The Obsessed – Sacred

En sortant son troisième album en plus de trente ans de carrière et vingt-trois ans  après le précédent, The Obsessed fait parler le vieil adage : plus c'est long, plus c'est  bon. Et l'attente en valait la peine car avec Sacred, Wino et ses nouveaux complices prouvent qu'ils sont loin d'avoir dit leur dernier mot en proposant un heavy doom  traditionnel mais pas dénué de qualités.

Échappé de l'Enfer et de retour aux affaires, voilà ce qui pourrait résumer la situation  actuelle de Scott « Wino » Weinrich. Contraint de quitter Saint Vitus en pleine tournée  alors qu'il venait de se faire pincer pour possession de dope en Norvège en 2014 (une situation qui  par ailleurs rappelle un peu étrangement celle vécue par une de ses idoles Lemmy  Kilmister alors qu'il faisait partie d'Hawkwind et qui l'amena à créer rageusement Motörhead), notre Ghost Rider préféré a été de nouveau obligé de repartir à zéro.  Alors il a repris les choses là  où il les avait laissées en 1994 en reformant The Obsessed.

Se remémorant peut-être que le premier nom du groupe était Warhorse, Wino a donc remis  le pied à l'étrier pour foncer une nouvelle fois sur le champ de bataille. Cela n'a encore pas été facile bien sûr, il y eut quelques changements de line up notamment, dont une obscure  histoire sentimentale avec la guitariste Sara Seraphim, ainsi que quelques rodages sous forme de concerts et demos.

Mais le résultat est là : Sacred, troisième album de The Obsessed (en 37 ans !), est  disponible depuis le 7 avril sur Relapse Records, et fait suite à The Church Within qui date déjà de 1994.
Avec ce nouvel opus « papy » Wino (57 balais au compteur) semble vouloir crier à la Terre  entière que ce n'est pas aux vieux singes que l'on apprend à faire des grimaces. Et on ne peut  que lui donner raison. The Obsessed joue du heavy metal, pas celui clouté, chasseur de  dragons ou de groupies siliconées. Non, le vrai, celui qui sent la bière, l'alcool frelaté, les  substances prohibées et l'huile de moteur de bécanes traficotées.

Wino est un survivant qui revendique l'héritage de Black Sabbath, Blue Öyster Cult Motörhead et Frank Zappa, n'ayant pas peur aussi de fricoter avec une énergie et une rage  punkoïdes (ce n'est pas pour rien que Henry Rollins ou Ian MacKaye, frères de scène, ne  tarissent pas déloges sur The Obsessed). Stoner, doom, heavy... on en a un peu pour tous les  goûts sur ce nouveau disque à la pochette très sanglante, voire cliché mais ceci est pardonnable.

Par exemple, qui aime Vista Chino ou Hermano ? Si c'est la cas jetez-donc une oreille sur  « Razor Wire » avec sa basse et guitare « fuzzées » ou « Punk Crusher », deux titres plutôt  groovy faisant passer du doom de caveau humide au desert rock stoner.

Mais avec The Obsessed on reste dans un heavy, lourdement doom par moments, et en cela  « Sacred » au riff efficace et à la section rythmique carrée et au taquet en est une très bonne illustration, nous renvoyant à l'excellent The Church Within. « Perseverance of Futility »  avec son riff hypnotique qui reste dans la tête et son effet d'écho sur la voix ou « My Daugter My Sons » sont aussi de bons exemples de cette formule dont le groupe du Maryland peut se targuer d'être l'un des principaux artisans.

Il y a de même quelques titres plus punk'n'roll, au feeling proche d'un Motörhead comme  les efficaces « Haywire », au solo expéditif, et « Be The Night », morceau déjà présenté  dans sa version demo en 2016.

Au niveau bonnes surprises prouvant le talent de compositeur du sieur Wino, nous pouvons nous attarder sur « Stranger Things », très bonne chanson remplie de feeling au riff principal d'abord joué en acoustique (et repris dans la même formule en outro du titre) et sur lequel le leader de The Obsessed semble vouloir exprimer une certaine émotion. Le  refrain presque pop de ce titre est un peu surprenant mais fonctionne parfaitement et montre une facette différente du groupe justement.
Autre chose inattendue : la présence de « Sodden Jackal », un titre ouvrant l'album, déjà présent sur la face B du premier single du groupe sorti en 1983 et que Wino a voulu réenregistrer pour enfin en  donner une version honorable.

Deux instrumentaux se sont aussi glissés sur Sacred : « Cold Blood », sympathiquement stoner doom aux breaks et soli soignés et le court « Interlude » qui clôture la version normale de l'album.

Wino n'oublie pas non plus de saluer ses aînés en reprenant le « It's Only Money » de Thin Lizzy au groove fidèle à l'original mais sans la suave voix soul de Phil Lynott. Les possesseurs de l'édition limitée de Sacred, eux, pourront écouter une sympathique cover du « Crossroader » de Mountain placée en titre bonus sur laquelle le groupe semble s'amuser.

Justement à propos de cette édition limitée, en plus de la reprise de Mountain, en deuxième titre bonus figure « On So Long », un long et très bon morceau versant dans un doom au relents psychédéliques assez sombre qui aurait mérité sa place sur la version officielle de Sacred, à la place de « My Daugter My Sons » par exemple, piste pas complètement  mauvaise mais ayant cependant tendance à traîner en longueurs.

Une chose est à retenir de cette résurrection de The Obsessed : en ces temps saturés par les  sorties et l'apparition de nouvelles formations, où l'auditeur ne sait plus à force d'écouter les  nouveautés forcément distinguer ce qui est à retenir, voir des vétérans revenir avec un album  d'aussi bonne qualité tient du... sacré.

Liste des titres :
1. « Sodden Jackal »
2. « Punk Crusher »
3. « Sacred »
4. « Haywire »
5. « Perseverance of Futility »
6. « It's Only Money »
7. « Cold Blood »
8. « Stranger Things »
9. « Razor Wire »
10. « My Daugter My Sons »
11. « Be The Night »
12. « Interlude »
13. « On So Long » (Bonus Track)
14. « Crossroader » (Bonus Track)

  Sortie le 7 avril sur Relapse Records

 

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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