Le one-man band Pteroglyph s'apprête à sortir son troisième album, masterisé par Acle Kahney, de Tesseract. Après Found (2012), The Great Unseen (2013) et My Way Home (2014), Jimmy MacGregor vous propose donc de voir un prince mourir. Enterrement prévu le 23 juin.
Jimmy MacGregor, seul esprit du projet Pteroglyph se décrit lui-même comme étant à la croisée de Devin Townsend, Sylosis et Gojira. Un carnet d’influence assez épais au final pour une seule personne. On ressent même une influence Meshuggah par moments, notamment au niveau du chant guttural, sans pour autant tomber dedans complètement. Mais c’est bel et bien présent.
Pteroglyph propose un metal technique, mélodique et brutal, un mélange parfois difficile à réaliser. Ici, même si on a affaire à un chant clair un peu surproduit, et qui ne rend pas spécialement naturel, il est cependant assez bien géré pour que cela ne se remarque pas tant que ça. Pteroglyph reste campé sur ses influences, et ce chant clair donne un petit côté ésotérique au même niveau que ce que Devin Townsend peut proposer.
Toujours au niveau du chant, on trouve ici un équilibre entre chant guttural et chant clair. Ce qu’a fait MacGregor, c’est être constamment sur le fil du rasoir au niveau de la gestion des différentes parties de voix. Pas une ne prend le pas sur l’autre de manière flagrante. Même si on retrouve plus de guttural, le chant clair est mis en avant, notamment sur des morceaux comme "Unaccountable" ou "Komplex", où il est ponctué de guitares clean en arpèges.
La production de cet album est particulièrement léchée. Comme explicité plus haut, c’est un metal à double tranchant, à la fois technique et mélodique. Un genre que la production de cet album met bien en avant. D’un côté, on retrouve un son de batterie très massif, notamment au niveau de la grosse caisse qui écrase tout sur son passage. De l'autre, on se prend de face un mur de guitares, avec une variété de sons. Le sweeping d’intro de "Deceit of Choice" va dans ce sens, on ne s’y attend pas, et il scotche un peu. Au niveau technique (notamment à la guitare), on retrouve quelque chose de Beyond Creation, une sorte de paradoxe, à savoir des compos très aériennes, très épurées, et en même temps très massives dans le son.
La plupart des solos pourraient être estampillés Devin Townsend. On en arrive au stade où, même s’il n’était pas cité comme influence, il aurait été impossible de passer à côté.
Malgré la surproduction de la voix claire qui la dénature, celle-ci donne une teinte particulière à l'album. Le chant guttural, lui, reste brutal, limite bestial. A la rigueur, il vaut mieux ça que l’inverse. Ici, on retrouve deux conceptions de la musique en une. D’un côté le rêche, le brut, le sauvage. De l’autre, le travaillé, le léché, le produit. Et cela découle naturellement de ce choix de faire à la fois un metal technique et un autre plus brutal. S’il fallait schématiser cela, la musique de Pteroglyph, c’est un combat entre le bien et le mal, entre le lumineux et le sombre. Ce manichéisme est particulièrement flagrant sur "Heavy Casualties", dernier morceau de l’album.
Si l’album s’écoute bien au bout de trois ou quatre écoutes, il peut sembler quelque peu répétitif sur la forme, parfois facile, puisque les lignes de chant clair se ressemblent globalement toutes. En ce sens, l’album est égal : il n’y a pas un morceau qui se détache des autres à la fin d’une première écoute, si ce n’est "Red on You" (pas pour rien que ce morceau a fait l’objet d’un clip).
Deux morceaux sortent cependant du lot, de par leur absence de paroles, à savoir "D.O.D" et "The Wanderer". Pour "D.O.D", on y trouve une atmosphère aérienne, tranchant avec le reste d’un album globalement assez heavy au niveau du son. Quant à "The Wanderer", on retrouve un son de guitare clean, avec une légère distorsion. La piste devient de plus en plus épaisse, avec d’autres guitares saturées qui se rajoutent, sans jamais prendre le pas sur l’aspect mélodique et aérien donné au départ. Le seul aspect dommageable par rapport à ces morceaux, c’est qu’ils se ferment avec un son haché, pas forcément heureux avec ce qui précède.
Au final, cet album laisse une impression mitigée. On oscille entre deux mondes, le mélodique et le brutal. A force de verser dans le tiède, les neuf pistes n’accrochent pas l’oreille, dans le sens où, une fois l’album terminé, on n’a pas d’impression gravée dans l’oreille interne. Il y a cependant un énorme effort fait sur les sonorités de guitare et sur la production spécifique de la batterie. Jimmy MacGregor offre donc à l’ensemble un côté à la fois lourd et un autre aérien sans pour autant tomber dans le kitsch, sauf pour le chant clair, clairement surproduit.