Naâman


C’est en pleine répétition que Naâman m'a accordé cette conversation téléphonique.

Un moment bien sympathique pour parler entre autre de sa tournée qui arrive,  de sa mixtape Deep Rockers et l'occasion de faire plus ample connaissance avec cet artiste prometteur et pétri de talent….

Cousto : Naâman, tu as 22 ans, un parcours musical déjà bien rempli avec de nombreux concerts à ton actif, une mixtape  qui vient de sortir et une notoriété grandissante. Comment t’es venue cette passion pour le reggae ? Qu’est ce qui t’as mis le pied à l’étrier ?

Naâman: J’ai commencé à écouter du reggae assez jeune vers mes 10 - 12 ans avec  évidemment Bob Marley et Mighty  Diamonds entre autre.  A mon adolescence, j’ai rencontré un groupe d’amis avec qui  on a créé le sound system Natural B. On a commencé à jouer tous les week- end de manière personnelle et c’est ainsi que j’ai débuté le chant.

C : Tes influences sont plus tournées vers les groupes jamaïcains. As-tu des groupes français qui t’ont marqué ?

N : J’ai bien aimé des groupes comme K2R Riddim, les textes et le personnage de Pierpoljak, mais aussi des chanteurs comme Tonton David ou Puppa Leslie bien plus Raggamuffin. Mais ma culture est vraiment ancrée du côté jamaïcain et anglais de cette musique.

C : Ceci explique ton choix d’écrire et de chanter en anglais ?

N : Oui, j’aime beaucoup la mélodie de la langue anglaise mélangée au patois jamaïcain. Si je compose comme ça, c’est vraiment pour le respect de cette tradition reggae sound system qui met au centre la culture et le parler jamaïcain.  C’est également plus facile pour écrire les textes, pour imager et trouver des sonorités. C’est une langue qui roule sur la musique.

C : Tu es déjà allé en Jamaïque ?

N : Non pas encore, mais je prévois un voyage de trois mois cet hiver avant de revenir sur ma musique et éventuellement sortir un album avec Young Kha.

C : Ton nom de scène Naâman a-t-il un lien avec le personnage biblique ?

N : Oui. C’est un personnage qui a réussi à dépasser son instinct, ses préjugés et a guéri sa maladie par la foi. C’est un parallèle avec la musique. Quand on est ado on ne sait pas trop ce qu’on veut, je dirai même qu’on est tourmenté !  Moi c’est la musique qui m’a donné confiance en une directive. Aujourd’hui c’est ce qui me fait bouger tous les jours. C’est un peu ma guérison à moi.

C : Et actuellement tu vis pleinement de ta musique ?

N : Disons que j’ai assez pour payer mes dépenses, après on s’arrange. Beaucoup chez le groupe, un peu chez les parents, et le reste du temps sur la route. On vit ensemble et on se débrouille.  Au niveau financier, la musique c’est des sacrifices. Ça ne paye pas tout de suite, surtout quand on se lance dans le reggae !

C : Tu es de la génération des nouvelles communications comme internet. Est-ce que c’est un outil indispensable quand tu te lances dans la musique aujourd’hui ?

N : C’est le tremplin de la plupart des jeunes aujourd’hui au niveau musical. Je n’en serai pas là actuellement, je ne ferai pas autant de dates s’il n’y avait pas internet. On a toujours tout auto-produit et les seuls liens qu’on avait avec le public au début c’était internet et les sound system. C’est évident que  ce ne sont  pas les sound system qui ont répandu ma musique, c’est vraiment myspace à l’époque et puis aujourd’hui You Tube et Facebook.

C : Actuellement tu es pleinement investi avec Young Kha. Est-ce que le sound system est derrière toi ?

N : On a encore quelques dates avec Fatbabs, notamment le Reggae Sun Ska, mais je suis essentiellement investi dans un projet qui s’inscrit sur du long terme avec le groupe.  J’essaie de propulser tout ça. On va faire des plus grosses scènes, on dégage quelque chose d’un peu  plus fort et on veut vraiment mettre en avant la musique telle qu’on la conçoit. Mais le Sound system ne s’oublie pas comme ca ! Ca restera un grand plaisir et un passe-temps.

C : En tant que chanteur quelles sont les différences entre le sound system et le groupe ?

N : Quand on est sur scène avec Fatbabs, c’est à moi de faire  les 90% du travail scénique. Il  n’y a pas de passage instrumental dans le sound system ,  uniquement le riddim et le chant  par-dessus. Les compositions de Fatbabs sont là pour apporter un bounce et mettre en valeur ma voix.  Avec  le groupe c’est différent, c’est un tout.  Chaque instrument s’exprime et  tous les musiciens sont mis en avant. C’est pas la même approche. 

Rumours a gwaan

 

C : En parlant de scène, tu peux  nous présenter la tournée de cet été ?

N : On tourne un peu en Normandie et puis on va aller en sud Bretagne. On va descendre tout le long de la côte ouest, avec des dates entre autres à Seignosse, l’île d’Oléron, Lacanau, et le reggae Sun Ska à Pauillac.

