Depuis leur premier opus, Cor Oblivionis, publié en 2014 via Univocal Music et une série de tournées avec myGRAIN, Magenta Harvest, Fintroll, Kill The Kong ou encore Arkentype, le son de Nighon a évolué dans un mélange unique de musique symphonique et de metal industriel. C'est avec un tout nouvel album, enregistré alternativement au Soundspiral Audio et dans leur studio personnel et mixé par Fredrick Nordström et Henrik Udd au studio suédois de Fredman à Gotherborg, que le sextet finlandais marque son retour le 5 mai prochain via Inverse Records.
Dans la lignée de groupes tels que Civil War ou encore Sabaton, Nighon a choisi d'aborder la thématique militaire, ceci est indéniable. Commençons par le commencement : la pochette de l'album. L'artwork est très épuré et très carré, seules apparaîssent deux bandes noire et blanche en forme d'insigne du grade de caporal. La campagne promotionnelle de The Somme s'articule aussi sur ce thème. En effet, Nico, Björn, Mika, Michael et Mats arborent fièrement des peintures de guerre sur le visage en rappel de l'artwork de la pochette. En compagnie d'Alva ils manient des armes et chevauchent même un tank panzer de l'armée allemande. Enfin, toutes les chansons sans exceptions font références directement ou indirectement aux deux guerres mondiales qui nous ont touchés dans le passé et plus généralement aux horreurs des conflits.
« Marseille 1914 » introduit ce concept album qu'est The Somme. Une voix étouffée et samplée fait son apparition sur une bande son dont l'atmosphère est lourde et ténébreuse. On peut y entendre de nombreuses références sur l'assassinat du 28 juin 1914 de l'archiduc François Ferdinand à Sarajevo, date déclenchant un mois plus tard les quatre années de boucherie de la Première Guerre mondiale. « Altafjord » fonctionne comme une introduction pour le morceau suivant. Le titre est une allusion à un fjord du nord de la Norvège ayant servi de retraite à des navires allemands lors de la Seconde Guerre mondiale. C'est aussi une sorte d'intermède samplé atmosphérique, au même titre que « Medic » et « You Do Not Know What The Night May Bring ».
« Scharnhost » qui suit naturellement « Altafjord » parle, quant à lui, du destin tragique d'un croiseur de bataille de la Kriegsmarine du IIIème Reich ayant fait naufrage le 26 décembre 1943 lors de la bataille du Cap Nord .C'est le morceau le plus long de l'album. Un petit peu plus de huit minutes durant lesquelles le son majoritairement indus est entrecoupé par de nombreux breaks. La voix de Nico proche de celle de Till Lindemann , growlé à outrance, soulève clairement la violence de ses propos. Au milieu de cette marée de brutalité, le solo technique de Michael ainsi que l'apparition du chant puissant plein de clareté d'Alva apporte de l'harmonie à cet exceptionnel effort.
Le duo chant clair et puissant d'une pureté impressionnante de cette dernière, marié à celui de Nico (tantôt grave et profond, tantôt criard et puissant mais toujours dans un growl le plus extrême possible, tout en restant audible) fonctionne à la perfection tout au long de l'opus. Seule exception à la règle pour « Blow Them To Hell » et « I Fear For Tomorrow » marqués par l’absence notable d'Alva. Ces deux chansons n'en sont que plus rudes et ce n'est pas le jeu de double pédale hallucinant de Mika, rappelant les salves de mitrailleuses ainsi que les riffs hachés, saturés et percutant de Björn et Michael qui nous feront dire le contraire.
Les deux premiers singles de The Somme sont placés en tout début d'album. Ceci favorise grandement leur mise en valeur et leur qualité ne fait que donner raison à ce placement judicieux. « The Greatest Of Catastrophes » nous a été dévoilé le jour de la Saint-Valentin de cette année lors de la publication du videoclip mettant en scène chacun des protagonistes du groupe via la chaîne youtube InverseRecordsFIN. « The Dirge », quant à lui, tire son inspiration de l’annexion de la Crimée, la guerre du Vietnam et de la guerre de Corée. Toujours grâce à la chaîne youtube de leur label, nous avons pu découvrir son videoclip le 21 mars dernier. Malgré un style vocal diamétralement opposé, le growl bien gras de Nico, mis en valeur par l'instru semblable à celui de groupes comme Rammstein, Pain ou même Oomph! par sa saturation et sa rythmique, s'allie à la perfection avec la voix d'Alva qui, comme celle d'Amy Lee notamment, sort du lot par sa puissance et sa clareté. Cette alliance sur les refrains nous fait rentrer les paroles dans la tête comme dans du beurre et met en évidence le mariage entre la puissance et l'harmonie.
« Reclaiming Ravenpoint » est le troisième et dernier single dévoilé il y a tout juste deux semaines. Tout comme « I Fear For Tomorrow », ce sont les bonnes grosses lignes de basse de Mats qui sortent du lot et surtout qui donnent à ces deux chansons leur rythmique toute particulière. La suite de l'album, de « Lest We Forget » à « Tragédie » en passant par « Minor Secundus » n'est qu'un amas de son violent et profond, industriel marqué par les coups de boutoir growlé à l’extrême de Nico où l'association avec Alva apporte de la puissance et de la symphonie aux refrains. Les headbangs vont voler sur les couplets et les paroles des refrains vont être hurlées dans les fosses en live, c'est sûr et certain.
A l'inverse de la majorité des groupes de metal et de rock, Nighon clôture par le titre éponyme de l'album. Le chant de Nico ainsi que le son industriel présent tout au long de l'album disparaissent pour cet ultime titre. Seul reste le chant mélodique et pure d'Alva ainsi qu’une instrumentation se rapprochant plus du metal symphonique. L'introduction douce à la cornemuse, semblable à celles qui résonnent lors d'enterrements militaires anglo-saxon, ajoute de l'harmonie. « Somme » nous conte l'histoire de John, fantassin anglais ayant perdu la vie lors de la bataille de la Somme dans le Nord Est de la France, bataille la plus sanglante opposant les Français - aux côtés des Britanniques - aux Allemands en 1916.
Prenez le son industriel de Rammstein, ajoutez celui symphonique d'Evanescence, mélangez le tout et vous obtenez Nighon. La collision entre les deux univers est originale mais plus que cohérente au vu de la qualité de cet opus. Avec un univers et des paroles dures et graves, « The Somme » s'inscrit dans la lignée des concept albums dont la réussite est plus que sûre. On ne peut pas passer à côté de ses six Scandinaves. Espérons donc une prochaine venue en France.
Line Up :
Nico Häggblom - Chants
Alva Sandström - Chants
Björn Johansson – Guitare
Michael Mikander - Lead Guitare
Mats Ödahl - Basse
Mika Paananen – Batterie
Tracklist :
01 – Marseille 1914 (1:24)
02 – The Greatest Of Catastophes (4:01)
03 – The Dirge (4:43)
04 – Lest We Forget (5:11)
05 – Medic (0:52)
06 – Blow Them To Hell (6:03)
07 -Altafjord (0:44)
08 – Scharnhorst (8:36)
09 – Reclaiming Ravenpoint (5:32)
10 – You Do Not Know What The Night May Bring (2:09)
11 – Minor Secundus (4:47)
12 – Tragédie (4:29)
13 – I Fear For Tomorrow (5:47)
14 – Somme (7:09)
Label :