Outsider des gros festivals metal allemands, le Summer Breeze souffle cette année sa vingtième bougie en ayant réussi à se créer une identité unique en tant que festival de taille moyenne. Un rendez-vous qui séduit de plus en plus le public français puisqu'il a lieu à trois heures de route de l'hexagone. De quoi avoir envie d'aller discuter avec l'équipe d'organisation pour faire le point sur ces vingt ans à se construire dans son coin, dans l'ombre de l'ogre Wacken.
Bonjour Ralf. Peux-tu te présenter toi et ton rôle pour le festival ?
Je m’occupe principalement des relations publiques du festival et du marketing. Je suis aussi en charge de quelques éléments d’organisations sur place comme les chambres d’hôtels, la location de voitures etc…
Cette année célèbre le 20ème anniversaire du Summerbreeze. Est-ce que vous avez prévu quelque chose de spécial pendant le festival pour fêter ça dignement ?
Oui absolument. On a déjà quelques groupes qui joueront des sets spéciaux et uniques mais ce n’est pas tout. Comme toutes les surprises d’anniversaires, on ne communiquera pas en détails sur tout ce qui va se passer, mais attendez-vous à pas mal de surprises !
Le Summerbreeze est réputé pour son line-up qui rassemble tous les ans le gratin des groupes de taille moyenne. Est-ce que dans les années à venir vous pourriez programmer une grosse tête d’affiche comme Rammstein où est-ce au contraire quelque chose que vous voulez éviter à tout prix ?
Ce n’est pas quelque chose que l’on cherche délibérément à éviter mais il y a peu de chance que ça arrive. Deux raisons très simples : on perdrait l’identité du Summerbreeze et les prix des cachets sont trop élevés. C’est impossible pour nous de payer la venue de si gros groupes et même si nous le pouvions, il y a beaucoup de choses qui se rajoutent au cachet initial quand tu fais les fais jouer. Des coulisses spéciales, une équipe de sécurité dédiée, un décor de scène adapté et bien plus encore qui augmenterait le coût pour nous. Nous n’avons pas la place pour ça et nous n’avons non plus la place pour accueillir davantage de spectateurs.
Le site a donc atteint ses limites de capacités ? Ou vous voyez encore un moyen d’évoluer au niveau du nombre de spectateurs ?
Théoriquement, on aurait la place pour quelques spectateurs de plus, mais pas 15.000. Tu pourrais aisément caser 10.000 personnes de plus sur le site, il faudrait juste trouver 10.000 personnes désirantes d’acheter leur billet ! Les plans c’est une chose, la réalité en est une autre. Si le festival reste à cette taille, ça nous convient très bien.
L’une des attractions principales du festival est la Camel Stage où les groupes émergents peuvent jouer avant de parfois exploser auprès du grand public (Rise Of The Northstar, Mantar…) Comment trouvez-vous des nouveaux groupes aussi talentueux tous les ans ?
On reçoit énormément de candidatures et on essaie vraiment de toutes les écouter. En plus de cela, on reste proche de ce qui se fait dans la scène, le bouche à oreille est un moyen très sûr de savoir ce qui va fonctionner. Si leur timing s’accorde au nôtre et que toutes les conditions sont réunies, la place leur revient.
Donc tous les groupes qui jouent sur cette scène envoient des candidatures spontanées ?
Certains oui mais pas tous. Pour certains on les programme nous-mêmes sur cette scène, elle est au milieu du festival et c’est un bon moyen d’exposition.
Aujourd’hui, la mode dans de nombreux festivals est d’offrir un live-stream des concerts en direct sur internet, mais le Summerbreeze n’a jamais fait ça. Pourquoi ?
C’est vrai. Jusqu’à présent, cela nécessitait des moyens techniques qui n’étaient pas à notre disposition. Cette année on devrait avoir un partenariat avec une chaine de télévision allemande qui filmera un bon nombre de groupes et proposera un live-stream sur internet. C’est prévu mais ce n’est pas 100% confirmé donc on verra en temps voulu.
