Il n'aura pas fallu longtemps à Necrowretch pour s'imposer comme une valeur sûre de la scène death metal francophone. Déjà avec leur deuxième opus, With Serpents Scourge, les Valentinois avait su se faire remarquer, proposant un retour dans le temps vers la fin des années 80 et le début des années 90, lorsque la scène extrême était à ses balbutiements, avec les premiers opus de Possessed, Dissection, Morbid Angel ou encore le Morbid Visions de Sepultura. Avec ce troisième album, Satanic Slavery, le trio devenu quatuor enfonce le clou et ne risque pas de retomber de sitôt.
Les éléments qui ont fait la personnalité de Necrowretch sont toujours présents dès le titre d'ouverture de Satanic Slavery. Un son old school sans sonner dater, une voix perchée qui ne semble pas vouloir faire de concession et surtout un riffing évoquant le Sepultura des débuts et Altar of Madness de l'Ange Morbide : Necrowretch semble enragé dès les premières minutes de "Sprawl of Sin".
Et ce n'est pas l'introduction plus mélodique de "Tredeciman Blackfire" qui va nous faire mentir, puisque la suite est toujours plus brutale avec les martèlements de batterie d'Ilmar. Necrowretch applique une nouvelle fois la recette qui a fait mouche sur ses deux précédents albums et balance un death putride et malsain, en recherchant l'origine du style musical en lui-même. Efficacité et bestialité semblent les maîtres mots de Vlad (chant/guitare), qui porte cet album à coup de riffs rageurs et de chant possédé. Le line-up de Necrowretch a toutefois connu un changement entre With Serpents Scourge et Satanic Slavery, puisque Amphicyon (basse) a cédé sa place, remplacé par Malik (même si c'est Desecrator, le second guitariste de l'album qui assure la quatre-cordes sur l'album). Pourtant, malgré ces changements de personnel, le son ne s'en trouve que peu modifié, preuve en est que Vlad reste la tête pensante du combo. Le vocaliste semble parfois même s'immiscer dans un rôle de cultiste appelant les Grands Anciens de l'oeuvre de Lovecraft, comme lorsqu'il se lance dans un rituel malsain et scande les paroles de "Verses from the Depths".
Alors certes, le death old school a le vent en poupe, mais Necrowretch ne se contente pas de refaire ce qui a déjà été opéré par le passé par d'autres artistes, puisque les passages presque doom et black metal sont une fois de plus présents, à petite dose toutefois ("Evil Name", "Curse of Blasphemy", le pont de "Verses from the Depths").
Certains titres de l'album sont clairement des futurs classiques, comme "Evil Name" ou "Bestial Rites". Et en proposant un album court, les Valentinois mettent l'accent sur la force de chacun des titres : leur efficacité. Il est vrai que l'on pourra toujours reprocher au groupe un léger manque de variation par rapport aux albums précédents et une grande homogénéité entre les morceaux qui constituent ce Satanic Slavery. Mais Necrowretch propose un album maîtrisé, bien conçu et surtout respectueux de l'essence même du metal extrême. On n'en demande pas plus.
Sorti le 14 avril chez Season of Mist
Photo promo : DR