Encore un nième groupe de garage surf en provenance de la Mecque californienne ? Oui… mais non. Derrière The Wavves se cache le trentenaire Nathan William, tombé du camion depuis ses vingt piges et déjà cinq albums au compteur. Cet ex-kid de San Diego n’est pas peu fier d’avoir tourné le dos à la Warner en créant son propre label Ghost Ramp. Classé 71ème au billboard top 200 et après une tournée sold-out, on peut dire qu’il a gagné son pari avec You're welcome. Et en maturité. Même si le fun et la coolitude poussée à son maximum demeure son credo. Ce qui ne l'empêche pas de décréter que les racistes, mysogines, pro trump et consorts, étaient personnae non grata à ses concerts. Et de créer un jeu vidéo incitant à boxer le néo nazi Richard Spenser… A en croire les échanges sur Facebook, son album plait aux filles, amatrices de pop trash. Gageons mes Gros Rockers, que The Wavves vont vous révéler votre côté féminin… ou vous permettre de trouver l'âme soeur.
Sur son second album, William - aidé de ses deux acolytes, Stephen Pope à la basse et Jacob Cooper à la batterie - se proclamait "King of the beach". Un indigne rejeton des Beach Boys ? Au second degré alors… Lui et ses potes ont sans doute passé plus de temps dans le garage que sur la plage, à tirer plus fort sur le joint et les guitares. Nathan William est arrivé en studio avec 40 compos, nourries d'influences aussi variées que la pop cambodgienne, le doo wop des fifties ou le psyché seventies d'Amérique du Sud. Ça fait du monde et comme le bonhomme n'est pas avare de ses effets, ça s'entend ! Il parvient tout de même à réduire son mega cocktail à 12 shots, pour parvenir au format réglementaire de 36 minutes chrono.
Ne vous fiez pas aux premières notes de guitare vaguement hawaiennes de leur "Daisy" qui ouvre l'album. Certes, c'est bien d'une pâquerette qu'il s'agit mais bien entourée d'herbe et elle plane vite fait bien fait ! Le ton est donné. On va alterner entre titres pop punkifié et garage énervé, agrémentés d'une profusion d'effets. Mais toujours avec la voix de William mise en avant et avec la banane en permanence. "You're welcome", "Exercice" plus crunch côté guitares et "No Shade" avec son intro bien disto en sont le bon exemple. Et "Million ennemies" - subtil équilibre entre mélodie pop et arrangements -, le mètre étalon. On peut être malgré tout être un peu déroutés par "Under" et ses "come inside" agaçants, matinés de clavier electronica...
Le versant pop assumé s'exprime sur des titres comme "Dreams of grandeur" ou un ironique "Come to the valley", affublé de choeurs à faire pâlir les frangins Wilson. Ce vieux Phil Spector doit s'en taper la tête contre les murs de sa taule, si d'aventure une âme charitable lui a fait écouter… "Animal" ose même des choeurs féminins qui auraient été parfaitement ridicules chez d'autres que les Wavve. William assume jusqu'au bout ce côté potache ; "Stupid in love" ne serait-elle une sorte de relecture punk, du "Stupid, cupid" de Connie Francis ? Il se paye même le luxe d'envoyer le sirop avec "I love you", un slow sixties pur jus. Un love skeud donc. Fait avec amour par un bidouilleur de génie, doté d'une voix accrocheuse et d'un punch indéniable !
Sortie le 19 mai chez Ghost Ramp