Vous essayez depuis quelques années d’ouvrir le line-up à davantage de groupes de hardcore/metalcore, avec parfois des commentaires très durs sur les réseaux sociaux vous disant que ce genre de musique n’a pas sa place au festival. Comment vous arrivez à gérer ça ?
Quoi que tu fasses, il y aura toujours des gens pour se plaindre. Nous, on doit programmer des groupes et on ne peut pas discuter chaque groupe avec tout le monde, tu t’en doutes bien. Si il y a 30 commentaires négatifs sur Facebook ça peut paraître beaucoup mais comparé au reste, ce n’est rien. On a aussi des gens qui nous réclament plus de groupes de ce style donc il y a de la demande et nous on fait ce qu’on a à faire. Au final le public est toujours au rendez-vous, c’est le signe qu’on ne fait pas un si mauvais boulot là-dessus.
Je voulais aussi te parler de la fanfare qui ouvre toujours le festival comme une tradition et qui semble très populaire chez vos festivaliers. Tu pourrais m’en dire plus ?
C’est tout simplement le groupe de musique traditionnelle local, ils viennent directement du village de Dinkelsbuehl. On leur a demandé en 2006 d’ouvrir pour le festival mais ils ont insisté pour ne jouer que des chansons traditionnelles, pas de reprises metal. Soit ! C’est ce qu’ils ont fait et la foule était en délire. Depuis c’est devenu une tradition aimée de tous et le groupe adore également se produire là une fois par an.
On sait tous que l’Allemagne est un pays avec énormément de festivals metal, à quel point c’est dur de faire face à toute cette concurrence ?
Effectivement, chez nous il y a plus de 400 festivals de plus de 1000 spectateurs tous les ans, donc c’est une sacrée concurrence. En ce moment, le metal est à la mode, on entend beaucoup de monde dans l’industrie du spectacle dire que c’est « le truc » qui rapporte de l’argent… Je pense que les fans sont assez intelligents pour comprendre les intentions d’un festival et différencier les organisateurs passionnés de ceux qui sont juste là pour l’argent.
Sur un autre sujet, le festival est sur un lieu où la météo est parfois capricieuse avec les orages et tempêtes qui peuvent bouleverser une journée de festival. Comment vous faites pour anticiper au mieux ces soucis ?
Effectivement, pour ça on travaille en étroite collaboration avec deux ou trois institutions spécialisées dans les prévisions météos, c’est un travail essentiel. Sur le terrain, on est aidés par la Police, les pompiers et la Croix Rouge qui ont leur propre personnel qui s’occupe de ça. Ça nous permet d’avoir le plus d’estimations possibles et crois-moi, on en a jamais assez.
Combien y a-t-il de Français qui viennent au festival tous les ans ? Depuis combien de temps c’est un objectif pour vous de les attirer ?
On a toujours essayé de convaincre les spectateurs de tous les pays mais c’est vrai que la France est un marché spécial pour nous. Je devrais mentir pour te dire un chiffre mais c’est clairement la plus grosse part de fans étranger au Summerbreeze. On dirait donc qu’on a une relation particulière avec les Français, ce qui est très bien. Mais cela n’empêche pas que l’on accueille tout le monde, quelle que soit sa nationalité.
Est-ce qu’il y a un groupe que personnellement, tu rêverais de voir jouer à ton festival ?
Oh oui, Kiss ! J’adorerais voir ça.
Sur le long-terme, quelles sont vos attentes pour le futur ? Vous allez rester sur le même terrain ?
A l’instant présent, je dirais oui. On ne sait jamais ce qui peut arriver mais à Dinkelsbuehl, on a de très bonnes relations avec les habitants et les autorités locales donc on est loin de quitter ce site. Pour le public c’est sympa aussi car c’est une ville médiévale et une attraction touristique à visiter au même titre que les concerts.
Le Summer Breeze aura lieu en août à Dinkelsbühl en Allemagne. Tous les détails sont sur le site internet en français.