Below The Sun – Alien World

Les extraterrestres venus du froid sibérien livrent enfin leur deuxième album après un  premier opus prometteur sorti en 2015. Au programme : toujours ce doom spatial avec  des atmosphères tristes et oppressantes mais Alien World explore cependant des  contrées plus progressives.
Ce nouveau Below The Sun confirme tout le potentiel que  l'on avait perçu chez le groupe russe mais est plus difficile d'accès au premier abord.

Parti de Sibérie, le vaisseau spatial Below The Sun a posé pied une première fois en 2015  avec Envoy, proposant un mélange très réussi de doom à tendance funéraire et de sonorités  post-rock, le tout baignant dans une thématique spatiale. Ses membres d'équipage semblant  cultiver aussi un culte du mystère dans leur apparence et leurs identités, tout était réuni pour  que Below The Sun soit une des prochaines sensation doom à surveiller de prêt.

Après des mois de suspens, entretenu par divers trailers, et d'attente, voici enfin le deuxième album de ces hommes du froid encapuchonnés, un cap souvent difficile pour un groupe, surtout lorsque celui-ci a déjà fait fort lors de son premier effort. Que dire donc de Alien World,  dont l'artwork de la pochette décrit selon les dires du groupe “une vue alternative de l'océan”, disponible sur Temple of Torturous depuis le 26 mai 2017  ? Déjà qu'il est différent de Envoy et ne dévoile ses charmes qu'après plusieurs écoutes.

Les Russes se sont inspirés du roman culte de science-fiction Solaris de l'écrivain polonais Stanislaw Lem pour la composition de ce nouveau disque qui se veut conceptuel,  chaque chanson étant en lien avec l'évolution du personnage principal du  récit. Difficile donc parfois d'essayer de suivre l'histoire qui semble racontée sans connaitre le roman (ou ses adaptations filmiques).

Musicalement, Alien World montre une autre facette de son style par rapport à son  prédecesseur. Si  Envoy proposait un parfait équilibre entre lourdeur funéraire et envolées post-rock, son successeur se veut beaucoup plus progressif. Nous sommes toujours dans le doom cependant et en cela certains riffs et le growl de Quasar  nous le rappellent mais Below The Sun n'hésite pas maintenant à afficher que sa musique doit aussi à Pink Floyd entre autres.

“Blind Ocean” qui ouvre l'album et sa durée de plus de dix minutes est un parfait exemple du style dorénavant pratiqué par les Russes : après une intro spatiale que l'on croirait tirée de  la bande originale de 2001, L'Odysée de l'espace, le titre se développe sur un crescendo où chaque instrument joue sa partie avec précision. Le tout baigne dans une atmosphère lourde et désespérée (ces arpèges toujours aussi délicats) avec une tension digne des meilleurs twists de la saga cinématographique Alien.
Il en est de même pour « Black Wave », titre assez mélodique et aux ambiances rêveuses qui alterne refrain colérique, arpèges médiévaux proches de Black Sabbath et riff lourd sur une  base encore très progressive.

Soulignons aussi que  les atmosphères sont très travaillées et il faut préciser que le groupe  prétend n'avoir employé aucun synthétiseur, ni samples durant l'enregistrement de ce nouvel  album, tous les sons étant produits par les instruments et la voix déformés par les racks d'effets (ce qui était déjà le cas sur Envoy). En cela les ambiances spatiales de “Blind  Ocean”et l'introduction inquiétante et cinématographique de “Dried Shadows” (titre très progressif aussi sur lequel on entend même des pleurs en arrière-fond) sont de véritables  prouesses.

Si Envoy nous emmenait dans l'espace, Alien World nous y perd pour un voyage sans retour possible et en cela la lourdeur opressante exprimée par “Mirrors” ou “Giant Monologue” illustre très bien cette impression. De même, il y a toujours cette tristesse prégnante chez Below The Sun mais les mélodies  sont moins immédiates sur ce nouvel album, cependant “Dawn For Nobody” avec ses  arpèges mélancoliques, son ambiance planante ainsi que son riff doom tournant en  boucle pourrait être le cri d'une étoile mourrante par exemple. “In Memories” qui conclut l'album sur une note plus post-rock est aussi très onirique et introspectif et nous  emmène très loin, dans une galaxie lointaine.

Autre particularité : la musique de Below The Sun étant encore à dominante instrumentale,  elle regorge par moments de petites innovations comme ces soli assez jazzy que l'on peut  entendre sur “Blind Ocean” et “Mirrors”. Une preuve de la grande dextérité des musiciens  qui n'en n'oublient pas pour autant le feeling. Le groupe se veut aussi plus acessible parfois comme avec “Release”, bon morceau qui  pourrait être un single, basé sur un riff simple mais efficace qui malgré son refrain growlé, sonne presque pop. Tout cela démontre la volonté des Sibériens d'évoluer tout en gardant  une base doom.

Là où certains groupes déçoivent sur les espoirs que l'on portait en eux avec la sortie d'un  deuxième album, Below The Sun en complexifiant sa musique amène des nouvelles pistes à explorer pour l'avenir. Ce qui nous fait penser que ces aliens du doom metal ont encore bien des choses à dire.

Liste des titres :
1. « Blind Ocean »
2. « Mirrors »
3. « Giant Monologue »
4. « Dawn For Nobody »
5. « Release »
6. « Dried Shadows »
7. « Black Wave »
8. « In Memories »

Disponible sur Temple of Torturous depuis le 26 mai 2017

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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