C : Le reggae sun ska, une date que tu appréhendes ?

N : J’ai hâte que ça arrive. J’appréhende également car on va peu se voir avec Fatbabs d’ici là et la tournée ne va pas me permettre beaucoup de repos.  Sinon je suis assez confiant, je pense que ça va bien se passer et qu’on aura du public même si c’est l’ouverture du festival. J’ai hâte d’être sur scène, je pense que ça va vraiment être une bonne partie de plaisir.

C : Est-ce que tu peux nous parler un peu de Young Kha ?

N : C’est un groupe de 5 musiciens que j’ai rencontré il y a maintenant 3 ans par hasard sur un festival. Ça fait maintenant 2 ans qu’on fait du son ensemble. C’est un groupe qui au départ vient plus de la chanson française et du jazz manouche. On commence vraiment à bien travailler et  à peaufiner notre style. Pour résumer,  ce sont deux guitares, une basse, une batterie et un clavier. On fait essentiellement des compositions et on reprend également quelques morceaux que j’ai pu faire avant avec Incut et avec Fatbabs.

C :  Comment est né le projet de ton premier  album ‘’Deep Rockers’’ ?

N : On s’est rencontré avec Fatbabs en février 2011. Le mélange entre sa touche hip hop et mon flow a pris tout de suite. On  a sorti le morceau ''rumours a gwaan'' dans la foulée.  Six mois après on s’est lancé sur le projet de la mixtape. Ca nous  a demandé 6 mois de travail.

C : Et au niveau financement du projet ?

N : On a investi nous même notre argent. On n’en avait pas beaucoup donc on a limité les frais. On a fait tout le boulot de A à Z avec l’aide de 1001prods qui a apporté des conseils utiles dans la professionnalisation du projet.

C : Le disque est toujours disponible ?

N : Il en reste très peu en vente et  une réédition est en préparation. On propose également  des tee shirts et on va sortir une édition vinyle.

C : Comment s’est fait le choix des riddims pour Deep Rockers ?

N : Ca dépend. Certains sont mes choix, issu de la collection vinyle de Natural B comme le Freedom ou le Frontline. Pour le reste c’est essentiellement Fatbabs. Par exemple le Never Get Back ou le Rumours qui a été produit peu après la mort de Greg Isaac. Le choix est en fonction de la capacité d’un riddim a accueillir le bounce hip hop.

C : Est-ce que cet album concrétise la fin de ce que tu as fait en sound system ?

N : Je dirai que cette mixtape concrétise mon premier passage en tant que chanteur dans le milieu sound system.

C: Ton premier disque acheté ? Ton dernier ?

N : Le premier c’était Uprising de Bob Marley et  le dernier Vision de Clinton Fearon

C : Le premier concert où tu es allé  ? Le dernier ?

N : Je ne me souviens pas du premier concert, mais mon premier kiff était le summerjam festival en 2006 ou 2007. Le dernier concert, ça doit remonter au Garance Festival il y’a deux ans. Depuis, mis a part quelques sounds, je ne me suis plus déplacé en tant que spectateur.

C: Ta première scène ? Ta dernière ?

N : La première scène en tant que guitariste, ça doit être en 2004 près de Dieppe. En tant que chanteur je dirai 2007 à Dieppe, introduit sur un Jamrock riddim.
La dernière scène, c’était samedi dernier à Sens avec Young Kha.

C: Merci beaucoup Naâman. Un message à faire passer ?

N : Yes. Je remercie bien sur tout ceux qui nous soutiennent ! Ceux qui diffusent la musique, qui font qu'on est bien là !  Big up La Grosse Radio !

                         

N'hésitez surtout pas à aller les voir en concert....

CONCERTS :

Naâman & Fatbabs (sound system)

16/06 : Bourges (18) – Lyricson, Guiding Star… (sans Fatbabs)
03/08 : Pauillac (33) – Reggae Sun Ska Festival - Scène Rebel Music 17h !!

Naâman & Young Kha (band)

15/06 : Eu (76) – Theatre des Charmes
21/06 : Dieppe (76) – La Potinière
22/06 : Sannerville (14) – Rast’art Fest. – Barrington Levy …
23/06 : Jumièges (76) – Fête de la Musique
06/07 : Pessac (33) – Poz d’été
07/07 : Anglet (64) – Plein Air
13/07 : Ile d’Oléron (17) – Théâtre d’Ardoise – Mardjenal Syndicate…
27/07 : Avranches (50) – Plein Air
08/08 : Seignosse (40) – Barco Loco
10/08 : Lacanau (40) – Championnat du monde de Surf – Plein Air
11/08 : Martinet (85) – Festival la Tête dans l’Sable
18/08 : Plozevet (29) – Festival MondialFolk
01/09 : Commer (53) – Festival Chez Papy
15/09 : Clères (76) – Festival des Arts Croisés

 



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