grey étaient les premiers à se produire ce soir en proposant à un public déjà très chaud, un rock énergique et mélodique qui n'a pas manqué de faire crier et bouger une majeure partie de la fosse. Une musique travaillée et des musiciens talentueux, c'est ça The Earl Grey. C'est aussi un Alexandre Ragon (chant) plutôt bavard que l'on retrouve ce soir.
Outre ses parties vocales bien assurées et variées entre le chant puissant et les parties plus douces et mélodiques, il prend régulièrement la parole pour faire participer le public et nous invite à le retrouver pour boire un coup entre les concerts. En tout cas, avec toute l'énergie qu'il dépense sur scène, un bon rafraîchissement ne lui fera pas de mal.
Nous avons même le droit a une courte apparition de Bertrand Poncet (Chunk! No, Captain Chunk!) qui vient poser son scream sur son couplet de "We Are Young". Au final, un set bien mené par un groupe pas méconnu de la scène parisienne, qui a su rendre hommage et mettre en valeur sa musique sur sa demi heure de concert.
The Amazons
C’est donc au tour des anglais de The Amazons de chauffer la salle. Le groupe, dont le premier album est prévu pour juin, fait l’unanimité dès les premières notes. «Stay With Me» fait monter la température comme il se doit : le rock ’n roll pur et brut du groupe est entraînant et leur chanteur assez charismatique.
The Amazons enchaînent avec «Ultraviolet», et la plus connue «Black Magic». Mélangeant sonorités alternatives et éléments indie pop, les petits britanniques ont là une formule qui marche, et interprètent les titres avec énergie. Le court set se termine par «Junk Food Forever», la voix de Matt (chant) fait écho dans la salle et la foule se laisse emporter par le refrain évocateur. The Amazons quittent la scène sous les applaudissements des Parisiens.
You Me At Six
Il est 21 heures pétantes lorsque les lumières s’éteignent. Des cris se font entendre, You Me At Six étaient attendus comme des rois (même si leur dernier passage à Paris date d’il y a 4 mois). Max Helyer (guitare rythmique) est le premier à pointer le bout de son nez, suivi par ses camarades. Le riff ravageur de «Night People» résonne et la foule s’agite. L’ambiance est bien là : sauts, claquements de mains… Le ton monte et ce sont les titres phares du groupe, «Underdog», «Loverboy» et «Stay With Me» qui feront trembler La Cigale. L’instant est assez nostalgique et nous rappelle limite notre adolescence, l’époque où YMAS évoluaient encore dans le pop/punk.
Sur le côté, les personnes assises dans les fameux sièges rouges ne sont pas en reste : elles aussi agitent les bras en l’air et chantent les paroles par coeur. Notre charismatique leader Josh Franceschi est littéralement déchaîné, on l’a rarement vu ainsi. Il nous gâtera de petites danses mais aussi de mouvements survoltés et propice à l’hystérie. Des fois, il lancera également des petits «Allez les bleus!». «Spell It Out», qui commence telle une ballade rock, viendra calmer l’audience, avant de reprendre de plus belle avec la très post-hardcore «Bite My Tongue». Josh assure toujours la partie normalement chantée par Oli Sykes (Bring Me The Horizon) à merveille, à la limite d’un chant hurlé, repris également par les adeptes.
Toujours proches de leur public, les membres du groupe prennent quelques fois la parole entre les chansons, non sans une pointe d’humour. Matt Barnes (basse) remerciera souvent les spectateurs et Josh plaisantera sur le fait que son père est français, mais qu’il «ne sait toujours pas le parler car il est bête». L’accent est naturellement mis sur les nouveaux morceaux, «Swear» et «Heavy Soul» font tout leur effet en live. Le son est franchement bon, cependant, le chant est quelques fois caché et l’on entendait pas très bien Josh. Coté guitare, Chris Miller y va à coups de solos (simples, mais toujours sans fausses notes et parfaitement exécutés).
Chanson d’amitié oblige, c’est le moment où Josh demande à la fosse de créer des pyramides humaines, et incitera le plus de monde à monter sur les épaules de leurs voisins, avant d’entamer la très jolie «No One Does It Better». Puis, c’est «Cold Night» qui s’enchainera, avant que le public ne se mette à chanter «Joyeux anniversaire Dan!». Le batteur sort enfin de l’ombre et viendra souffler ses bougies devant ses parents et quelques membres de sa famille venus exprès pour l’occasion (c’est trop mignon).
«Brand New», un de leurs nouveaux titres, est excellente et ne déçoit pas. Le refrain évocateur appelle largement à chanter en même temps, et le groupe joue avec tellement de passion qu’il est difficile de rester indifférent. La complicité entre YMAS est touchante, et Josh viendra même chanter en tête à tête avec Max (guitare).
Si l’ambiance est à son comble, Josh prendra le temps de faire un speech émouvant contre les discriminations, on retiendra particulièrement : «Ne laissez personne vous faire croire que parce qu’une personne a une couleur de peau différente que la votre, croit en un autre dieu ou ne s’habille pas pareil que vous, que cette personne est le diable. Assurez-vous de toujours être gentil avec ceux que vous rencontrez, car vous ne savez pas ce qu’ils sont en train de traverser dans leur vie». Puis, le groupe dédiera «Take On The World», tirée de l’album Night People, à toutes les personnes décédées au Bataclan en novembre 2015. Les paroles font mouche et chacun chante et lève les bras en rythme.
C’est déjà l’heure du rappel, et «Lived A Lie» fera remonter l’ambiance d’un cran. Les «And if lived a lie, would someone meet me on the other side» feront s’époumoner les parisiens. La superbe «Give» s’enchaine, puis le concert se terminera en apothéose avec «Room To Breathe», où l’on sera même témoin d’un mosh pit.
Un show impeccable, une ambiance de folie… You Me At Six ne nous ont pas épargnés et n’ont rien perdu de leur incroyable prestance scénique. Toujours aussi agréables, on aimerait que des groupes comme eux viennent plus souvent dans nos contrées, ou soient par exemple, invités dans nos festivals...
SETLIST :
Night People
Underdog
Loverboy
Stay With Me
The Swarm
Spell It Out
Bite My Tongue
Swear
Fresh Start Fever
Heavy Soul
Reckless
No One Does It Better
Cold Night
Brand New
Take on the World
Lived a Lie
Give
Room to Breathe
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