Bon cette fois-ci ça semble sûr : C'est pour cette année. On nous avait dit 1999 avec la chute de la station Mir (d'ailleurs il fait quoi maintenant Paco Rabanne ? Il écrit des textes pour Neurosis ?), il y en a même qui ont évoqué un grand bug informatique pour le passage à l'An 2000. Rien de tout ça ne s'est passé bien sûr et le monde a continué à tourner. Mais là ça y'est, on a une date : Le 21 décembre 2012, the party is over mes amis. C'est inscrit dans le calendrier maya ( qui contrairement à celui de La Poste ou de l'Amicale des Pompiers n'est pas vendu en faisant du porte-à- porte, c'est dommage j'attends toujours de voir dans mon judas un p'tit indien me sourire et me proposer «l'almanach de la fin des temps », ça aurait de la gueule non ? ) : On est foutu, pas de dinde à Noël déjà en 2012. Il faut avouer que les temps sont durs, entre les catastrophes naturelles, la crise financière, la sixième saison de Secret Story qui vient de commencer, les scandales politiques et le Lulu de Metallica, l'atmosphère est plutôt morose. Mais il y'a du bon à tout ce malheur : Killing Joke, la formation culte qui a su mixer l'énergie et l'agressivité du Punk ainsi que la puissance du Metal à la noirceur de la Coldwave et aux bidouillages bruitistes et Indus sort déjà un nouvel album alors que le précédent ( le déjà bon Absolute Dissent ) venait à peiné d'être digéré par les fans. Fini les problèmes de line-up, les excès divers et les errements artistiques, la blague qui tue s'est prise une grosse baffe en 2007 avec la mort du bass heroe Paul Raven et a décidé de reformer son équipe originelle, celle qui a pondu le mythique premier album, entre autres, et de continuer de plus belle l'aventure.
Outre Mr Jaz Coleman, chef d'orchestre ( profession qu'il exerce vraiment par ailleurs), on y trouve le fidèle Geordie Walker à la guitare ainsi que Paul Fergusson, dit "Big" Paul à la batterie, Martin Glover, plus connu sous le pseudonyme Youth, lui tient la basse et Reza Udhin est aux claviers . Cet excentrique de Coleman est justement persuadé qu'il va se passer quelque chose d'important en 2012, pas forcément l'Apocalypse annoncée ( faut dire que le Jaz a un peu fait son Paco Rabanne au début des années 80 lorsque persuadé de la fin des temps, il est parti se réfugier en Nouvelle- Zélande ), mais qu'un cycle nouveau va prendre son essor. Ce thème semble l'avoir inspiré pour ce nouvel album de sa blague qui tue, le quatorzième si l'on ne compte pas les live et les compilations, sobrement intitulé MMXII et disponible depuis le 2 avril 2012 sur Cooperative Music. Que dire de ce nouvel opus ?
Autant l'avouer : Pour un « vieux » groupe ( 24 ans cette année ), Killing Joke arrive encore à sortir des bons albums ( en étant mauvaise langue, je dirais même que certains élèves du maître devraient prendre exemple sur lui, n'est-ce pas Mr Jourgensen ? ) et, même s'il n'est pas un chef-d'oeuvre comme ont pu l'être le 1er disque ou Pandemonium, MMXII ne comporte aucun mauvais titre, dix chansons, pas de déchets, ni de ventre mou. L'énergie est là, que ce soit dans les riffs de Geordie ( le dissonant « Colony Collapse » qui est un des morceaux les plus heavy de l'album, le gros riff de « Corporate Elect » et le costaud « Glitch » ) mais aussi dans la voix de Jaz ( qui est vraiment la vedette de MMXII par sa pureté, on sent que le vocaliste a freiné les excès, je trouve ) qui se montre souvent calme et posée pendant les couplets avant d'exploser de fureur lors des refrains ( comme c'est le cas sur « Pole Shift », « Fema Camp » ou « Corporate Elect » ), elle est aussi parfois gorgée d'écho ( « Pole Schift » et le très bon single « In Cythera » par exemple ) ou se montre remplie de rage et de colère tout au long d'un morceau comme c'est le cas sur « Glitch ».
La section rythmique elle, se veut puissante ( en atteste la frappe lourde de Big Paul sur « Corporate Elect » et « Rapture » par exemple ) et groovy ( Youth possède peut-être un jeu moins « dansant » que Paul raven, il n'en reste pas moins un très bon bassiste ), des morceaux comme « Rapture », le futur hit pour dancefloors gothiques « In Cythera », le bien nommé « Trance » qui combine en quelques minutes le style de Killing Joke, ( souvent qualifié de « Heavy Dance » ) mélange d'un groove à la fois hypnotique et agressif à une ambiance froide, en sont de parfaits exemples.
Quant aux tempos, ils sont suffisamment variés pour ne pas lasser l'auditeur, que ce soit sur les rampants « Fema Camp » ( qui évoque presque le « Kashmir » de Led Zeppelin ) et « Primobile », les déjà cités « In Cythera » et « Trance » ou le martial et synthétique « On All Hallows Eve ».Malgré une dominante sombre, MMXII reste plutôt homogène tout au long de sa durée donc. Il est à noter la présence d'arrangements électros qui rebuteront peut- être la frange la plus Metal qui voudrait se pencher sur ce nouveau disque de Killing Joke, personnellement, et s'il faut avouer que l'on pense à Kraftwerk ( influence revendiquée par Jaz Coleman ) sur le final « On All Hallow's Eve » ( un peu dans le même style « Primobile » me rappelle les anglais de Cassandra Complex ), je trouve que les nappes de claviers et autres bidouillages accentuent à merveille l'atmosphère ténébreuse et oppressante de MMXII. Je terminerai cette chronique en évoquant un peu les textes pondus par le frontman du groupe bien éloignés des clichés Rock et Metal, ainsi Jaz par exemple voit la fin de notre monde provoquée par l'influence de plus en plus importante des banques centrales et des grandes corporations qui dominent notre destinée et semblent décider du sort de l'humanité ( « Corporate Elect » ), mais le leader de Killing Joke sait aussi se montrer plus intime et sensible comme c'est le cas avec « In Cythera » qui évoque l'île grecque ( et plutôt isolée ) Cythère, là où est né le mythe d'Aphrodite, mais est avant tout une déclaration d'amour à ses proches qui l'ont soutenu lors de ses années difficiles. La seule, petite, faute de goût à relever dans ce nouvel enregistrement se trouve être la pochette avec son gros crâne pas du meilleur effet mais que vous ayez découvert le groupe avec Pandemonium par exemple, que vous soyez fan de longue date ou simple curieux ayant envie de se plonger dans la riche discographie du band à Jaz Coleman et Geordie Walker, MMXII est un très bon disque. Et ce n'est pas une blague ( qui tue ).
Liste des titres :
1- Pole Shift
2- Fema Camp
3-Rapture
4-Colony Collapse
5-Corporate Elect
6-In Cythera
7-Primobile
8-Glitch
9-Trance
10-On All Hallow's Eve
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