Amantra – As It Shoud Have Been

Si le parti-pris du groupe est original, la composition en revanche l’est tout de même bien moins.

Porté par le musicien Thierry Arnal, c’est le mois dernier qu’est sorti le deuxième album d’Amantra, As It Should Have Been. Et là vous me dites « mais mais mais, c’est du shoegaze ce truc-là ! ». Oui, mais pas que…

 

Au risque de me répéter, qui dit shoegaze dit invariablement sonorités 90’s, à tel point que l’on peut se demander parfois si le genre en question n’est pas plus une religion qu’un style de musique à part entière. Rares en effet sont les groupes essayant de véritablement se démarquer de leurs vénérables aînés (Slowdive, My Bloody Valentine et consorts), ce qui n’est pas tout à fait le cas d’Amantra. Car si hommage au 90’s il y a, il ne se trouve pas toujours où on l’attend, et même mieux, le groupe ose aller piocher dans des styles différents et plus récents. On sera alors surpris par les emprunts des ambiances lourdes et maussades de Type O Negative, la contemplation rock de Mogwaï, l’électro posée des Boards Of Canada (criant sur « Kingdom ») sans oublier bien sûr le synthétisme de New Order.

Et on se dit enfin, enfin un groupe de shoegaze qui ose le mélange, qui ose s’aventurer un peu ailleurs plutôt que de s’enfermer dans des frontières balisées. Il ne faut pourtant pas voir là un désamour ou une quelconque désapprobation du shogaze, simplement, Amantra a la bonne idée d’assumer son héritage sans se faire écraser par celui-ci, mieux, il l’utilise comme base pour tenter de lui donner une une continuité. De ce point de vue là, la démarche est certes admirable, mais est-ce bien suffisant ?

 

shoegaze, planant, rock alternatif, 2017


Si le parti-pris du groupe est original, la composition en revanche l’est tout de même bien moins. Rien d’affreux, mais rien de très prenant non plus. Malgré le nombre relativement restreint des pistes, on a parfois du mal à distinguer les unes des autres. En ressort un renforcement de cet aspect homogène (et assumé) qui a malheureusement plutôt tendance à diluer notre attention dans un son cotonneux et planant, mais pas marquant. C’est d’autant plus dommage qu’on sent une vraie proposition se façonner au fil du disque ; mais non, définitivement la mayonnaise ne prend pas. On se retrouve donc avec un album sympathique mais un peu trop passe-partout.

Si l’on était vache, juste un brin, on dirait que c’est l’album parfait à écouter en arrière-plan lors d’un moment de défonce dans un bain de soleil, un moment plutôt agréable, mais certainement pas mémorable. Tant pis, le shoegaze devra encore attendre.

Sorti le 19 mai chez Atypeek Music/Avalanche Recodings

NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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