Avec un album affublé de la pochette de l'année, ces Reines Pouffiasses ne sont pas très neutres malgré leur nationalité suisse. Bitch Queens ne fait pas dans la dentelle pour nous conter l'A.M.O.U.R. mais plutôt dans le "Allez-vous faire foutre" en "Do It Yourself". Le Punk de ces Suisses lorgnent plus vers le californien bien gras à la Offspring, Bad Religion... que dans la classe anglaise, mais parait-il qu'a 40 ans, le punk anglais est mort, on brûle même d'anciennes photos souvenirs pour ne pas le faire entrer dans l'histoire. "Punk is not dead ?" On se pose la question.
L'équipe de Mel (voix, guitare solo), Harry (batterie, voix), Marcel (basse, choeurs) et Danny (guitare, choeurs) nous a livré en début de mois L.O.V.E, un album de 11 titres bien calibrés, courts (entre 2 et 3 minutes) et pêchu. Le single "Anti-Social" sorti fin avril avait attiré nos curieuses oreilles autant que la pochette, nos yeux. Le résultat fut un nouvel hymne anti social punk rock bien envoyé, mais... Car il y a toujours un mais. Si la production est bien tassée et énergique, idéale pour une écoute en voiture, à fond de volume les fenêtres ouvertes, l'ensemble pêche par le manque d'arguments nouveaux dans le domaine de la lutte contre cette société qui oppresse.
Le punk californien ne semble pas prêt de mourir tant il a toujours paru adolescent, tant dans sa fougue que sa manière de parler. C'est gras et mal embouché mais ça fait du bien. Alors pour les ados des 90's biberonnés à Blink-182 ou à Green Day, l'on pourra voir dans cet album L.O.V.E, une tentative plutôt réussie d'hommage à cette période bénie du punk ensoleillé. Mais quoi de plus ?
Comme le Punk Oï, le Punk californien pêche par son absence d'innovation, et pourtant, les titres comme "Girls Girls Boys Boys", "R-Rated", "Deadbeat Generation", "Devine Receiver" filent une sacrée patate. Pour un groupe comme Bitch Queens qui tourne depuis 10 ans, on aurait pu en attendre plus que ce coup de fouet annoncé, que ce politiquement incorrect finalement convenu et accepté.
Quant à l'amour, ce fameux acronyme L.O.V.E, il est en toile de fond avec "Polymeric lover", "Boy toys of glory" ou encore "Girls Girls Boys Boys" et ils abordent la nouvelle manière de le faire, l'amour, en en aborder les contours avec du plastique, de le voir multiple et sans frontières.
Vu le nombre jamais décroissant de productions punk que nous recevons à la rédaction rock de La Grosse Radio, on peut vraiment se dire que le punk n'est pas mort. En revanche, il ne semble pas avoir pris une ride, ce qui est une qualité mais aussi un défaut, celui d'un manque d'évolution du style : cet album de Bitch Queens, même s'il finit par un gros FUCK à la techno et à David Guetta, avec "Techno Is Dead", ressemble à bons nombres d'autres. Même s'il prétend être bien en vie face à une techno qui serait mourrante, le punk calibré californien finit par ennuyer. C'est vivant, dense et furibard, mais est-ce encore suffisant ? Anti-social, dead beat generation et insultes (bienvenues, certes) à la face du monde ("Go Fuck The World"), autant de déjà-vus lassants. Le plaisir est encore là. Quid de l'évolution ?
L.O.V.E 1. Anti-Social 2. Deadbeat Generation 3. Naked Or Denim 4. Polymeric Lover 5. R-Rated 6. B-Stock Babies 7. Devine Receiver 8. Boy Toys Of Glory 9. Collateral Damage 10. Girls Girls Boys Boys 11. Techno Is Dead |
Sortie le 5 mai chez Lux Noise
Crédit photo : Matthias Willi